
L’élite d’intervention de la Protection civile, certifiée UHSAR, est rentrée très tôt de Turquie dans la matinée d’hier en Algérie, après 8 jours de travail sans relâche dans les zones les plus touchées par le séisme. Aucune perte, aucune blessure et de grands résultats.
Le groupe dirigé par le directeur de l’Organisation et de la coordination des secours (DOCS) à la DGPC, le colonel Khelifa Moulay, a obtenu des résultats lui permettant de se classer premier parmi les secours étrangers avec 68 points, soit le sauvetage de 13 personnes et le dégagement de 95 corps de sous les décombres.
Les Algériens se souviennent surtout de l’agent de la Protection civile Ali Fares qui a extrait un nourrisson sain et sauf des décombres dans la région d’Adiyaman au péril de sa vie. La vidéo de cette opération historique dans les annales du sauvetage et du secourisme a fait le tour de la toile et a été largement médiatisée, notamment par le journal américain The Washington Post qui a publié la photo de Fares, en larmes, avec l’enfant dans ses bras. Un véritable miracle.
Ali Fares est rentré avec son groupe et a été chaleureusement accueilli par ses collègues. Ce jeune sapeur-pompier de l’Unité nationale d’intervention et d’instruction de Dar El Beida, enfant de Bordj El Kiffan, à l’est de la capitale, a raconté avec beaucoup d’émotion cette intervention qui n’était pas la première. Fares avait déjà dégagé 4 victimes vivantes des décombres dans cette région parmi les plus touchées par le séisme. «Nous avons travaillé dans le froid et les risques des répliques qui étaient très fortes avec des possibilités d'effondrement très importantes. Les conditions étaient de plus en plus difficiles, car plus les heures passaient, plus les chances s'amenuisaient de retrouver des victimes vivantes», confie-t-il.
Engagée depuis le début de l’opération, son équipe d’intervention avec la brigade cynophile intensifiait les recherches. Le chien a indiqué aux secouristes un premier marquage. «Quand nous avons procédé à la reconnaissance du lieu par une petite ouverture, j’ai entendu les pleurs d’un bébé. Il n’y avait pas de place pour l'hésitation : il fallait le sauver. Je me suis faufilé à plat ventre dans le tunnel creusé pour me frayer un chemin. mmn corps frêle m’a beaucoup arrangé. La scène était choquante : le bébé était coincé sur le corps de sa mère décédée qui commençait à se décomposer. La jambe du bébé était coincée sous une bibliothèque. L’intervention semblait très compliquée mais je pensais à l’enfant, à la grande responsabilité. Mes chefs étaient à l’extérieur, la population, les secours turcs. J’ai décidé d’aller jusqu’au bout de cette opération de sauvetage en coordination avec mes collègues. Je rassurais le bébé effrayé et déshydraté en lui disant ‘’habibi’’ (mon chéri) et ‘’mon bébé’’. Je l’ai retiré doucement et je l’ai porté dans mes bras. Il m’a attrapé la joue, c’était un sentiment incroyable…», raconte-t-il en larmes. Cette opération a duré plus de 8 heures.
Fares raconte avec beaucoup d'émotion le désarroi des familles qui espèrent encore retrouver des proches vivants. «Le détachement algérien travaillait sous pression. Nous étions submergés par les demandes de secours et c’était une grande responsabilité», souligne-t-il.
Neila Benrahal