
En ce mois de juin 2025, le quotidien El Moudjahid, qui célèbre le 60e anniversaire de sa création, fait face actuellement à différents défis et peut aisément certifier son basculement dans le XXIe siècle. Face aux différents enjeux, il est utile de rappeler l’intérêt majeur qu’accorde le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à la presse nationale et aux nouveaux métiers de l’information et de la communication, les plaçant parmi l’une des exigences de la promotion de l’environnement médiatique. Entre les beaux noms des titres algériens, le nom d’El Moudjahid est le plus beau. Et, comme ferait une mère, sa voix nous berce encore et toujours. Belles paroles qui nous invitent à être reconnaissants envers celles et ceux qui ont combattu pour les valeurs algériennes, comme l’a fait grandement ce titre révolutionnaire. Comme chacun le sait, l’histoire d’El Moudjahid est jalonnée de battants. Ces soldats de la plume, qui ont défendu l’Algérie et qui méritent mille fois d’être à l'honneur, bien que leur bonne volonté et leur grandeur d’âme leur interdisent d’être aux premières loges et de préférer rester humbles et discrets. Aussi loin que nous plongeons notre regard dans cette histoire, nous trouvons sans difficulté et entre autres exemples de bravoure Ali Habib. Un homme d’une grande valeur qui nous vient à l’esprit et qui demeure de loin un exemple à suivre. Il est impossible de recenser toutes celles et tous ceux qui - surtout modestement - ont contribué à l’émergence de ce grand titre d’information. Nous prenons le risque de citer quelques-uns comme Noureddine Naït-Mazi, Mohamed Abderrahmani, Halim Mokdad, Bousaâd Abdiche, Ferhat Cherkit, Hocine Mezali, Ahmed Fattani, Maâmar Farah, Boukhalfa Amazit, Rachid Lourdjane, Kheireddine Ameyar, Nadjia Bouzegrane, Lyes Hamdani et bien d’autres noms qui, outre leur prestigieux parcours, se distinguent tous par leur invisibilité. Le journal n’a pas oublié ces personnes qui se sont sacrifiées pour lui, parce que son histoire puise sa quintessence de leur force, qui révèle leur passé, mais aussi l’avenir du journal.
Cette halte intervient en plein bouleversement des paradigmes médiatiques à l’échelle mondiale, et au moment où s’imposent, à notre pays, des défis majeurs qui interpellent l’ensemble de ses ressources dans ce domaine précis. Le titre, né de la volonté de donner une voix qui porte à l’élan de libération, et tirant sa filiation des pères fondateurs de l’Algérie combattante, s’est confondu avec le destin de l’Algérie indépendante, valorisant au quotidien ses réalisations, depuis six décennies, participant, par ailleurs, à construire la conscience nationale et veillant à la mission de déjouer les manipulations hostiles. Mais au-delà du devoir de rendre hommage à des générations de journalistes, de gestionnaires et de techniciens qui ont su maintenir le cap, parfois au prix de leur vie, la célébration a le devoir, tout aussi impératif, de se projeter dans l’avenir et d'en concevoir de nouveaux engagements. Cela ne peut être autrement au moment où le bouleversement numérique impacte l’ensemble des médias et plus encore la presse imprimée, voire papier. L’ADN patriotique d’El Moudjahid, sa riche expérience et la résonance emblématique de son titre le destinent naturellement aux premières lignes de ces batailles médiatiques que le pays se doit de mener aujourd’hui, plus qu’à aucun autre moment. Il n’est un secret pour personne aujourd’hui que les guerres et les résistances se mènent, pour l’essentiel, dans la sphère médiatique, et que celle-ci connaît, depuis près de deux décennies, une révolution conceptuelle et technologique, dont nous n’avons pas le droit d’être exclus. L’Algérie, qui aspire légitimement à développer son potentiel économique, revendique de droit un statut d’acteur diplomatique régional et continental à la mesure de son poids et continue, malgré de violentes adversités, à porter des valeurs de justice internationale conformes à son histoire. Il est de notre devoir d’en prendre conscience, d’en démonter les mécanismes et d’en identifier les desseins et les commanditaires, puis de vite s’atteler au travail de contrecarrer les agressions. El Moudjahid, par son histoire et sa position de doyen, connu et reconnu, permet la charge symbolique nécessaire pour donner son plein sens à l’élan. Il a aussi le capital expérience, le potentiel humain et technique, pour conduire la mobilisation.
Par Mohamed Meziane Ministre de la Communication