L’allocation pour les pêcheurs sinistrés sera versée après recensement des dégâts

L’allocation décidée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, au profit des pêcheurs sinistrés suite aux dernières intempéries, sera versée après parachèvement de l’opération de recensement des dégâts et des sinistrés, dont le taux d’achèvement a atteint 70%, a affirmé hier un responsable au ministère de la Pêche et des Productions halieutiques. Dans une déclaration à l’APS, le sous-directeur de la promotion socioprofessionnelle au ministère, Fateh Benkhelifa, a annoncé l’installation d’une commission locale pour le recensement des bateaux endommagés au niveau du port de Khemisti et de l’abri-pêche de Fouka, soulignant que «le recensement des dégâts et des dommages causés par les intempéries, ainsi que des professionnels sinistrés a atteint un taux de 70%». Selon ce responsable «les pêcheurs ayant perdu leurs bateaux et barques de pêche, lors des dernières intempéries, seront indemnisés après leur recensement minutieux», et ce en application des instructions données par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, lors de la réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée avant-hier. Pour rappel, le Président Tebboune a décidé d’«allouer, immédiatement, une allocation aux pêcheurs sinistrés, oscillant entre 20.000 DA et 30.000 DA, jusqu’au réaménagement des ports de pêche endommagés». M. Benkhelifa a fait état de près de 25 bateaux de pêche et de 150 barques de pêche endommagés, affirmant que «l’opération de recensement des pertes et dommages se poursuit». La commission locale, placée sous la supervision du wali de Tipasa et composée de représentants de la direction de la pêche, de la Chambre de pêche et d’aquaculture de cette wilaya et d’associations professionnelles, a recensé jusqu’à présent près de 1.000 professionnels sinistrés, a-t-il précisé. L’opération de recensement se fait en collaboration avec la Chambre algérienne de pêche et d’aquaculture (CAPA), d’associations professionnelles, des autorités locales de la wilaya de Tipasa, et de l’ensemble des partenaires du secteur.
Par ailleurs, il a fait observer que «l’opération de nettoyage se poursuivait au niveau du port de pêche de Khemisti, pour ensuite l’aménager, afin d’accueillir de nouveau les marins pêcheurs».

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Actualiser le dispositif d’assurance

Les conséquences fâcheuses d’une anarchie urbaine, l’insouciance des propriétaires de commerces, des agriculteurs, des industriels, quant aux risques que représentent les catastrophes naturelles soulèvent les débats sur l’impératif d’imposer une assurance contre les catastrophes naturelles (CAT-NAT).
C’est l’avis de Yahia Zane, président de la Société scientifique algérienne d’agronomie, pour qui «les autorités algériennes doivent déclarer, par voie réglementaire, par un arrêté de ministère de l’Intérieur, les calamités agricoles et la sécheresse, pour indemnisation des agriculteurs». Il affirme que les ministères de l’Agriculture et des Finances doivent promulguer, par voie d’une loi qui sera votée par l’APN, un «dispositif national d’assurance calamités agricoles, inscrit par l’ex-ministre de l’Agriculture, le défunt Hamid Hamdani, au programme de gouvernement sur une proposition par nos soins». Il regrette que ce «dispositif, proposé depuis 2012 par le Conseil national des assurances, soit resté sans suite favorable donnée par les gouvernements successifs, jusqu’à 2022». En effet, le système de couverture des catastrophes naturelles en Algérie est un modèle hybride, qui s’appuie sur l’assurance, mais aussi sur la solidarité de l’État. «Ce dernier doit puiser dans ses caisses à chaque catastrophe naturelle, pour venir en aide aux sinistrés, qui, par manque de culture assurantielle ou pour des raisons économiques, ne s’impliquent pas vraiment dans ce type d’assurance», explique le Dr Sadaoui Farid, de l’université de Tizi Ouzou, notant que «l’État, de son côté, doit faire des efforts pour améliorer le dispositif Cat Nat». Il est mentionné que «les concernés par l’obligation d’assurance sont, soit les propriétaires des biens immobiliers, soit les commerçants et les industriels». Le contrôle du manquement au respect de l’obligation de l’assurance Cat Nat se fait par le biais des notaires et lors des déclarations fiscales. Pour Dr Sadaoui, «il y a, en Algérie, un réel problème de propriété, car peu de citoyens possèdent des titres de propriété, et ce ne sont pas toutes les zones qui sont cadastrées». Et d’ajouter : «Pour les installations commerciales et industrielles, le poids de l’informel, soit 40% de l’économie, et donc de ceux qui ne paient pas leurs impôts, est très élevé.» Par ailleurs, la couverture des risques de catastrophes naturelles en Algérie est devenue une préoccupation des acteurs du secteur des assurances et des pouvoirs publics, à partir des années 1980, après le séisme de Chlef. Mais ce n’est qu’en 2003 que l’Algérie va se doter d’un dispositif d’assurance des catastrophes naturelles. Avant 1980, les risques liés aux catastrophes naturelles étaient considérés comme non assurables, sauf pour les risques industriels et projets en construction ou en montage assurés (TRC-TRM). Les catastrophes naturelles étaient considérées comme inassurables, pour plusieurs raisons, notamment l’assise financière des assureurs, qui «ne leur permet pas de faire face seuls à des risques de cumuls très importants», d’autant plus que, poursuit-il, «les réassureurs ne s’impliquaient pas dans la prise en charge de ces risques». C’est l’État qui dispose donc, souligne Dr Sadaoui, «des moyens réglementaires pour rendre ce risque assurable, soit en l’incluant dans des garanties déjà existantes, soit en instaurant l’obligation de l’assurance des catastrophes naturelles». Par ailleurs, les inondations de Bab El-Oued, en novembre 2001, et le séisme de Boumerdès, en mai 2003, ont révélé l’absence d’un système de couverture approprié. «Ceci a conduit les pouvoirs publics à changer d’approche», indique Dr Sadaoui, pour préciser ensuite que «l’Etat a institué l’obligation d’assurance des catastrophes naturelles et l’indemnisation des victimes.

Tahar Kaidi

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