
- En 2023, l’Algérie a exporté 116.282 GWh de gaz naturel et de GNL vers l’Espagne, couvrant ses besoins à hauteur de 29,2%
L’Algérie, qui retrouve sa place de premier fournisseur de gaz pour l’Espagne en 2023, constitue ce fait d’actualité qui dénote, d’une part, le respect de l’État algérien de ses engagements internationaux en matière d’approvisionnement des produits énergétiques, et certifie, d’autre part, du réchauffement de l’axe de coopération Alger-Madrid. En effet, selon le dernier bulletin statistique de l’opérateur espagnol de gestion des infrastructures énergétiques, Enagas, l’Algérie a assuré à hauteur de 29,2%, les besoins espagnols en gaz. De l’avis unanime des experts et observateurs, il s’agit là d’une ascension spectaculaire des exportations algériennes de gaz vers l’Espagne, lesquelles totalisent, selon les mêmes données de l’Enagas, 116.282 GWh de gaz naturel et de GNL, au cours de l’année 2023. Ce rebond très significatif qui met en relief l’importance des relations algéro-espagnoles dans le domaine énergétique est assurément l’une des raisons phares qui ont amené le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, à qualifier l’Algérie de «pays ami et de partenaire stratégique». «L’Algérie est un pays ami et nous continuerons à œuvrer pour maintenir les relations avec ce partenaire stratégique», a-t-il en effet déclaré, lors de la 8e Conférence des Ambassadeurs, tenue mercredi dernier à Madrid. Par ce propos, Pedro Sanchez aura sans doute voulu réaffirmer à nouveau que la brouille diplomatique entre Alger et Madrid relève d’un passé révolu. Une brouille dont il a été lui-même l’auteur, lorsqu’en mars 2022, et à la surprise générale, il s’est aligné sur les thèses du fallacieux plan marocain d’autonomie du Sahara occidental, foulant ainsi au pied les principes de la légalité internationale afférents à ce dossier et hypothéquant les efforts de l’ONU consentis dans ce cadre. En réaction à ce revirement injustifiable et entièrement déraisonnable du chef du gouvernement espagnol, l’Algérie avait décidé, pour rappel, la suspension immédiate du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec le Royaume d’Espagne et qui encadrait jusqu’ici le développement des relations entre les deux pays. Les conséquences de cette décision sur l’économie espagnole n’ont pas mis beaucoup de temps à se manifester. Nombreuses sont les entreprises espagnoles qui ont pâti de la dérive de Pedro Sanchez, lequel a été d’ailleurs pointé d’un doigt accusateur par plusieurs de ses opposants politiques. Il aura fallu attendre le mois de septembre dernier, pour voir le chef du gouvernement espagnol revenir à la raison, en choisissant la très symbolique tribune de l’ONU, pour plaider en faveur d’une solution au conflit du Sahara occidental conforme à la Charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de sécurité. Un retour à la raison qui a été favorablement accueilli par Alger, en nommant, en novembre dernier, un nouvel ambassadeur à Madrid, actant, de ce fait, le dégel de ses relations bilatérales avec l’Espagne. «Ce qui a donné le feu vert à la réévaluation de nos relations avec l’Espagne, c’est le discours prononcé par Pedro Sanchez à l’Assemblée générale des Nations unies, où il a changé de position», avait déclaré le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale àl’étranger, Ahmed Attaf, dans une interview qu’il a accordée, en décembre dernier, à la chaîne qatarie Al Jazeera. «L’Espagne a changé sa position à 180 degrés», avait alors assuré M. Attaf.
Karim Aoudia