Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaâ, a réaffirmé, jeudi dernier à Alger, la détermination de l’État à mener une lutte implacable contre toutes les formes de trafic de drogue et toute activité portant atteinte à la sécurité du pays et à sa jeunesse.
Le ministre a insisté sur le fait que la loi sera appliquée avec la plus grande rigueur et que la justice se montrera «inflexible» face à la gravité de ces actes. Intervenant, à l’ouverture de la journée nationale d’étude intitulée «Créer un système national intégré de prévention contre la drogue : prévention, traitement, protection», organisée à Djamaâ El-Djazaïr, M. Boudjemaâ a souligné que cette rencontre traduit «la volonté ferme de l’État, sous la conduite du président de la République Abdelmadjid Tebboune, de mener une lutte globale et résolue contre le fléau de la drogue». Celui-ci, a-t-il rappelé, constitue «une menace directe pour l’individu, la famille, la société et l’État».
À cette occasion, le ministre est revenu sur les avancées introduites par la loi 25-03 relative à la prévention et à la lutte contre les stupéfiants. Parmi ces réformes, figurent, notamment, la mise en place de mécanismes de détection précoce de la consommation chez les élèves, avec l’accord des parents ou du juge des mineurs, la garantie que ces analyses ne donneront lieu à aucune poursuite judiciaire, afin de préserver l’avenir des mineurs et de favoriser leur accès aux soins, ainsi que le renforcement des sanctions à l’encontre des trafiquants, incluant la confiscation systématique des profits criminels, et, dans les cas les plus graves, notamment lorsqu’il s’agit de réseaux organisés ou de crimes commis à proximité des établissements scolaires, la possibilité de prononcer des peines pouvant aller jusqu’à la peine capitale. Le ministre a également souligné que la nouvelle approche législative permet, désormais, à la justice d’ordonner le placement des personnes dépendantes dans des centres spécialisés, où elles bénéficieront d’un accompagnement adapté facilitant leur réinsertion.
Une manière, dit-il, «de conjuguer fermeté et protection», conformément à l’esprit de la loi. M. Boudjemaâ a relevé que la drogue est devenue un outil privilégié des réseaux criminels internationaux. Les chiffres du premier semestre 2025, plus élevés que ceux de 2024, en attestent. Il a ainsi appelé à renforcer le diagnostic, la vigilance et la coordination intersectorielle, afin d’assécher les routes du trafic et de contrer les modes de distribution émergents. La stratégie nationale de prévention 2025-2029 repose sur une vision d’ensemble, où la priorité est donnée à l’éducation et à la prévention, au suivi rigoureux de l’évolution du phénomène, à la montée en compétence des magistrats et officiers de police judiciaire, et au développement d’outils numériques modernes, pour optimiser la prise de décision.
De son côté, le doyen de la mosquée d’Alger, Mohamed El-Mamoune El-Qassimi El-Husseïni, a souligné la portée symbolique de tenir cet événement dans l’un des lieux spirituels les plus emblématiques du pays. Il a rappelé que la foi constitue un rempart moral essentiel contre les dérives, affirmant que la lutte contre la drogue relève d’un devoir national partagé. Il a qualifié ce fléau d’«arme silencieuse» qui menace la cohésion et la stabilité de la nation, appelant à une mobilisation collective réunissant institutions publiques, milieux universitaires, experts de la santé, éducateurs et corps religieux. Le doyen a estimé qu’une stratégie préventive intégrée, fondée sur la sensibilisation, le traitement et un cadre répressif cohérent, demeure la seule voie, pour protéger efficacement la jeunesse et renforcer l’immunité de la société.
Le directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), Tarek Kour, a, quant à lui, plaidé pour l’instauration d’un partenariat durable entre les institutions scientifiques et religieuses, rappelant leur rôle central dans le renforcement de la prévention et des valeurs éthiques auprès des jeunes. Face à la diversification des modes de consommation et des circuits de trafic, il a souligné que l’Algérie doit dépasser les outils traditionnels et adopter une approche scientifique, moderne et multidimensionnelle. Il a mis en avant l’importance de la stratégie 2025-2029, qui prévoit, notamment, des actions de sensibilisation ciblées dans les établissements scolaires, un rôle renforcé pour les médias et une implication accrue du mouvement associatif à l’échelle locale. M. Kour a affirmé que la prévention, le traitement et la répression constituent les trois piliers indissociables d’une politique efficace, à condition d’assurer une circulation fluide de l’information et une coordination institutionnelle solide.
Pour sa part, le directeur du Centre de recherche juridique et judiciaire, Boualem Ferhaoui, a rappelé que la nouvelle stratégie nationale vise à renforcer la conscience collective, à protéger la santé publique et à améliorer l’efficacité du système judiciaire, grâce à des procédures plus strictes et adaptées aux réalités du trafic moderne. Il a précisé que les travaux de cette journée permettront d’évaluer les transformations du phénomène et d’examiner les modalités d’application du nouveau cadre légal, notamment en matière de soins et de désintoxication.
La stratégie nationale de prévention 2025-2029 repose sur une vision claire renforçant la coordination entre les différents secteurs et plaçant la prévention au premier rang des priorités, à travers le développement de la conscience sociétale et l'intégration de l'éducation préventive dans la vie scolaire et universitaire.
R. B.