Karim Younes, ministre d’état, médiateur de la République : «établir un consensus sur les questions de souveraineté et de stabilité»

Entretien réalisé par Karim Aoudia

Le ministre d’État, médiateur de la République, Karim Younes, estime que le «droit à la divergence d’opinion et à son expression dans un cadre de paix et de considération mutuelle» constitue un engagement réitéré par le président de la République. «Un discours sincère qui marque la volonté du président de la République de promouvoir un consensus autour des questions sensibles touchant à la stabilité et à la souveraineté du pays», dit-il. Karim Younes qualifie les dernières décisions du Président Abdelmadjid Tebboune, portant sur la dissolution de l’APN, le remaniement ministériel et la libération des détenus du Hirak, «de geste politique et humanitaire fort». Plaidant pour un dialogue permanent qui doit être instauré au sein de la classe politique, il insiste sur l’impératif d’émanciper le citoyen de toutes les contraintes empêchant la consécration de ses droits légitimes, affirmant qu’il s’agit là d’une condition sine qua non pour l’édification de l’Algérie nouvelle.

El Moudjahid : Quelle appréciation faites-vous du dernier discours du Président de la République et des décisions phares qui l’ont accompagné : la dissolution de l’APN, le remaniement gouvernemental et la libération des détenus du Hirak ?
Karim Younes : C’était un discours franc et sincère qui témoigne d’une volonté de promouvoir un consensus autour des questions sensibles touchant à la stabilité et à la souveraineté du pays, tout en garantissant le droit à la divergence d’opinions et à leur expression dans un cadre de paix et de respect mutuel. Les mesures prises par le Président de la République à cette occasion, dès son retour d’Allemagne, constituent un geste politique et humanitaire fort en direction du peuple algérien et du mouvement citoyen du 19 février. Les décisions validées par le chef de l’Etat sont en effet une réponse aux revendications légitimes des citoyens soucieux des intérêts nationaux et de la stabilité du pays.

Qu’en est-il justement du concours de l’institution de médiation de la République dans un cadre de synergie des efforts pour réussir le processus du changement à travers la consécration des objectifs du renouveau institutionnel et la cristallisation des revendications du Hirak béni ?
L’institution de médiation de la République, que j’ai l’honneur de diriger, contribue à rétablir la confiance entre le citoyen et son administration, condition indispensable pour permettre une activité politique saine et des débats constructifs au sein de la classe politique. En tant qu’institution, la médiation de la République poursuivra, sans relâche, ses activités au service du citoyen, dans tous les domaines de sa vie quotidienne. Elle agira également, avec le concours de responsables consciencieux, dans le sens de réduire la bureaucratie et combattre la corruption au sein des rouages de l’administration. L’édification d’une nouvelle Algérie passe par l’assainissement de l’administration, l’allègement des contraintes liées aux droits civiques et l’exercice d’une activité politique saine et respectueuse ayant comme seul objectif de servir le pays.

Quels sont, selon vous, les mécanismes à faire valoir autant pour réussir le processus d’édification de l’Algérie nouvelle, consolider la défense des droits et des libertés, que pour renforcer le front interne pour faire face aux menaces ciblant l’Algérie ?
L’Algérie vit une situation préoccupante à ses frontières, menaçant sa stabilité et son intégrité territoriale. A ce titre, l’on doit tous ensemble avoir comme premier souci de défendre la souveraineté et la stabilité du pays. Ce préalable est indispensable pour permettre le retour à une vie politique saine dans un cadre de compétition constructive. Le climat de confiance doit être ainsi rétabli à travers une lutte intense contre la bureaucratie et la corruption, fléau souvent à l’origine de mécontentements et de comportements agressifs. Un dialogue permanent doit être instauré entre les différents acteurs politiques du pays, seul moyen de converger pacifiquement vers des solutions d’intérêt national. Chacun doit avoir comme souci majeur de servir son pays et d’être au service de son peuple, l’activité politique partisane n’étant qu’un moyen d’arriver à ce but. Le citoyen doit être libéré des contraintes d’obstacles aux revendications d’un droit légitime, afin de renouer avec la confiance en ses dirigeants.
K. A.

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