
L’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé a été au centre d’un séminaire scientifique organisé hier par la faculté de médecine de Blida en partenariat avec le Numidia Institute of Technology (NIT). Ce rendez-vous a réuni des professionnels du secteur médical, des chercheurs et des acteurs de la technologie, autour d’une question essentielle : «comment intégrer de manière efficace et éthique les technologies de l’IA dans les établissements de santé publique en Algérie ?» Intervenant à cette occasion, le professeur Yazid Aoudia, chef du service de cardiologie à l’hôpital public de Tipasa et spécialiste reconnu des pathologies cardiovasculaires, a mis l’accent sur l’importance d’adopter ces outils numériques non comme des gadgets ou des substituts, mais comme des leviers stratégiques pour renforcer les capacités humaines du personnel médical, améliorer la précision du diagnostic, et alléger la pression sur les structures hospitalières.
Pour ce qui est de l’hôpital de Tipasa, le professeur Aoudia a rappelé que plusieurs chantiers de modernisation ont été lancés depuis le début de l’année. Des systèmes d’aide au diagnostic fondés sur l’intelligence artificielle sont en cours d’implémentation, notamment dans le domaine de l’imagerie cardiovasculaire. Ces outils permettent de repérer plus rapidement les anomalies, avec un taux de fiabilité accru, et d’orienter les médecins vers des décisions thérapeutiques mieux ciblées. Un autre projet structurant est la création d’une base de données médicale intelligente, conçue pour croiser les données cliniques et faire émerger des signaux faibles, indicateurs précoces de risques. Cette approche vise particulièrement les patients souffrant de maladies chroniques, pour lesquels la prévention et le suivi personnalisé deviennent des priorités majeures. Grâce à des algorithmes prédictifs, l’hôpital anticipe désormais certaines complications avant même l’apparition de symptômes cliniques sévères.
En parallèle, l’établissement travaille à l’automatisation de tâches administratives et à la gestion intelligente des parcours de soins, permettant une meilleure fluidité dans l’organisation des rendez-vous, la répartition des ressources et la coordination entre les services. Cette optimisation vise à désengorger les urgences, améliorer l’accueil des patients, et rendre le système plus réactif. Le professeur Aoudia a également évoqué un tournant majeur dans la prise en charge des troubles du rythme cardiaque à Tipasa. Pour la première fois dans un hôpital public algérien, une technique de stimulation cardiaque physiologique a été pratiquée avec succès.
Contrairement au pacemaker traditionnel qui stimule de façon indirecte, cette technique cible le faisceau de His, la voie naturelle de conduction électrique du cœur. Résultat : une synchronisation plus fidèle, une contraction cardiaque harmonieuse, et une amélioration significative du confort de vie du patient. Ce dispositif, bien que plus coûteux, (environ 500 000 dinars par implant, contre un cinquième pour un pacemaker classique), est vu comme un investissement à long terme. En réduisant les risques de complications et la durée des hospitalisations, il pourrait représenter une solution économiquement viable et médicalement supérieure. En 2025, une vingtaine de patients devraient bénéficier de cette technologie à Tipasa. Conscient des enjeux, le professeur Aoudia souligne l’importance d’un accompagnement rigoureux.
S. E.