
Le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, a affirmé, hier à Alger, que «2023 sera l’année de la qualité par excellence du produit local en matière de cuir et de textile», faisant part d’une nouvelle stratégie basée sur la «compétitivité», «la sous-traitance», la «création de richesse» et la «levée des obstacles sur les projets bloqués» et ce en faveur de la relance de l’activité économique en Algérie.
Lors de son intervention, en marge des assises nationales sur l'état et les perspectives de développement de l'industrie du cuir et du textile en Algérie, il a indiqué que l’industrie du cuir et du textile attire intensément la main-d'œuvre, contribue fortement au développement local et crée de la richesse et de la valeur ajoutée.
Evoquant les objectifs de ces assises nationales et les perspectives de développement des industries du cuir et du textile en Algérie, il s’agit, selon lui, pour les participants, de sortir avec une feuille de route et des recommandations pouvant donner un nouveau souffle aux filières du cuir et du textile.
Pour ce faire, le ministère de l'Industrie a mis en place, dans un premier temps, quatre commissions nationales stratégiques multisectorielles chargées d'étudier la situation des filières des industries du textile et du cuir ; l’industrie électrique et électronique, l’industrie alimentaire ; l’industrie mécanique, auxquelles s'est ajoutée une cinquième commission pour les industries du bois, a-t-il expliqué.
Les fibres synthétiques
Le ministre de l'Industrie a ajouté que les industries du textile, de l'habillement et du cuir reposent sur les matières premières et intrants nécessaires au processus de transformation industrielle. Sachant, a-t-il dit, que «certains sont disponibles localement et la plupart importés».
«Notre pays possède tous les moyens pour la relance de ces industries, y compris les matières premières telles que le cuir et la laine, en plus de la possibilité de développer l'industrie du fil industriel ou ce qu'on appelle les fibres synthétiques.» D’autant, a-t-il argué, que l'Algérie est un pays pétrolier et dispose d’un environnement approprié, ajoutant que cette activité industrielle est «ancrée dans la culture de la société algérienne».
Évoquant la contrainte de l’ampleur du marché parallèle, il a ajouté que cela a «empêché les autorités et organismes compétents de suivre le recensement précis des institutions actives dans le textile et le cuir». Ce qui nous oblige à impliquer toutes les parties concernées à la conceptualisation et au développement d'un système d'information numérique permettant de prendre les décisions appropriées pour le développement de ces secteurs. Sur cette base, a ajouté le ministre, le secteur industriel connaît un nouveau dynamisme, et ce, selon un plan d'action émanant du programme du Président Tebboune, ayant pour but la promotion et le développement des filières industrielles, l’encouragement de la production nationale et le renforcement de sa compétitivité et sa position sur le marché national. Il s’agit également d'élaborer des politiques pour encourager les industries électriques, limiter l'importation des produits électriques et contribuer à la réalisation de l'efficacité énergétique, ainsi que la mise en place d'un nouveau système de développement de la manutention, à travers des mesures incitatives qui permettent l'exonération des droits de douane, mais aussi les frais de valeur ajoutée.
Enfin, le premier responsable du secteur a réitéré sa volonté de «créer une véritable industrie automobile en vue d’atteindre un taux d’intégration de 40% dans les cinq prochaines années».
Made in Algeria
Pour sa part, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, a souligné que «2023 sera l'année de l'habillement et des chaussures made in Algeria», avançant que notre pays dispose de potentialités. Il émet le vœu que «l'Algérie contribue à augmenter le volume des exportations dans ce domaine».
Dans le même contexte, le ministre a «salué vivement les ménages algériens qui se sont abstenus d'acheter les produits importés et préféré acquérir le produit local».
A cet égard, il a remercié les entreprises nationales spécialisées dans la production de vêtements et de chaussures pour leurs produits de «grande qualité» qui sont fabriqués selon «un design moderne».
En somme, M. Rezig a déclaré que «le secteur du textile dispose d'une main-d'œuvre qualifiée et les prix des produits sur le marché sont de plus en plus compétitifs». Ajoutant : «Nous devons travailler davantage pour trouver des solutions à tous les problèmes qui rongent le secteur, mais aussi intensifier et diversifier les produits en cuir et textile.»
Il a rappelé, à cet effet, l’ensemble des mesures incitatives engagées par son département pour «encourager les exportations à travers l'orientation, la promotion et l'accompagnement des exportateurs». «En plus de l'indemnisation des exportateurs».
Evoquant les chiffres, le ministre du Commerce a indiqué que le volume des importations du secteur du textile a connu une baisse significative. Plus précis, il a ajouté qu’en 2021, les importations de vêtements ont atteint 26,32 millions de dollars, alors les exportations ont été estimées à «295,40 millions de dinars». Quant aux importations de chaussures, elles se sont élevées à 180 millions de dollars et les exportations à 242.000 dollars en 2021. Il a poursuivi : «Ces chiffres représentent une opportunité pour un marché d'un milliard de dollars.» Et une possibilité pour les opérateurs économiques de réduire la facture d'importation des vêtements et des chaussures.
Un dispositif de prise en charge du cuir et de la laine
De son côté, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a fait part, à cette occasion, de l'abattage de cinq millions de têtes de bétail annuellement, dont des vaches, des moutons, etc., et de quatre millions pendant les fêtes de l’Aïd El-Adha. Le ministre a souligné l’intérêt qu’accorde son département à ce secteur.
Il a appelé, à cet effet, les opérateurs économiques et les clusters à mettre en place un dispositif qui prend en charge l'exploitation du cuir et de la laine, ce qui permettra de «réduire la facture d'importation».
Trois ateliers thématiques sont prévus en marge de ces assises nationales : le premier concerne l'organisation des chaînes de valeur de ces filières industrielles, notamment le cuir et le textile; le deuxième atelier porte sur la promotion et la protection du produit national et enfin le dernier porte sur l'organisation du marché local du textile et du cuir. Ces ateliers permettront aux participants de débattre de plusieurs points liés à la matière première, sa collecte et son traitement ainsi que la promotion de la production locale.
Ces assises nationales ont vu la participation des principaux opérateurs activant dans le domaine de l'industrie du cuir et du textile, ainsi que les représentants de tous les secteurs ministériels et bon nombre d’experts.
Ces assises seront couronnées par des recommandations devant constituer les grands axes de la stratégie nationale de relance de ces filières industrielles importantes.
En marge de cet événement, une exposition du produit national des industries du cuir et du textile a été organisée par des entreprises nationales du domaine.
Samia Boulahlib