Ghaza en proie à la famine : L’ambassadeur palestinien appelle à briser le blocus

Ph : Wafa
Ph : Wafa

Pour attirer l’attention sur la «grave situation humanitaire» dans la bande de Ghaza, caractérisée par une «famine dramatique» affectant des millions de civils, l’ambassadeur de Palestine en Algérie, Fayez Abou Aïta, s'est exprimé, hier à Alger, lors d'une conférence de presse, afin de «susciter une prise de conscience face à une inaction persistante».

L’ambassadeur a décrit «une situation de famine extrême» affectant plus de deux millions d’habitants de Ghaza, «où près de 93% de la population souffre d’insécurité alimentaire sévère». M. Abou Aïta indique qu'Israël «utilise la famine comme arme de guerre contre la population civile de Ghaza», en imposant un blocus strict qui «bloque délibérément l’acheminement de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant essentiels à la survie des habitants». L’accès à la nourriture, à l’eau potable et aux médicaments est «gravement compromis», du fait, notamment, de «la destruction massive des infrastructures civiles, telles que les boulangeries, les moulins et les systèmes d’approvisionnement en eau». Parmi les plus vulnérables, les enfants souffrent de malnutrition aiguë, ce qui «entraîne des risques accrus de décès». Depuis mars 2025, tout acheminement d’aide humanitaire vers Ghaza est bloqué, aggravant la catastrophe humanitaire. L’ambassadeur a dénoncé le contrôle strict exercé par des forces militaires sur la distribution de l’aide, qui limite son efficacité et met en danger les acteurs humanitaires et les populations déplacées. Le mécanisme mis en place par Israël inclut «un système militarisé de distribution de l’aide humanitaire, contrôlé strictement et insuffisant, qui se révèle être un piège mortel, pour les Palestiniens affamés et désespérés», a-t-il notamment précisé. Outre les bombardements et les déplacements forcés, l’ambassadeur souligne que ce mécanisme entrave l’accès aux ressources essentielles, aggravant ainsi la famine et la malnutrition, en particulier chez les enfants, avec plusieurs centaines de décès signalés. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre d’une politique plus globale visant à affaiblir physiquement la population palestinienne, que l’ambassadeur qualifie de «génocide délibéré». L’ambassadeur souligne, par ailleurs, que les forces israéliennes procèdent également à la destruction systématique des terres agricoles, privant ainsi la population civile de ressources essentielles et aggravant de manière significative la crise alimentaire en cours. Parallèlement, plusieurs responsables israéliens ont publiquement reconnu leur intention de priver la bande de Ghaza de denrées alimentaires, d’eau et de carburant, conditionnant fréquemment l’acheminement de l’aide humanitaire à l’atteinte d’objectifs politiques spécifiques, tels que la libération des otages ou la neutralisation du Hamas. Face à cette politique conjuguée de blocus total et de militarisation de l’aide, M. Abou Aïta, rappelant aux journalistes ses propres origines de réfugié du camp de Jabalia, dénonce «un crime de guerre manifeste». Il appelle la communauté internationale à exercer une pression forte et soutenue sur Israël, afin de lever immédiatement le blocus et de garantir un accès humanitaire rapide, inconditionnel et sécurisé à la population civile. Une telle intervention est, selon lui, cruciale, pour éviter une famine généralisée et la destruction physique de la population civile de Ghaza. L’ambassadeur a salué l’engagement constant et la solidarité historique de l’Algérie en faveur de la cause palestinienne, illustrés par ses actions diplomatiques et son soutien politique continu. Il a souligné le rôle crucial qu’a joué l’Algérie dans la mobilisation internationale, notamment au sein du Conseil de sécurité, en vue d’atténuer la crise humanitaire à Ghaza. M. Abou Aïta a, par ailleurs, lancé un appel pressant à la communauté internationale, pour la mise en œuvre immédiate d’une intervention humanitaire coordonnée.

T. K.

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Des convois attaqués aux infrastructures détruites :
Ghaza au bord du gouffre 

Les chiffres relatifs à la crise humanitaire à Ghaza, que l'ambassadeur palestinien a divulgués, révèlent l’ampleur dramatique de la situation. Depuis 139 jours, la bande de Ghaza fait face à une crise humanitaire d’une gravité extrême, exacerbée par le blocage total de tous les points de passage par l’occupation. 76.450 camions transportant de l’aide humanitaire et du carburant sont actuellement bloqués. 42 banques alimentaires ont été délibérément ciblées et détruites. 57 centres d’aide et de distribution de nourriture ont subi des attaques similaires.
Les convois humanitaires n’ont pas été épargnés : 121 attaques ont été recensées contre des convois d’aide et des envois humanitaires.
877 personnes ont trouvé la mort dans ces attaques, qualifiées de martyres, tandis que plus de 5.666 personnes ont été blessées. 42 personnes restent portées disparues. Cette situation traduit une politique de refus d’aide et de traitement médical, s’assimilant à une campagne organisée de famine, aux implications dévastatrices pour la population civile. L’impossibilité d’acheminer l’aide, combinée à la destruction ciblée des infrastructures alimentaires et à la mise en danger systématique des travailleurs humanitaires, fait peser sur Ghaza une menace existentielle et constitue une violation grave du droit international humanitaire.

T. K.

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