
L'Association algérienne pour la protection et l'orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), met en garde contre la commercialisation des gels hydroalcooliques et des produits de stérilisation qui ne sont pas efficaces, dont certains ne comportent pas assez d’alcool pour tuer le virus, dénonçant ce qu’elle qualifie de «fraude dans la fabrication de ces matériaux».
Son président, Mustapha Zebdi, indique dans une déclaration à El Moudjahid qu’il dispose de données faisant état de la mise sur le marché de produits non conformes aux normes de production d'alcool médical après avoir effectué des analyses en laboratoire.
Il précise que certains fabricants ont réduit la proportion d’éthanol, rendant le produit final non identique et inefficace, exposant les consommateurs à une infection par le coronavirus, et ce afin d’augmenter leur marge bénéficiaire.
L’interlocuteur indique que le taux d’alcool sur le marquage de ces produits est limité à 70 degrés, mais les analyses ont prouvé le contraire, et des liquides avec une concentration de seulement 40 degrés ont été découverts.
«L’APOCE a sommé ces revendeurs de retirer les produits concernés qui ne sont pas conformes aux spécifications de sécurité et d’efficacité, leur donnant un délai d’une semaine à compter de la date de publication de cette déclaration», les autorités concernées ont été contactées pour intervenir et décider des mesures à prendre.
Zebdi indique en outre que son organisation mène toujours des enquêtes et réalise des analyses sur les produits actuellement très demandés tels que les masques de protection et les gels désinfectants, en particulier en cette période de pandémie du Covid-19».
Pour sa part, le vice-président du Syndicat national des pharmaciens d’officine, Mourad Chabounia, déclare que «la fabrication du gel hydroalcoolique obéit à des normes strictes et les pharmaciens disposent des moyens leur permettant d'analyser ces produits lorsqu'ils sont acquis auprès des laboratoires afin d’en garantir la qualité».
Il souligne que la plupart des pharmaciens se procurent de l'alcool médical auprès de distributeurs réputés disposant de registres de commerce, et sont soumis au contrôle dans le cadre des commissions mixtes des ministères de la Santé et du Commerce.
Cependant, le pharmacien peut, vérifier la qualité de l'alcool grâce à un petit test relatif à son odeur, et le degré de température au contact de la main, l'analyse de laboratoire demeure le seul moyen pour assurer la qualité et la norme du produit.
Il déplore cependant «l’autorisation de vente de ce genre de produits en dehors du circuit pharmaceutique, ce qui peut porter préjudice à la crédibilité des opérateurs du secteur pharmaceutique». Il précise que le ministère du Commerce voulait fournir ces produits aux citoyens à des prix inférieurs à ceux appliqués dans les pharmacies, ce qui est à saluer, mais à condition que cela ne se fasse pas au détriment de la santé publique et de la qualité de ces produits qui doit être prise en compte. «Permettre à tous les commerçants de vendre ces produits peut faire en sorte que certains pseudo-laboratoires fabriquent des produits qui ne sont pas conformes aux normes en vigueur, ce qui peut constituer un danger pour la santé du citoyen».
Or, les pharmacies d’officine sont soumises, précise Chabounia, à des normes de qualité, de responsabilité pharmaceutique, au respect des procédures commerciales, aux conditions de traçabilité et à l’application des taxes (TVA et TAP) qui sont reversées au Trésor public.
Salima Ettouahria