
l'Algérie-Tunisie, une histoire de sang mêlé. Ce fut le cas depuis l’aube de l’Antiquité et pas seulement depuis le village martyr de Sakiet Sidi Youcef. Aujourd’hui, avant d’être la première destination touristique des Algériens, plus d’un millions de nos compatriotes y séjournent chaque été : la Tunisie, son peuple, son Etat, sont le modèle parfait du bon voisinage. Le pays du jasmin a su garder, auprès de l’opinion algérienne, intacte son image d’un pays véritablement frère. Base arrière de la Révolution algérienne , siège de l’état-major général de l’ALN et du Gouvernement provisoire, le GPRA, aussi terre d’asile pour nos réfugiés et apatrides fuyant par millions la barbarie coloniale, le pays d’Hannibal, de Hached et de Bourguiba n’est pas une terre d’intrigues, de complots et/ou de baisers de Juda comme d’autres dans la région. Ciel bleu azur, donc, entre Alger et Tunis. L’entraide, la solidarité, l’empathie, sont des constantes dans nos relations respectives. L’idylle algéro-tunisienne ne s’est jamais démentie ni ne s’est laissée démonter. Les contingences politiques, les vicissitudes et les bouleversements de la donne régionale n’entameront pas l’entente cordiale, forgée par des décennies de souffrances et de sacrifices communs. Bien au contraire. Sur les grands dossiers et les grandes questions internationales, les deux pays font bloc, s’assistent mutuellement, dialoguent et se concertent beaucoup. Dire que nos intérêts sont communs et bien ordonnés n’est sûrement pas de la démagogie et/ou de la langue de bois. Pendant les années effroyables du terrorisme, l’Algérie avait bien de la chance de compter la Tunisie sur son flanc Est. Pas de poignard dans le dos, ni de proximité toxique à redouter. Les portes tunisiennes sont restées grandes ouvertes, au moment où les grands partenaires tournaient le dos à l’Algérie, alors pliant sous la subversion d’envergure et l’embargo des faux amis.
«Nous sommes en fait un seul et unique peuple, bien que logé dans deux Etats distincts», disait justement le Président tunisien Kaïs Saïed, invité de marque du défilé du 5 Juillet, jour de l’Indépendance nationale. Alger-Tunis, c’est une communauté de destins. Incontestablement. Alors que presque toutes nos frontières sont incandescentes, en proie à l’instabilité politique et sécuritaire, la Tunisie est vent debout.
Si à nos frontières Ouest, une guerre du kif est menée contre nous, il ne faut surtout pas concevoir les frontières comme des zones de non-droit et de trafics en tous genres. Beldjoud l’a bien souligné hier : la lutte contre la contrebande «demeure une priorité. Aucune tolérance ne sera admise envers les criminels qui rongent l’économie nationale.» Si les liens et les intérêts mutuels sont imbriqués et gigognes, les espérances populaires le sont aussi. Les domaines d’inter complémentarité sont innombrables. Les projets structurants du binôme algéro-tunisien, notamment ceux localisés dans les régions frontalières, revêtent présentement le caractère de l’urgence. La rencontre aujourd’hui entre les ministres de l’Intérieur des deux gouvernements pour baliser la circulation des personnes - après deux ans de fermeture des frontières terrestres pour cause de Covid - procède de ce continuum donné à la volonté politique des Président Tebboune et Saïed, dont la convergence de vues est annonciatrice de destins plus grands.
A. Z.