Fête du 1er mai : Le télétravail, une chance de se mesurer à l’élite mondiale

Le 1er mai, c'est la fête du Travail. Mais, depuis ces dernières années marquée par la pandémie du Covid, pour de nombreux salariés à travers le monde le rapport au travail a basculé pour faire place au télétravail. Un bouleversement du monde du travail imposé par la crise sanitaire, mais induit également par l’utilisation des nouvelles technologies. Qu’en est-il de ce mode de travail chez nous ? Les relations professionnelles en Algérie, sont-elles codifiées dans un sens qui permet de travailler à distance. Le cadre juridique régulant cette nouvelle forme de travail existe-t-il ?

Pour Zahir Battache, spécialiste en droit social et ressources humaines, notre législation du travail, à l’instar d’autres textes concernant certains domaines d’activité, n’a rien à envier à celles qui existent ailleurs. «Si dans l’application, nous accusons beaucoup de retard, néanmoins sur le plan conceptuel, nous sommes des champions. La législation du travail algérienne est fondée notamment sur le principe de négociation, ce qui laisse dire que le législateur a volontairement laissé les parties concernées par la relation de travail de trouver les meilleures voies et moyens pour mieux établir, voire même sécuriser, ces relations. Ce qui sous-entend que tout est passible à négociation et que le législateur n’est intervenu que pour fixer les minimums et les plafonds légaux afin de lutter contre toute forme d’abus, d’usurpation, de transgression qui pourraient naitre au cours de l’exécution des relations professionnelles», explique-t-il à El Moudjahid. Selon lui, il n’est pas nécessaire que le législateur aborde telle ou telle question pour vérifier sa faisabilité, prouver son existence ou la consacrer. «Il suffit, poursuit-il, de ne pas l’interdire pour quelle ait le droit d’exister ou d’être établie à la convenance des parties contractuelles dans un respect mutuel. C’est ainsi pour la question du télétravail, car même les conventions de l’organisation internationale du travail (OIT), laissent beaucoup de marges pour l’établissement de forme atypique du travail que ni le législateur, ni les pouvoirs publics, encore moins les employeurs et les partenaires sociaux ne peuvent en limiter les formes ». Le spécialiste précise que le dispositif législatif en vigueur régissant les relations de travail dans notre pays définit le cadre légal pouvant conférer aux partenaires de cette relation de travail (employeurs et travailleurs) le pouvoir d’élaborer et mettre en œuvre les règles de gestion répondant le mieux aux impératifs et aux exigences de l’organisation. «Un objectif que la convention collective et le règlement intérieur ont conçu comme instrument privilégié pour sa réalisation. La convention collective doit être négociée à tout moment, notamment dans pareilles situations et doit traiter de tous les aspects de la vie professionnelle dans l’entreprise», ajoutera-t-il. Le dispositif en vigueur donne également aux travailleurs, aux partenaires sociaux, dans le cadre de la participation, de «larges attributions» à travers la négociation collective afin de mettre en place, d’un «commun accord», les règles qui leur permettent de régir «au mieux» les conditions d’emploi et de travail, particulièrement en pareilles circonstances. Il faut précisé qu’en Algérie, le télétravail est régi par le code du travail algérien, plus précisément un décret datant du 8 décembre 1997. Ce dernier prévoit les règles de travail entre l’employeur et le collaborateur dans le cadre d’un travail à domicile. M. Bettache estime que, «contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes», le télétravail permet un «énorme» gain de compétitivité. «En plus de la baisse considérable de l’absentéisme, la productivité augmente en sus de la possibilité de réaliser des économies». Ceci dit, le télétravail en Algérie n’échappe pas à certaines barrières. Il s’agit notamment des problèmes techniques dus à la faiblesse du débit d’internet, rendant du coup difficile la tenue de visioconférence avec image et partage de documents, et des difficultés d’acquisition et de sécurisation des outils de collaboration, à l’instar des petites et moyennes entreprises (PME). Toutefois, en cette ère de percée foudroyante des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui va certainement propulser le télétravail dans les prochaines années, l’Algérie doit être au rendez-vous pour donner une chance à ses enfants de se mesurer à l’élite mondiale, d’autant qu’en termes de maîtrise de ce type de technologie, la renommée de l’Algérien n’est absolument plus à démontrer…

Farida Larbi

Sur le même thème

Multimedia