Les rapports semestriels de suivi de la situation économique de l’Algérie, publiés bi-annuellement par la Banque mondiale (en juin et en décembre), constituent non seulement des évaluations périodiques sur l’état de l’économie algérienne, mais aussi et surtout des prospectives sur les répercussions des données à court terme et à moyen terme.
Ces rapports, accompagnés de prévisions et de recommandations, sont rédigés par des économistes chevronnés désignés par le Groupe de la Banque mondiale et qui, de par leur expérience en Algérie, sont compétents pour donner des lectures sur les tendances économiques nationales. Les corédacteurs du rapport semestriel de l’automne 2025, rendu public jeudi, sont l’Algérienne Amel Henider, ancienne cadre au ministère des Finances, et le Hongrois Daniel Prinz.
La première travaille sur les rapports sur l’Algérie depuis cinq ans, le second depuis trois ans. Des périodes suffisantes pour assimiler les particularités économiques locales et bien analyser les données pour y tirer les conclusions idoines et les recommandations à faire. «Il y a une chose importante qu’il faut savoir : la majorité des données sur lesquelles nous nous basons sont officielles, fournies par le ministère des Finances et des organismes étatiques tel l’Office national des statistiques», révèle Amel Henider.
«Les autres sources officielles de nos données sont des organisations mondiales telles l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la JODI», la JODI étant l’acronyme anglais de Join Oil Data Initiative (initiative conjointe sur les données du pétrole) qui regroupe sept organisations (APEC, OPEP, Eurostat, GECF, IEA, Olade, UNSD). En sus des données officielles, les économistes de la Banque mondiale s’appuient sur des données alternatives, appelées des données proxy. Il s’agit de données indirectes constituées de caractéristiques physiques de l’environnement qui peuvent se substituer à des mesures directes.
La première source de données indirecte est l’éclairage nocturne par satellite. En effet, la Banque mondiale sollicite, des Etats-Unis, des données-images de l’Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace (NASA) pour déterminer, en comparant les taux d’éclairage nocturnes sur plusieurs périodes et après avoir supprimé les torchages de gaz, l’évolution de l’activité économique nocturne hors-hydrocarbures. La deuxième source indirecte sont les données satellitaires des cultures. Grâce aux images satellites combinées aux données de FAPAR (fraction de rayonnement solaire absorbé par les plantes dans le domaine spectral, permettant la photosynthèse), on peut déterminer s’il y a eu des évolutions dans les cultures agricoles.
La troisième source indirecte sont les données de suivi des bateaux, fournies par le système d’identification automatique maritime (AIS pour Automatic Identification System). Grâce à ces données, on peut comptabiliser, sur une période déterminée, le nombre de cargos ayant amarré ou quitté les ports commerciaux d’un pays, avec même des précisions sur la nature du cargo (cargo-citerne, porte-conteneurs, cargo de vrac sec…), ce qui permet d’avoir des données sur les activités import-export. Cela dit, assurent Amel Henider et Daniel Prinz, «les données alternatives ne remplacent pas les données officielles», d’où l’importance d’avoir des données à la source. Les données alternatives ne sont utilisées que lorsque les données officielles sur un domaine donné et/ou sur une période donnée ne sont pas disponibles. «Dans ce cas, nous mentionnons qu’il s’agit de données non-officielles dans notre rapport», assure Mme Henider. Parfois, à défaut de données officielles et de données alternatives, les économistes de la Banque mondiale ont recours à des estimations issues de comparaisons avec des périodes antérieures.
Le plus des rapports semestriels de la Banque mondiale est le focus. Il s’agit d’une contribution sous la forme d’une analyse d’un paramètre ou d’un secteur donné. «Dans notre précédent rapport, publié en juin 2025, nous avions évoqué la productivité de l’économie algérienne. Dans le rapport de cet automne, nous évoquons les défis climatiques. La percée des énergies renouvelables dans le monde constituera un défi structurel pour l’Algérie, surtout dans le cas d’un recul de la demande sur le gaz et le pétrole.
La bonne nouvelle, c’est que l’Algérie possède un énorme potentiel en matière de production d’énergies propres. Elle peut réussir ce virage, surtout qu’elle a déjà entamé des investissements en la matière», estime Daniel Prinz.
«La majorité des données sur lesquelles nous nous basons sont officielles, fournies par le ministère des Finances et des organismes étatiques, tel l’Office national des statistiques.»
F. A.