Droit au but : Obsession et programme de sape

Par : Mohamed Koursi

Du festival de Cannes, transformé en bal masqué, aux jeux Olympiques, qui se déroulent à huis clos à Tokyo avec cette cérémonie surréaliste de remise de médailles aux champions, en passant par les Etats qui déconseillent à leurs citoyens de se rendre dans les pays voisins (France, Espagne, Portugal…), la pandémie de la Covid-19, qui a terrassé plus de quatre millions de personnes et effacé des listes du fisc et du registre de commerce des milliers d’entreprises, imprime sa loi au monde.

Dans cette reconfiguration des relations entre les hommes et les Etats, la géopolitique s’est invitée perfidement pour absoudre les uns et stigmatiser les autres de ce « péché originel » qui est presque passé au second plan, bousculé Pegasus. En vérité, si on prend la peine de s’arrêter un instant à ces espions 2.0, on réalise qu’il n’y a rien de nouveau sous les tropiques. Si ce n’est le fait qu’un pays  «voisin» a accepté le rôle peu flatteur de sous-traitant d’Israël sur des questions qui touchent aux fondements même de la démocratie et des relations internationales. Rien de nouveau, puisque les pays qui sont à la pointe de la technologie ont squatté le ciel et nous observent, en permanence, à travers des drones et des satellites. Tracer un téléphone, actionner à l’insu de son propriétaire sa caméra ou son enregistreur, fouiller dans ses dossiers et répertoires, écouter les communications, le logiciel Pegasus n’a au fond rien inventé. Si ce n’est cette possibilité, devenue réalité, d’un espionnage de masse du monde entier par une entité et des Etats serviles pour faire du chantage, attiser les violences, cibler par des assassinats toute personne qui a le malheur de dénoncer le crime à ciel ouvert commis en permanence à Ghaza ou qui ne fait qu’exprimer un jugement moral sur la question du Sahara occidental et le pillage de ses ressources naturelles par des Etats qui disposent d’un siège aux Nations unies ou dans d’autres institutions dites des droits de l’Homme.

Il y a un principe qui énonce que lorsqu’une personne se trompe une fois, on peut mettre cette erreur sur le compte de la nature humaine qui n’est pas infaillible. Si elle se trompe deux fois, on est en mesure de s’interroger. Mais trois fois, cela s’appelle un programme de sape. Transposé sur l’actualité marquée par une obsession des medias outre Méditerranée sur notre pays, le plus grand client du logiciel espion qu’il a tourné contre nous, cette tension insidieuse, maintenue sur les réseaux sociaux pour frapper de suspicion, dénaturer ou rejeter toute action porteuse de sens, ces incendies ciblés, répétitifs nous rappelle cette stratégie militaire qui procède du chaos pour briser toute chaîne de commandement. Si on peut comprendre l’acharnement des «autres», au vu de la constance de nos positions vis-à-vis des questions de décolonisation ou de notre choix de souveraineté sur différentes questions sociétales, on reste, par contre, songeur sur la déplorable inculture politique de certains opposants virtuels qui s’entêtent à ne voir que le noir, l’échec, les murs et l’incertitude sur notre avenir.

Le monde se prépare à une mutation majeure qui touche les relations entre Etats, et ces étendards de la fatalité persistent à rester derrière leur guérite ou terrés dans leurs tranchées alors que le moment est devenu l’alpha et l’Omega qui règle l’horloge entre nation.

La maîtrise des nouvelles technologies reposant sur le savoir est le principal défi du XXIe siècle, et  pourtant, à les entendre, leur cadran d’analyse est toujours bloqué sur le calendrier d’avant la chute du Mur de Berlin. Certaines cécités et erreurs d’appréciation répétitives sont, en vérité, la preuve qu’on est face à un programme réfléchi de destruction et non d’une naïveté intellectuelle ou politique.

M. K.

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