
La présidente de l'Organe national de la protection et de la promotion de l'enfance (ONPPE), Mme Meriem Chorfi, a effectué une visite à la brigade de protection des personnes vulnérables de la police judiciaire d’Alger.
L’Algérie dispose de nombreux mécanismes de protection de l’enfant et a réalisé de grands acquis juridiques en la matière dans le cadre de la loi de protection de l’enfant, notamment le dispositif d'audition filmée des enfants victimes d'agressions sexuelles, a indiqué jeudi dernier à Alger, la présidente de l'Organe national de la protection et de la promotion de l'enfance (ONPPE), Meriem Chorfi. La délégué a effectué jeudi dernier, une visite à la brigade de protection des personnes vulnérables de la division Est de la police judiciaire de la Sûreté de wilaya d’Alger. Cette brigade est composée d'une section de lutte contre la délinquance juvénile, d'une autre de protection des mineurs et d'une troisième de lutte contre la violence à l'égard des femmes, a expliqué le chef de brigade, le commissaire de police Youcef Bekkiche. Accompagnée des membres de la commission mixte, Mme Chorfi a visité, notamment la salle d'enregistrement audiovisuel des enfants victimes d'agressions sexuelles. Les déclarations des victimes sont enregistrées sur des supports CD remis par la suite aux autorités judiciaires sans soumettre la victime à une deuxième audition, a précisé le lieutenant Hadjer Derradji, affirmant que l'enregistrement des déclarations des victimes reste confidentiel et visionnées dans un cadre strictement légal. Mme Chorfi a salué le professionnalisme des officiers de police en charge de ce travail travaillant avec des équipements et des moyens techniques modernes, précisant que «l'Algérie était parmi les pays pionniers à appliquer cette méthode d'enregistrement sans caméras apparentes pour mettre la victime en confiance. L’enregistrement est effectué par une caméra invisible et la victime est soumis à une seule audition, afin de lui assurer une protection morale». Le commissaire Bekkiche a par ailleurs, précisé que le nombre des mineurs placés en garde à vue dans les cas de délinquance juvénile est très minime et s’effectue dans le strict respect des lois. La déléguée a insisté dans ce sens sur la protection des mineurs auteurs de délits. «Ils sont considérés comme victimes même si la loi a fixé l’âge de la responsabilité pénale à 13 ans, tous les mineurs sont pris en charge comme victimes. Ils bénéficient de mesures spéciales, notamment l’examen médical tout le long de la procédure ainsi que l’obligation d’audition en présence du tuteur civil et de l’assistance d’un avocat», relève-telle citant comme garantie principale le recours à la médiation dans la loi de la protection de l’enfance. Meriem Chorfi a visité ensuite le service en charge du numéro vert (104) destiné à la protection de l'enfance et au signalement des cas d’enlèvement, un outil très performant. Durant ces douze derniers mois, 14.674 appels ont été reçus pour signaler notamment 57 cas de disparition de mineurs. Le bilan des services de la Sûreté de la wilaya d'Alger durant le premier trimestre de l’année 2021 fait état de 4 mineurs victimes de viol et 34 autres d’atteintes à la pudeur dont 16 garçons. Parmi eux, 4 victimes âgées de moins de 10 ans, 7 autres âgées de 13 à 16 ans et trois victimes âgées entre 10 et 13 ans. Pour les filles victimes d’abus sexuel, treize sont âgées entre 13 et 16 ans. Les mêmes services ont traité 31 cas de violences volontaires à l’égard des mineurs dont 24 garçons et 9 filles alors que 16 mineurs ont été victimes de maltraitance dont 6 filles. Les mêmes services ont enregistré, au cours de la même période, 37 affaires de mineurs en danger moral, 3 affaires de fugue, outre le placement de 4 mineurs dans les centres de rééducation et la restitution de 29 enfants à leurs familles. La brigade de protection des personnes vulnérables de la division est de la PJ de la Sûreté de wilaya d’Alger ont recensé également 27 agressions sexuelles dont 7 cas de viol contre cette tranche vulnérable et 8 atteintes à la pudeur, trois cas de violence volontaire et un cas de maltraitance.
La protection de l’enfance, une responsabilité collective
La déléguée a précisé que son déplacement s’inscrit dans le cadre de la coordination entre les membres du comité. Elle a rappelé les différentes lois qui protègent l'enfant, citant certaines dispositions de la loi 15-12 du 15 juillet 2015 relative à la protection de l'enfant qui avait renforcé les dispositions et mesures prises pour protéger cette catégorie de la société. «Cela ne se limite pas au plan juridique mais sur le terrain à travers des campagnes de sensibilisation menées sur l'ensemble du territoire national, et via le numéro vert 11.11 destiné au signalement des cas d'atteinte aux droits de l'enfant». A une question d’El Moudjahid sur le rôle de son organe dans la protection des mineurs, notamment sur internet, Mme Chorfi a insisté sur la nécessité de protéger la vie privée de l'enfant contre la diffamation, notamment sur les réseaux sociaux. «Cela a des répercussions graves sur son avenir», met-elle en garde. L’organe assure la prise en charge de tout signalement lié à l’atteinte au droit de la vie privée sur Internet et toute atteinte aux droits des enfants. «Nous alertons dès signalement les services de sécurité, du juge des mineurs ou par un suivi social à travers une coordination continue des efforts». Elle a salué, en ce sens, le rôle des services de police dans la protection des enfants et des catégories vulnérables contre tous les dangers et les risques, citant en particulier les efforts dans la protection des mineurs. «Les policiers sont des partenaires de l’ONPPE. Ils sont formés sur le plan psychologique et le plan législatif, ils font un travail professionnel et nous avons confiance en nos services de sécurité qui veillent en permanence à la protection des personnes et des biens». Pour Mme Chorfi, le mineur Saïd Chetouane qui a formulé des accusations infondées sur une agression sexuelle est en réalité «une victime». Ses déclarations fabriquées sont graves, «elles pourraient être exploitées par des criminels. La protection de l’enfance est une responsabilité collective qui implique également le rôle des parents.
Neila Benrahal