
Peu après 21h00, en la soirée de mardi, l’avion des forces aériennes de l’Armée nationale populaire (ANP) s’est posé sur le tarmac de l’aéroport d’Alger Houari-Boumediène en provenance de Port-Soudan (Soudan) avec à son bord nos ressortissants résidants dans ce pays en proie à une grave crise. Ces derniers ont été rappatriés sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Kaoutar Krikou et le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, ainsi que de nombreux cadres de l’Etat ont fait le déplacement pour les accueillir.
Prenant la parole, Brahim Merad, après avoir noté que la situation au Soudan est très difficile, a indiqué que le Président Tebboune ne cesse d’insister sur le fait qu’il n’abandonnera jamais notre communauté résidant à l’étranger surtout quand cette dernière vit des moments difficiles, ce qui n’est pas la première fois. «Je suis venu m’assurer que nos compatriotes se portent au mieux et grâce à Allah, ils vont tous bien. Ils ont d’ailleurs, dès leur arrivée sur le territoire national, exprimé joie et satisfaction», a-t-il mis en exergue avant de déclarer que la majorité de nos ressortissants au Soudan ont été rappatriés, sauf ceux qui, pour une raison ou une autre, ont décidé de rester sur place. «L’Algérie n’oublie jamais ses enfants quelle que soit la situation», a-t-il, par ailleurs, assuré avant de noter que cette opération réussie avec brio n’était pas simple. Enfin, le ministre a salué vivement l’ANP qui a toujours répondu présent.
Pour sa part, l’ambassadeur d’Algérie à Khartoum, Mourad Issaâd, a d’emblée indiqué que le Soudan vit une période difficile mettant en péril la vie des résidents. «A cet effet, pour protéger nos ressortissants dans ce pays frère, le président Abdelmadjid Tebboune a donné des instructions fermes pour le rappatriement des Algériens et du personnel de notre ambassade», a-t-il expliqué avant de faire savoir que l’opération s’est déroulée en deux jours.
Le diplomate a, d’autre part, affirmé que l’opération de rappatriement de 61 ressortissants a eu lieu en deux phases.
«L’évacuation a eu lieu de Khartoum à Port-Soudan puis le rappatriement vers Alger via une escale technique à Djeddah (Arabie Saoudite). Plusieurs ressortissants de pays arabes frères, 41 Syriens et Palestiniens ont demandé protection et assistance à l’ambassade d’Algérie à Khartoum», a-t-il révélé avant de confier que l’Algérie a immédiatement répondu favorable à leur requête conformément à nos valeurs humaines et de fraternité arabe.
Pour l’ambassadeur, cette opération a été également une réussite totale grâce à la coordination et à la conjugaison de l’ensemble des efforts entre les différentes institutions nationales concernées.
«Cette opération reflète l’attachement du gouvernement algérien à fournir protection et assistance à nos ressortissants où qu’ils se trouvent. La réussite de ce rapatriement prouve aussi l’expérience acquise par l’Algérie dans ce type d’action», a-t-il mis en évidence avant d’exprimer le souhait d’un retour rapide de la paix au Soudan par le bias du dialogue pour mettre un terme à la crise.
Quelques minutes plus tard, les ressortissants algériens rapatriés sont descendus de l’avion, foulant la terre des pères que certains avaient quittée depuis plusieurs années. L’émotion était perceptible dans les yeux de ces femmes, hommes et enfants qui n’ont pas tardé à le faire savoir. «Hamdoulilah, enfin, je suis à la maison. Je tiens à remercier infiniment le président de la République et l’ANP qui ont été à la hauteur.
Depuis notre départ de Khartoum tout était pris en charge par les autorités algériennes. La situation au Soudan est dramatique. Je n’ai jamais vu cela depuis mon installation sur place en 2014», a noté Mohmand Habib, un rappatrié de 27 ans originaire de la wilaya de Laghouat, avant d’ajouter que les Algériens résidant au Soudan étaient, depuis le début des combats, en contact étroit avec l’ambassade.
Sami Kaidi
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Témoignages :
Abdelkahar et Hmida rapatriés :
«Des corps gisaient à même le sol et les canons ne se taisaient que rarement»
- Plusieurs mètres plus loin, les projecteurs des caméras illuminent la silhouette d’un autre gaillard, Abdelkahar, un enseignant chercheur rapatrié qui tient également à remercier les autorités et le personnel de l’ambassade qui ont, par un travail de coordination, réussi à monter une opération en un temps record avec une organisation excellente. «Dès les premières semaines d’affrontement, Khartoum, qui recense 8 millions d’habitants, a été durement touchée. Les infrastructures essentielles ont cessé de fonctionner plongeant la ville dans le chaos», a-t-il révélé avant de préciser que les communications, l’électricité et l’approvisionnement en denrées alimentaires se faisaient de plus en plus rares.
- Visiblement fatigués par un si long vol, de nombreux compatriotes désiraient se reposer. Toutefois, Hmida, un autre rapatrié, nous a accordé quelques minutes pour porter à notre connaissance que la situation est effroyable à Oum Derman où il est resté coincé plusieurs jours. «Des corps gisaient à même le sol et les canons ne se taisaient que rarement. Fort heuresement, notre représentation diplomatique nous a accompagnés depuis le début des combats», a-t-il déclaré avant de conclure : «Jamais, je n’oublierai ce que le Président Tebboune, le MAE et l’ANP, digne héritière de l’ALN, ont fait pour moi.»
S. K.