
Il est 9h, ce vendredi, à la plage El-Messida à Oum Tboul dans la wilaya frontalière d'El-Tarf. Le drapeau est rouge, mais un flux considérable d'estivants est constaté sur place, dont plusieurs familles venues des wilayas de Khenchela, Guelma, Tébessa et Souk Ahras par véhicules et bus. La veille, un BMS indiquait une canicule dans certaines wilayas, dont El-Tarf. La mission semble très compliquée pour les agents de la Protection civile, mobilisés dans le cadre du dispositif de sécurisation des plages face à la «colère» de la mer, les hauteurs des vagues et l'inconscience de certains estivants. Une commission de la Direction générale de la Protection civile (DGPC) est sur place, afin d'inspecter sur terrain, le dispositif de surveillance des plages, opérationnel par la PC à partir du 1er juin. Des moyens humains et matériels importants ont été engagés par l'institution que gère le colonel Boualem Boughelaf, pour assurer la quiétude et la sécurité des estivants nationaux, des touristes et de la communauté nationale à l'étranger. Il s'agit, entre autres, de la mobilisation de 10.619 dispositifs de sécurité à travers les 14 wilayas côtières, avec la mobilisation de 251 plongeurs des wilayas côtières et un renfort de 72 autres des wilayas de intérieur et 59 embarcations, dont 55 semi-rigides et 74 zodiacs.
Sur le terrain tout le temps
Aussi, 73 ambulances ont été réparties au niveau des plages. Le sous-directeur de l'information et des statistiques à la DGPC, le commandant Nassim Bernaoui, a expliqué qu'une commission nationale de la PC, composée des cadres de la DGPC, mène des inspections du dispositif de sécurisation des plages à travers l'ensemble des wilayas côtières. «La commission s'enquiert sur terrain de la mise en œuvre des instructions, de la disponibilité des moyens, notamment du secours et du sauvetage, le déploiement des agents, notamment les plongeurs professionnels et les saisonniers, l'état des postes de surveillance, outre la prise en charge du personnel en matière de transport et restauration», détaille-t-il, dans une déclaration à El Moudjahid. Pour l'officier, il s'agit d'un «état des lieux» et d’un «point de situation», qui sera sanctionné par un rapport transmis au DGPC sur les insuffisances, les lacunes qui pourraient être constatées, ainsi que «les recommandations». Il a assuré que l'objectif est «d'améliorer et de renforcer davantage la prise en charge des estivants». Ainsi, le chef du bureau des interventions à la DGPC, le lieutenant Anouar Debbi, accompagné du commandant Bernaoui, le chef d'unité marine de la DPC d'El-Tarf, ont inspecté 20 plages, dont El-Ouinat et El-Messida. Les officiers se sont enquis de la sécurisation des plages. Les saisonniers, dont des universitaires en majorité, ont relevé certaines difficultés, dont le non-respect des règles de baignade et de sécurité, la baignade sous l'effet des psychotropes et en état d'ivresse. Ils ont expliqué qu'en cas de refus d'estivants de sortir de la mer en cas de dangers, ils sollicitent les éléments de la Gendarmerie nationale, mobilisés au niveau de la plage. «Nous sommes en mobilisation, surveillance et vigilance maximales et permanente», assurent-ils. La commission a également inspecté des plages interdites à la baignade, voire non surveillées, dont la plage Canissar. La mission consiste, notamment, en la sensibilisation des jeunes et des familles. «Nous avons enregistré, ces dernière 24h, un cas de noyade d'un adolescent de 16 ans au niveau de cette plage», déplore le chef de la brigade marine de la DPC d'El-Tarf. Le bilan est alarmant. Le commandant Bernaoui évoque «un nombre record» d'interventions des secours de la Protection civile au mois de juin, qui connaît, d'habitude, un début timide de la saison estivale, qui coïncide avec les examens du BEM et le BAC.
Un noyé dans un barrage avait juste 2 ans !
Près de 10.000 interventions ont été menées par les sapeurs -pompiers en juin. Le bilan est lourd : 75 morts par noyade depuis le début de la saison estivale, dont 46/victimes âgées entre 12 ans et 18 ans et 42/ noyés âgés entre 19 ans et 35 ans. Ce ne sont juste des chiffres, ce sont des pertes humaines, déplore le commandant Bernaoui. Des familles endeuillées chaque saison estivale à cause de l'inconscience, l'aventure et négligence aussi de la part de certains parents. L'officier a signalé la mort par noyade d'un bébé de 24 mois dans un barrage à Relizane et un autre enfant de 3 ans décédé dans une marre d'eau, de même pour un vieux de 84 ans, mort lui aussi dans un plan d'eau. Des cas ont été également enregistrés à 6h30 et à 21h, soit hors horaires de surveillance des plages. Aujourd'hui, les noyés ne sont pas en majorité des estivants des villes d'intérieur. Les estivants issus des villes côtières représentent un taux de 50/du total des victimes. Jeudi, 6 cas de noyade ont été enregistrés en 2h seulement. La DGPC va élaborer une réflexion, soit une étude analytique pour la prise de mesures urgentes pour arrêter l'hécatombe sur les plages. Il a appelé les parents, notamment, à faire preuve de responsabilité. Toutefois, l'officier met en exergue les efforts colossaux fournis par les pompiers des plages pour le sauvetage des vies humaines. Ils étaient plus de 15.000 estivants sauvés d'une mort certaine, dont certains dans des conditions difficiles, grâce à l'engagement et professionnalisme des soldats du feu au péril de leurs vies des fois.
N. B.