
Les poètes l’ont déclamé, les écrivains l’ont évoqué dans leurs romans. Il revient, telle une horloge suisse, chaque année, à la lisière de l’été, comme un vieux rituel ? Bon pied bon œil. Il demeure gravé dans la mémoire de tous ceux ou celles qui ont eu à passer ce cap si important dans leur cursus scolaire. Le baccalauréat, que d’aucuns nomment familièrement «le bac», se dresse devant tant de générations de lycéens comme une montagne qu’il faut gravir, une épreuve que l’on pourrait qualifier, sans tomber dans l’excès d’initiatique.
Depuis ses origines, le bac a changé mille fois de visage, mais il demeure fidèle à une tradition scellée dans le marbre : c’est une épreuve qui se déroule dans des salles d’examen fermement gardées par d’imperturbables surveillants.
De peines cohortes de candidats sollicitent toutes les ressources de leur intelligence, dans un silence solennel, le cœur chargé de stress ou d’espoir. Et pour cause. Il ne s’agit pas seulement de répondre à des questions d’examen, de résoudre, par exemple, des exercices de mathématiques, de chimie ou de physique, ou de s’attarder sur une citation philosophique, il faut se dépasser, condenser des années de savoirs en quelques heures d’épreuves, donner le meilleur de soi-même. Que de manuels écornés, que de leçons à assimiler, de nuits entières passées à «bachoter».
Le jour J, dans les cours et les couloirs des lycées, l’ambiance offre un singulier mélange d’intensité nerveuse et de sérénité. Certains candidats revoient à la hâte, des formules, d'autres s’accrochent à des citations comme à des bouées. Il n’y a pas de recette miracle, une panacée universelle; chacun est tenu de se forger son propre chemin pour être fin prêt. Le bac n’est pas qu’un banal examen. Il est une frontière symbolique. Avant lui, l’enfance résonne encore ; après, l’avenir s’ouvre, avec ses promesses et ses vertiges, ses succès et ses désillusions.
Pour tous les élèves de terminale, c’est le premier grand test, celui qui demande courage, méthode et persévérance. Une sorte de nouvelle page leur est tendue à eux de prouver qu’ils sont aptes à écrire la suite.
Le poète a bien raison de dire «le bac n’est pas un sommet, mais le premier pas sur le fil vertigineux de la vie» et que dans la blancheur d’une copie se joue parfois le début d’un destin. Et puis vient le jour des résultats. Sous les panneaux d’affichage, les noms défilent, accompagnés de mentions qui sonnent comme des récompenses ou tombent comme des verdicts chargés de déception. Larmes de joie, soupirs de soulagement, et malheureusement l’amère morsure de l’échec. Mais en définitive, même ceux qui trébuchent doivent savoir au plus profond d’eux-mêmes, qu’ils ont grandi.
Ainsi va le baccalauréat, rite ancien aux mille facettes, traversant les âges et défiant les générations, résistant à l’usure des temps, outrepassant la tradition et se mettant au diapason de la modernité. Une modernité de plus en plus vertigineuse mais non dépourvue d’enthousiasme.
Le bac n’est pas parfait, il est parfois contesté, mais il reste un passage obligé. Il demeure envers et contre tous, l’écho, la marque de fabrique de toute société qui se respecte, celle qui maintient et encourage en permanence, les vertus de l’effort et le goût de la réussite.
M. B.