
Être au volant est loin d'être une partie de plaisir pour l'automobiliste. Elle l’est certainement moins si ce dernier est une femme. En fait, conduire en Algérie est une mission impossible pour la gent féminine, taxée de tous les maux qui surviennent sur les routes, allant du simple accident, sans dégâts majeurs, aux carambolages monstres avec des dommages collatéraux matériels et humains. Le parti pris contre les conductrices chez nous est tellement flagrant qu'il donne l'impression qu'il existe deux codes de la route : l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes. La réaction des gens quand ils voient une femme aux commandes de son véhicule est révélatrice d'idées reçues et de préjugés qui continuent malheureusement de résister à l'évolution de la société. Les commentaires négatifs, les remarques désobligeantes et autres formes de violence à l'égard des femmes sur les routes prouvent, on ne peut mieux, que les mauvaises habitudes ont toujours la peau dure.
Dépassements dangereux, violences verbales
Aujourd'hui, de plus en plus de femmes sont détentrices du permis de conduire. Mieux encore, elles ne se limitent pas à avoir le document «rose» mais de conduire aussi son propre véhicule. En fait, cette nouvelle expérience n'est pas toujours vue d’un bon œil par certains automobilistes qui se montrent très agressifs vis-à-vis des conductrices. Mépris, insolence et autres atteintes attendent, tous les jours, les femmes automobilistes sur nos routes. Elles paient les frais des idées reçues et des stéréotypes qui font porter le chapeau aux femmes, dans on parle, des accidents de la route. L'OMS est catégorique à ce sujet. Les hommes conduisent dès leur jeune âge et risquent davantage d'être impliqués dans un accident de la route. Selon cette dernière, près des trois quarts, soit 73% des tués sur les routes sont des hommes. Pour la catégorie des jeunes conducteurs, les jeunes hommes de moins de 25 ans encourent 3 fois plus de risques d'être tués dans un accident de voiture que les jeunes femmes. Le bilan de l'hécatombe routière pour l'année précédente, selon la Délégation nationale à la sécurité routière qui a enregistré plus de 18.000 accidents de la route en Algérie, confirme la responsabilité des conducteurs hommes avec un taux qui dépasse les 80% du nombre total de blessés et de morts. Dire aujourd'hui que les femmes sont de mauvaises conductrices est infondé. Il est même évocateur de discrimination liée au genre. Ceci est confirmé d'ailleurs par bien des femmes qui conduisent des poids lourds, des camions d'extranet, des tracteurs et autres engins. Il existe aussi des femmes pilotes qui prouvent que la compétence est loin d'être liée au genre. Dire de nos jours «femmes au volant, danger au tournant», est une affaire de préjugés. Rien de plus.
Samia D.