
L’ambassadeur d’Italie, Giovanni Pugliesea : «La visite du Président italien sera la première d’un Président européen à Alger, depuis l’élection du Président Tebboune.»
Un vibrant hommage a été rendu hier au Centre national d’études et de recherches du mouvement national et de la Révolution du 1er novembre 1954 d’Alger, à l’ami de l’Algérie, Enrico Mattei décédé le 27 octobre 1961. Le directeur du centre, Djamel Eddine Miaadidira que l’Algérie n’oubliera jamais ces hommes et ces femmes qui ont soutenu le combat libérateur du peuple algérien durant la glorieuse révolution de novembre 1954. «Enrico Mattei était l’un de nos plus grands amis et son soutien pour l’Algérie était indéfectible». Le ministre des Moudjahidine et Ayants droit, Laid Rebigua a souligné que l’ancien PDG de la société des hydrocarbures italiennes ENI a constamment défendu les causes justes et les peuples opprimés. «Mattei a aidé financièrement la Révolution et a ouvert les centres de formation de l’ENI aux futures cadres algériens de l’industrie des hydrocarbures», a-t-il affirmé avant de révéler qu’en reconnaissance, l’Algérie a décidé de baptiser de son nom le gazoduc qui relie l’Algérie à l’Italie. Le ministre a rappelé que le président de la République, a décerné, en septembre dernier, la médaille des amis de la révolution à Enrico Mattei à titre posthume. Pour le représentant du ministère des Affaires étrangères, Abdelhakim Amrouche, la rencontre est une opportunité pour rendre hommage à cet homme qui a soutenu notre guerre de Libération. Enrico Mattei a contribué, par un important travail médiatique, a faire prendre conscience à l’opinion publique italienne de l’oppression du peuple algérien en lutte pour son indépendance. «Suite à quoi les Italiens sont descendus massivement dans les rues pour soutenir l’indépendance de l’Algérie». L’intervenant a indiqué que les relations entre l’Algérie et l’Italie sont «très anciennes» et ont toujours été «denses et excellentes». L’Algérie entretenait par le passé des relations privilégiées avec de nombreuses républiques maritimes italiennes. «L’Italie est l’un des seuls pays qui n’a pas fermé son centre culturel et sa liaison aérienne avec notre pays pendant la décennie noire». S’agissant des relations bilatérale, en 2003, un traité d’amitié a été signé entre les deux pays tandis qu’un mémorandum d’entente pour un partenariat stratégique a été signé en 2020. «La coopération entre les deux nations se renforce au quotidien. L’Algérie fournit environ 40 % des besoins énergétiques de l’Italie et compte bénéficier de l’expérience de ce pays pour le développement des startup et de l’économie numérique». L’ambassadeur d’Italie, Giovanni Pugliese a qualifié Enrico Mattei de personnalité mythique, révélant que lors de sa prochaine visite à Alger, en novembre prochain, les deux présidents procéderont à l’inauguration du jardin Enrico Mattei à Alger. «Cette visite est éminemment importante, outre d’être la première d’un président européen à Alger depuis l’élection du president Tebboune, elle permettra de renforcer les relations bilatérales dans tous les domaines», rappelant que les deux pays partagent une vision commune sur plusieurs questions géopolitiques.
«Rome était devenue une place centrale du CCE, puis du GPRA.»
Revenant sur le parcours de Mattei, l’ambassadeur a rappelé qu’il était pétri de valeurs humanistes et prônait des relations d’égale à égal avec les nations du Sud.» Son soutien à la cause algérienne était inconditionnel», a-t-il conclu, réitérant ses remerciements à l’Algérie pour cette commémoration. Prenant la parole le moudjahid Daho ould Kablia a déclaré que lors de la Révolution la sympathie des Italiens pour le combat du peuple algérien, était «immense». Il a rappelé que le maire de Florence Giorgio La Pira, avait, dès l’année 1956, mis en place le comité italien pour la paix en Algérie qui a joué un rôle crucial dans la défense de la cause algérienne. «Il a contribué à ouvrir toutes les portes au représentant du FLN en Italie, Tayeb Boulahrouf», a-t-il indiqué. Rome était devenue une place centrale de l’activité politique et diplomatique du CCE puis du GPRA. Mattei s’est toujours opposé à l’exploitation des pays du tiers monde par les multinationales des hydrocarbures et prônait un partage égalitaire. «Il voulait faire bénéficier ces pays du transfert de technologie et leur donner jusqu’à 70 % des dividendes et a fortement aidé la stratégie algérienne relativeaux hydrocarbures.
Enfin, pour la directrice du Centre culturel italien à Alger, Antonia Grande, Enrico Mattei était animé par un profond sentiment de justice et de lutte contre l’impérialisme et le colonialisme. Pour ce dernier, les richesses naturelles revenaient de pleins droits aux pays producteurs et devaient servir exclusivement pour leur développement économique.
«Mattei avait décidé de soutenir le peuple algérien dans son combat et a refusé d’exploiter ses richesses en rappelant aux Français que tout accord se fera uniquement après l’indépendance du pays et avec l’Etat algérien», a-t-elle rappelé avant de se féliciter que son pays était la nation européenne qui a accordé le plus de facilités pour les activités diplomatiques du FLN.
Sami Kaidi