
La commémoration d’El-Maoulid Ennabaoui revêt un caractère particulier, car il permet à la famille de se retrouver autour d’une grande table garnie d’un bon repas traditionnel, dans une atmosphère chaleureuse créée par les bougies ; un moment de grande piété familiale qui n’a pas son pareil, perpétuant la tradition du Prophète (QSSSL) .
Fort heureusement, le Mouloud est encore célébré dans beaucoup de foyers. B’khour, encens, djaoui et ambar embaument nos maisons et dans la soirée, thé et fruits secs et bougies créent une ambiance pleine de douceur. Beaucoup de familles algériennes procèdent durant la nuit du Maoulid Ennabaoui à la circoncision d’un enfant qui sera vêtu d’un costume traditionnel pour la rituelle cérémonie du henné à la lumière des bougies. «Le Maoulid Ennabaoui est pour nous une occasion de célébrer l’envoyé d’Allah. Bien que nous prions sur le prophète tous les jours, le jour du Maoulid Ennabaoui est une occasion spéciale pour nous d’exprimer notre affection et notre amour profond au plus noble des envoyés. C’est aussi une occasion en or d’intéresser les enfants à cet événement », nous dira Fadila, mère de famille de Blida .
Les associations de bienfaisance organisent en ce jour des repas pour les pauvres et les nécessiteux, d’autres offrent la zakat aux nécessiteux. «C’est une occasion de replonger dans la vie du Prophète et de ses compagnons, ce qui nous permet de mieux vivre nos épreuves au quotidien et d’en tirer des enseignements. L’intérêt ne réside donc pas dans la manière de célébrer cet événement, mais dans la concrétisation de la sagesse du Prophète par rapport à notre vie », nous dira une grand-mère qui consacre cette soirée à raconter les réalisations de Mohamed à ses petits-enfants. «Il est des questions qu’il est bon de se poser à cette occasion, pour faire le point, une introspection sur ce que l’on a pu réaliser. Plus qu’un rappel, il nous faut réfléchir sur notre situation en tant que croyante, penser à notre état spirituel», dira cette autre mère de famille.
«Autrefois, dit-elle, on invitait nos voisines dans la cour de la maison pour entamer, dès les premières lueurs du jour, la préparation de mets les plus délicats en quantités abondantes, notamment «thrida» et «chakhchoukha». Une partie de ces plats était conservée et l'autre était donnée en aumône. C'était souvent de larges «gassaâ» (grands plats en bois pour six personnes) de chakhchoukha, garnies de viande et de légumes qui prenaient le chemin des mosquées ou qui étaient servies sur le pas de porte des maisons pour les passants démunis. Dans l'après-midi, la maison était soigneusement nettoyée et parfumée d'encens et de musc, et les femmes se paraient de leurs plus belles tenues traditionnelles en général en prévision de la veillée d'El Maoulid.» Les veillées se terminaient par des qaâdate autour des grand-mères qui racontaient, en brillantes oratrices, les histoires fabuleuses de Sidna Mohamed . Beaucoup d’Algériens restent aujourd’hui très attachés à la célébration de la naissance du Prophète Mohamed selon des traditions solidement ancrées, même si le cérémonial en lui même semble, aujourd'hui, bien différent de celui d'antan..
Henné et friandises dans les écoles
II n’y a pas que les magasins, les marchés et les foyers qui se préparent pour cette fête spirituelle, mais les écoles et les crèches aussi se mettent de la partie pour faire vivre aux enfants cet événement.
Les enseignants, en effet, consacrent des séances à l’œuvre du Prophète Mohamed ou encore sollicitent les élèves pour faire des exposés sur le Prophète.
Certains établissements vont jusqu’à organiser des manifestations culturelles pour approfondir les connaissances des écoliers.
Il faut dire que les élèves du préscolaire et du primaire sont les plus ciblés. Il s’agit, de valoriser l’événement et inculquer à l’enfant l’amour du Prophète et les principes de sa religion. Les institutrices du cycle primaire et les éducatrices des crèches concoctent ainsi un programme à la hauteur de l’événement : , limonade, tamina, gâteaux et autres friandises et du henné sont au rendez-vous.
Farida Larbi