
Le crime cybernétique explose, c’est ce qui ressort du bilan 2020 de la police judiciaire de la Sûreté nationale présenté, mercredi, par le contrôleur général de police Arezki Hadj Saïd, directeur de la Police judiciaire à la Direction général de la Sûreté nationale, à l’École supérieure de police Ali-Tounsi.
Ainsi, 5.163 crimes et délits ont été constatés, l’année dernière, sur la Toile : atteintes aux personnes, attaques visant les systèmes informatiques, arnaques, propagande subversive, terrorisme informationnel, obscénités ciblant la population juvénile et même des enfants, trafics en tout genre. Le conférencier explique qu’à ce chapitre, le crime cybernétique est sur une courbe ascendante, le nombre d’affaires passant de 1.055 en 2016 à plus de 5.000 en 2020.
S’il est vrai que la demande sur la connexion a atteint des seuils importants, plus particulièrement durant les périodes de confinement, dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, une telle explication ne justifie pas, à elle seule, le développement du crime cybernétique. Le phénomène relève d’une évolution naturelle de la société, estime le directeur de la PJ, mettant l’accent sur le mauvais usage des réseaux sociaux, lequel constitue non seulement une transgression aux lois en vigueur, mais s’avère également parfois nocif, voire subversif, lorsque la dérive obéit à des fins criminelles.
En la matière, l’arnaque sur le Net représente un véritable fléau. «En 2020, l’Algérie a été ciblée par une féroce campagne d’hameçonnage sur Internet en quête de victimes à escroquer», indique un officier de la PJ ; les crimes cybernétiques ont connu une hausse de 400% à travers le monde, causant des pertes estimées à 2 trillions de dollars, selon les statistiques d’Interpol. Le contrôleur général de police souligne que «la bataille contre la cybercriminalité sera accentuée cette année, car améliorer nos capacités de riposte, en optimisant la collecte et le traitement de l’information, relève d’un impératif de l’heure».
L’autre fait saillant se rapporte à la saisie de quantités importantes de psychotropes dépassant les 3,7 millions de comprimés récupérés en 2020. Ce genre de saisies représente une hausse de 200%, comparativement au bilan de 2019. La lutte contre le trafic de drogue est l’une des missions principales des éléments de la police judiciaire, qui ont procédé, l’année dernière, à l’interpellation de 56.706 individus impliqués dans plus de 46.000 affaires marquées par la saisie de 11 tonnes de kif traité, deux kilos d’héroïne et deux kilos de cocaïne.
Non-respect des mesures sanitaires : plus de 207.000 personnes interpellées
Trafic de drogue, crimes et délits contre les personnes et les biens, crimes économiques et financiers, atteintes aux mœurs et violences contre la femme et en milieu scolaire, la totalité des affaires enregistrées en 2020 s’est élevée à 258.171 impliquant 246.200 personnes. 71,5% de ces affaires ont été résolues. S’agissant des cas de meurtre avec préméditation (211 affaires) ou des tentatives de meurtre (375), ce genre de crimes a connu un taux de résolution de 100%. Les cas de violence contre les femmes totalisent 6.782 affaires de maltraitance et harcèlement, dont la moitié a été perpétrée par l’entourage immédiat des victimes. Plus de 6.000 enfants ont fait l’objet de différentes formes de violence traitées par les services de la police judiciaire qui ont interpellé plus de 207.000 individus, dont 3.200 ont été écroués- pour violation du confinement. Par ailleurs, 13.000 procès-verbaux ont été notifiés aux commerçants n’ayant pas observé un respect strict des mesures sanitaires.
S’agissant des « gangs de quartier», l’intervenant, tout en rappelant le durcissement de la lutte contre ce phénomène, a plaidé pour une approche axée sur la collaboration de la société civile.
Karim Aoudia