Au chevet de ses ressortissants en France : L’Algérie déploie son bouclier

Face à cette nouvelle escalade dangereuse, l’Algérie multiplie les mesures en faveur de sa diaspora, dans un esprit d’unité, de respect et de solidarité.

En pleine crise diplomatique avec la France, que certains observateurs avertis qualifient de « la plus grave » depuis l’indépendance, l’Algérie ne perd ni son calme ni le sens de la mesure et de la retenue. Bien au contraire. Face aux attaques violentes et assauts répétitifs d’une extrême droite haineuse et algérophobe et d’une droite en perte de repères, l’Algérie adopte une posture à la hauteur de la grandeur de son histoire et des valeurs qu’elle incarne et ne cesse de défendre.
Au moment où les milieux extrémistes français, écumant l’Administration et imposant leur ligne de conduite au gouvernement Bayrou, prennent prétexte de cette crise pour s’en prendre aux ressortissants algériens, l’Algérie emprunte une autre voie, celle de la sagesse et de la lucidité en séparant le bon grain de l’ivraie et en faisant la différence entre le peuple français et les responsables de cet épais brouillard qui couvre les relations algéro-françaises.
Aux entraves bureaucratiques, lourdeurs administratives et cabales judiciaires, les autorités algériennes répondent par des mesures de facilitation pour l’octroi de visas aux Français ayant un lien avec l’Algérie. En effet, les conjoints et les enfants de ressortissants algériens peuvent désormais effectuer leur demande de visa sans rendez-vous. « Il est porté à la connaissance des ressortissants algériens établis dans la circonscription consulaire de Nanterre, que les demandes de visa de type familial, introduites par les conjoints et les enfants de ressortissants algériens, sont exemptées de rendez-vous préalable », a indiqué la représentation consulaire algérienne à Nanterre dans un communiqué rendu public le 17 mai. Cette décision, qui s’ajoute à d’autres facilitations accordées aux Algériens vivant en France, reflète cette volonté manifeste de l’Algérie de renforcer davantage le lien indéfectible avec sa diaspora mais aussi avec de nombreux Français qui sont, d’une manière ou d’une autre, liés à ce pays d’un million et demi de martyrs. L’attitude de l’Algérie met à nu les pratiques douteuses du ministre de l’Intérieur français qui espère vainement faire monter la diaspora contre son propre pays en usant divers subterfuges pour lui mener la vie dure. D’ailleurs, au fil du temps, les choses se clarifient et les intentions se précisent. Le locataire de la place Beauvau prépare bien une chasse aux sorcières contre les ressortissants algériens.
Ce virage dangereux est confirmé par une récente déclaration à la presse de la porte-parole du gouvernement français, Mme Sophie Primas, annonçant la préparation d’« autres dispositions plus importantes, en particulier sur une partie de la diaspora algérienne, pour avancer sur d’autres sujets ». Des propos qui ont suscité un vif émoi aussi bien en France qu’en Algérie.
De nombreux analystes y ont vu une forme de stigmatisation ciblée, d’autant plus préoccupante qu’elle vise non seulement des ressortissants algériens mais aussi des binationaux. Un haut fonctionnaire français proche des dossiers bilatéraux, cité par un média de l’Hexagone, n’a pas caché son indignation : « Mais comment peut-on dire des choses pareilles ? C’est scandaleux et dangereux même, vu l’impact sur des ressortissants qui restent Français selon le droit ». La déclaration de Mme Primas, à la tonalité discriminatoire et provocatrice, tranche avec les discours tenus jusque-là par les responsables français.
Pas plus tard que le 5 mai, sur les ondes de RTL, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, mettait en garde : « Nous avons intérêt à ne pas faire de l’Algérie un sujet de politique intérieure. Lorsque nous le faisons, nous prenons le risque de causer du tort à nos compatriotes franco-algériens, et c’est lorsque la relation est à peu près équilibrée que l’on obtient des résultats ». Bien avant lui, le président Emmanuel Macron avait appelé en février dernier à ne pas s’en prendre aux Algériens établis en France ni aux binationaux. « Des millions de Français sont nés de parents algériens, sont parfois binationaux (…). Ils ont le droit à une vie tranquille aussi », avait-il affirmé. Face à cette nouvelle escalade dangereuse, l’Algérie déploie son bouclier en renforçant ses liens solides avec la diaspora, dans un esprit d’unité, de respect et de solidarité.
Cette politique pourrait bien se révéler être un levier stratégique dans une relation bilatérale plus que jamais soumise aux vents contraires des postures politiques internes françaises. Il faut rappeler toute l’importance qu’accorde le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à la communauté nationale à l’étranger en veillant à la protéger et à promouvoir sa participation au renouveau national.

M. A. O.

Multimedia