
La tenue des élections locales, prévues pour le 27 novembre prochain, bouclera un processus lancé depuis décembre 2019 et qui tend à reconstruire les institutions voulues par le Président Tebboune. Entamé par une élection présidentielle, qui avait porté Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême, jusqu’aux élections législatives, en passant par une révision de la Constitution, ce processus tend donc au parachèvement et à la mise en place des institutions de l'État et constitue également un nouveau jalon dans le processus d'édification d'une Algérie démocratique encore plus proche du citoyen.
En effet, le chef de l'Etat a procédé, le 28 août dernier, à la signature d'un décret présidentiel portant convocation du corps électoral en vue des élections anticipées des Assemblées populaires communales (APC) et de wilaya (APW) prévoyant également la révision exceptionnelle des listes électorales durant la période allant du 5 au 15 septembre 2021. Le Président Tebboune avait indiqué que les élections législatives «constituent le deuxième jalon dans le processus de changement et d'édification d'une Algérie démocratique encore plus proche du citoyen qu'avant», en attendant la tenue des élections locales (APW et APC), qui se veulent «le dernier jalon» de ce processus. Le parachèvement du processus électoral, à travers le renouvellement des APC et APW, permettra de «rétablir la confiance» entre les citoyens et leurs représentants et de «corriger les défaillances» relevées dans les assemblées locales au cours des dernières années, selon des observateurs politiques.
Réforme du Code communal, vers une gouvernance rénovée ?
Il faut dire que dans un contexte de crise sociale et économique, les Algériens sont en droit de se poser bien des questions sur l’efficacité de la structure profonde du pouvoir local. Où sont les élus locaux et que sont-ils devenus au cours des 20 dernières années ? Comment les prétendants aux APC et aux APW se comporteront-ils après les campagnes électorales auprès de leurs électeurs et des citoyens à l’abri du regard des médias, une fois qu’ils sont élus? Les citoyens resteront-ils cantonnés au rôle de votants ? La démocratie participative réussira-t-elle à leur donner de nouvelles perspectives? Des questions légitimes et justifiées.
Qu’ils soient électeurs ou pas, qu’ils votent ou qu’ils s’abstiennent, les citoyens doivent prendre conscience qu’il y a un double enjeu local et national pour les Algériens à se mêler de ces élections, à ne pas les considérer comme non essentielles. Il incombe aux décideurs de redonner aux communes plus de moyens, de revoir le Code de la fiscalité, d’engager une véritable décentralisation, de travailler aux solidarités, aux coopérations, de supprimer les inégalités des territoires au-delà des projets et des programmes mais aussi d’appliquer la parité dans la répartition des compétences entre les organes locaux, et libérer les initiatives. Il faudrait aussi redessiner la mission et le rôle des communes dans le nouveau contexte économique national et redéfinir sa gestion et enfin assigner à la commune un rôle majeur dans la création de richesses, en exploitant toutes les potentialités des territoires qu'elle gère.
On sait que, d'après des statistiques qui remontent à 2014, près des deux tiers des 1.541 communes du pays sont déclarés pauvres. Elles n'arrivent à subsister que par la grâce des subventions de l'Etat, via le Fonds commun des collectivités locales. La question qui taraude aujourd'hui les citoyens électeurs étant de savoir comment vont s'y prendre les nouveaux maires pour asseoir une nouvelle gouvernance locale, un cadre de vie amélioré, un climat de création de richesse et de plus-value ?
Le 27 novembre prochain marquera donc «l'ultime étape» du parachèvement de l'opération de renouvellement des institutions de l'Etat, ce qui permettra de «passer à autre chose en se consacrant à un véritable développement local», estiment des observateurs, ajoutant que la décision d'organiser des élections anticipées pour le renouvellement des institutions de l'Etat est venue en réponse aux revendications du Hirak du 22 février 2019. A ce titre, le Bureau du Conseil de la nation a salué, au lendemain de la convocation du corps électoral, «la feuille de route adoptée par le Président Tebboune en vue d'asseoir les fondements de la nouvelle République et de parachever, ainsi, l'édification de l'Etat et des institutions constitutionnelles», appelant, à cette occasion, les acteurs nationaux à «faire preuve de souplesse politique et de civisme pour une participation active à la construction d'un avenir démocratique».
Farida L.