Alger et Rome confirment leur engagement : L’ère d’une alliance industrielle

● Une dynamique stratégiquement consolidée autour d’un accord industriel d’un milliard d’euros

Le partenariat économique entre l’Algérie et l’Italie s’inscrit aujourd’hui comme un vecteur majeur de coopération stratégique, conjuguant ambitions industrielles, exigences environnementales et impératifs géopolitiques. L’évolution récente des relations bilatérales, marquée par la signature d’une quarantaine d’accords élargissant le champ de la collaboration, illustre la dynamique d’un partenariat structuré, capable de répondre aux défis économiques, technologiques et sécuritaires contemporains. Cette dynamique a connu un renforcement manifeste, lors de la visite officielle du président de la République Abdelmadjid Tebboune en Italie. En effet, cette visite a été marquée par la signature d’un accord phare d’un milliard d’euros, visant la construction, en Algérie, d’un complexe sidérurgique dédié à la production de fer préréduit (DRI) à faible émission carbone, incarnant un jalon stratégique pour la coopération industrielle bilatérale. Ce projet industriel, porté par un consortium italien composé de CEIP Scarl (12 aciéries italiennes) et Duferco, en partenariat avec l’entreprise algérienne Copresud, vise à renforcer l’autonomie industrielle européenne en matière de sidérurgie, tout en intégrant l’innovation technologique et la transition énergétique. L’usine exploitera les ressources locales, notamment un important gisement de minerai de fer, et le gaz naturel algérien, tout en adoptant progressivement l’hydrogène vert et des énergies renouvelables dans ses procédés. Cette approche exemplifie la volonté conjointe d’inscrire ce partenariat dans une trajectoire écologiquement durable et économiquement souveraine.

Une coopération bilatérale diversifiée à travers une quarantaine d’accords sectoriels

Au-delà de ce projet majeur, l’Algérie et l’Italie ont signé une quarantaine d’accords et de mémorandums d’entente, illustrant la richesse et la portée croissante de leur coopération bilatérale. Dans le secteur de l’énergie, un protocole d’entente majeur a été conclu entre Sonatrach et la compagnie italienne ENI, renforçant leur collaboration autour des hydrocarbures et des énergies renouvelables. Cette coopération stratégique intervient dans un contexte où l’Algérie assure près de 40% du gaz consommé en Italie, avec un volume d’échanges énergétiques s’élevant à 8,48 milliards d’euros, en 2024. En parallèle, l’agriculture et la pêche ont bénéficié d’accords ciblés, visant à développer les filières agroalimentaires et aquacoles, dans une logique de sécurité alimentaire et de croissance des capacités d’exportation. Le domaine industriel et technologique n’a pas été en reste, avec la signature de mémorandums portant sur la transformation industrielle, les télécommunications et la coopération technologique. Parmi les initiatives phares figure la création d’un centre de formation technologique dédié au secteur du marbre, à Oran, financé par l’Italie et destiné à valoriser le savoir-faire local. L’éducation et la formation professionnelle ont également été renforcées par un accord spécifique, visant à faciliter le transfert de technologies, les échanges académiques, ainsi que la reconnaissance mutuelle des diplômes. Cette démarche prépare une main-d’œuvre qualifiée, apte à répondre aux besoins croissants des économies des deux pays. Côté sécurité et défense, Alger et Rome ont confirmé leur engagement commun en matière de lutte antiterroriste, de prévention des incendies, de sécurité maritime et de coopération en matière de défense, créant un environnement stable propice au développement économique. Enfin, la coopération culturelle et la mobilité ont été consolidées grâce à des accords facilitant les échanges culturels, notamment dans la coproduction cinématographique, et la reconnaissance mutuelle des permis de conduire, favorisant ainsi la circulation des personnes entre les deux pays. Cette multitude d’accords reflète une relation bilatérale dynamique et diversifiée, où l’Algérie et l’Italie conjuguent leurs efforts pour bâtir un partenariat durable et multidimensionnel dans les domaines économiques, sociaux et sécuritaires.

Une relation économique robuste et durable confirmée par des chiffres clés

Ces accords s’inscrivent dans un cadre institutionnel robuste, marqué par la tenue régulière du Sommet intergouvernemental algéro-italien, qui agit comme un mécanisme de gouvernance, pour orienter et suivre la coopération. Historiquement, cette relation stratégique est fondée sur une complémentarité économique tangible : l’Italie est le premier partenaire commercial européen de l’Algérie, avec un flux d’échanges estimé à 15 milliards de dollars, en 2024, tandis que l’Algérie assure un apport crucial à la sécurité énergétique européenne.
Les échanges commerciaux bilatéraux entre l’Algérie et l’Italie témoignent d’une relation économique robuste et en pleine expansion. Cette dynamique se poursuit en 2025, puisque sur les quatre premiers mois de l’année, le commerce bilatéral a atteint 4,79 milliards d’euros, soit une hausse de 6,7% par rapport à la même période en 2024.
L’Italie absorbe, à elle seule, 26,6% des exportations algériennes, principalement dans le secteur énergétique, avec une prédominance notable du gaz naturel.
Ce dernier représente une part stratégique, l’Algérie fournissant près de 40% de la consommation italienne en gaz, ce qui conforte le rôle de l’Italie en tant que hub énergétique méditerranéen au service de l’Europe.

T. K.

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