
Le quotidien national El Moudjahid a officiellement lancé, hier, sa nouvelle plateforme multimédia numérique à l'occasion de la célébration de son 60ème anniversaire. Cette initiative marque une étape décisive dans sa mutation numérique, visant à offrir une information en temps réel, riche et vérifiée à ses lecteurs.
C’est un tournant stratégique pour une grande institution de la presse nationale. En célébrant six décennies d'existence, le quotidien historique El Moudjahid a choisi de regarder résolument vers l'avenir en inaugurant ici en son siège à Alger, sa toute nouvelle plateforme numérique. Plus qu'une simple refonte de son site web, ce lancement symbolise l'adaptation du journal aux nouvelles technologies de l'information et aux habitudes de consommation de l'actualité, de plus en plus tournées vers l'instantanéité et l'interactivité. La direction du quotidien, qui accorde une importance capitale à ce virage numérique, a mis les moyens nécessaires pour que ce projet soit à la hauteur des enjeux. L'objectif est bien limpide à savoir assurer une diffusion rapide, complète et surtout vérifiée des événements qui façonnent l'actualité nationale et internationale, tout en enrichissant l'expérience du lecteur. Au cœur de cette transformation se trouve une nouvelle rédaction web, pensée comme le moteur de la production de contenu numérique. Dirigée par GhadaHamrouche, cette équipe dynamique est composée d'une dizaine de professionnels aux profils variés et complémentaires. Journalistes, webmasters, monteurs vidéo, photographes, infographes et vidéastes chevronnés collaborent désormais au sein d'un même pôle. Dotée de moyens techniques de dernière génération, cette rédaction s'emploie à mettre en avant l'information en temps réel. La synergie de ces compétences permet de traiter l'actualité sous différents formats, articles, vidéos, reportages photo, enquêtes, podcasts, infographies animées, afin de proposer une couverture multimédia complète et immersive. La nouvelle plateforme digitale ne se contente pas de moderniser la diffusion de l'information ; elle introduit également des outils innovants pour renforcer le lien avec son lecteur. Ainsi, un code QR a été spécialement créé pour le quotidien. En le scannant, les lecteurs de la version papier peuvent accéder directement et facilement à des contenus enrichis en ligne, créant une passerelle fluide entre le support traditionnel et l'univers numérique. Cette dynamique de modernisation ne s'arrête pas là, le développement d'une application mobile dédiée était en phase finale pour faciliter davantage aux lecteurs d’accéder à l’information nationale et internationale. Celle-ci devrait voir le jour très prochainement, offrant une accessibilité et une personnalisation accrue pour les utilisateurs sur Smartphones et tablettes. Avec ce lancement, El Moudjahid ne fait pas que célébrer son prestigieux passé et sa riche histoire. Le quotidien prouve sa capacité à évoluer et à s'inscrire durablement dans le paysage médiatique du 21ème siècle, prêt à relever les défis de l'information numérique avec ambition et professionnalisme.
M.M.
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Un journal dans les cœurs
Quelle émotion ? La célébration du 60ème anniversaire de la création du quotidien El Moudjahid n’avait pas seulement une valeur historique rappelant l’évolution du doyen de la presse nationale . Elle avait surtout une dimension humaine. Les retrouvailles entre anciens et nouveaux et entre anciens eux même étaient touchantes. La génération actuelle a rencontré celle des années passées au point que la salle qui a abrité l’événement s’est avérée exigüe. Mais ni cette contrainte ni la chaleur du climat n’ont découragé l’assistance . Pour les nouveaux , il était question de mettre des visages qu’ils ne connaissaient qu’à travers les écritures . Pour les anciens c’est plutôt un ressourcement dans un lieu ou ils ont passé leur jeunesse .C’était aussi l’occasion de retrouver des collègues perdus de vue depuis des années. Cette ambiance toute aussi chaleureuse a chamboulé le programme qui n’a débuté qu’après la fin de toute une série d’accolades qui rappellent que les difficultés du travail resserrent les relations humaines . Ce resserrement est d’ailleurs plus fort quand il s’agit d’un métier aussi difficile que le journalisme et dans un quotidien comme El Moudjahid qui a vu défiler des hommes et des femmes . Certains d’entre eux étaient là . Malgré le poids de l’age et de la mauvaise santé , ils ont tenu à faire le déplacement. Ils semblaient fatigués sans doute par le fait de faire un journal tous les jours quel que soient les conditions . Meme en période de terrorisme , ils l’ont fait au risque de perdre leurs vies .C’est ce qui est arrivé à beaucoup de leurs collègues . La cérémonie qui a été organisée a servi justement à honorer ces derniers .Rien qu’à l’évocation de leurs noms , les présents se sont remémorés ces moments difficiles pour le journal et pour le pays . Plusieurs d’entre eux n’ont pas pu retenir leurs larmes . Comment ne pas le faire quand on se souvient du passage de ces hommes qui se sont sacrifiés pour que le journal vive . Leurs familles qui ont été invitées à l’occasion n’ont pas manqué d’exprimer elles aussi leur chagrin pour la perte de ces étres chers qu’elles ne sont pas les seules à aimer à et regretter . Ce partage des moments durs comme les souvenirs heureux à l’image les réalisations phares du quotidien à travers sa création , son passage réussi de l’ère de l’ouverture de l’espace médiatique et maintenant le lancement du site web, a donné un aspect particulier à l’événement . Beaucoup de présents pas seulement les anciens , auraient aimé que ces retrouvailles durent tant elles étaient intenses . Les promesses de nouvelles rencontres l’indiquaient bien. Mais à défaut d’arrêter le temps, ils peuvent toujours raviver les souvenirs autour d’un journal qui restera toujours.dans leurs cœurs.
F. D.
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Hommages et virage numérique
Dans les couloirs de la rédaction, les pas résonnaient différemment. Il y avait cette chaleur dans les retrouvailles : une poignée de main plus longue qu’à l’ordinaire, un regard qui disait plus qu’un discours. Les visages familiers des anciens croisaient ceux, encore fébriles, des jeunes journalistes. Entre eux, quelque chose passait. Une tendresse imperceptible, grave et essentielle. Les murs, tapissés de "Unes historiques", de photographies jaunies par le temps, semblaient frissonner doucement. Dans l’air, un parfum de papier, d’encre, de souvenirs. Dans chaque sourire, une émotion retenue. Ce n’était pas une nostalgie triste, non. Plutôt une gratitude grave. Une fierté silencieuse. La cérémonie a commencé avec simplicité, sans fioritures, mais avec une densité d’âme rare. Au centre de la salle, une minute de silence. Immobile. Lourde. Inhabitable presque. Pour ceux qui ne sont plus là. Pour ceux dont la voix a été éteinte, la plume brisée, l’élan fauché. Pour les confrères tombés dans les années noires. Un moment suspendu, presque sacré. On ne respirait plus. Comme si le passé retenait un instant le souffle du présent. Puis, les anciens sont entrés dans la lumière. Pas pour s’exposer. Mais pour transmettre. À leur manière. Sans discours. Par leur simple présence, ils ont tendu un fil invisible entre les générations. Ils n’avaient pas besoin de mots. Chaque geste, chaque clin d’œil, chaque silence en disait long. Les jeunes les regardaient comme on regarde une source : à la fois émus, curieux, respectueux. C’était un passage de relais sans flambeau apparent, mais incandescent. Et alors, dans un geste fort, discret mais solennel, le site web du journal a été lancé. Un écran s’est allumé. Sobre. Élégant. Comme une porte entrouverte vers demain. L’image était belle : les aînés au premier rang, les plus jeunes derrière, penchés en avant, attentifs, comme s’ils lisaient ensemble une nouvelle page. Sur l’écran, le tout premier podcast du journal. Une voix posée. Celle du tout premier directeur Rafik Bey Bensaci, interrogé par l’actuel P-DG Brahim Takheroubt. Un pont entre les origines et le présent. Les mots résonnaient doucement dans la salle, s’inscrivant dans les pierres, les mémoires, les silences. Autour, les rédacteurs, anciens et nouveaux, formaient un cercle humain dense, uni. Il n’y avait pas de barrières. Juste un lien palpable, intangible. Une conscience partagée d’appartenir à quelque chose de plus vaste que soi. Un buffet discret a permis de prolonger les échanges. On y parle à mi-voix. On se souvient. On se projete. On raconte les bouclages tardifs, les nuits sans sommeil, les éditos écrits à la hâte, les défis affrontés. On évoque aussi les envies neuves, les mutations à venir, la responsabilité que cela exige. On ne se plaignait pas. On partageait. On construisait ensemble, dans les interstices d’une célébration. En ce jour El Moudjahid n’a pas seulement soufflé ses soixante bougies. Il a respiré profondément. Il a puisé dans son passé la force d’aller plus loin. Il a regardé en face ses blessures, ses combats, ses silences. Et il s’est dit, dans le murmure collectif de ceux qui l’animent : tant que ce pays aura besoin d’un témoin, nous serons là. Peut-être plus numériques, peut-être plus discrets, mais toujours fidèles à l’essentiel. Parce qu’un journal comme El Moudjahid n’appartient pas au passé. Il l’incarne, il le traverse, il l’écrit. Et il continue, chaque jour, à poser sa plume là où l’Algérie bat encore.
S. O.