Amine Achir, pilote automobile du RAMA El-MOURADIA : «Piloter à nouveau dans une compétition officielle est un pur plaisir»

Ph. : FB
Ph. : FB

Entretien réalisé par Kader Bentounes

Vainqueur de la première manche du championnat d’Algérie de sport mécanique discipline «course de côte», Amine Achir revient, dans cet entretien, sur les circonstances de la course à Tipasa et les modifications apportées à sa Honda Civic 1992 pendant la période de confinement, ainsi que sur ses prochains défis.

El Moudjahid : Vous avez récemment remporté la première manche du championnat d’Algérie sans faire de compétition depuis le début de la pandémie de Covid 19. Ça vous a manqué à quel point ?
Amine Achir : Je n’ai pas fait de course depuis pratiquement une année. La dernière remonte au mois de février dernier, juste avant le début de la pandémie. Ça m’a gravement manqué et il faut savoir que la poussière a couvert ma voiture. La motivation n’était pas de mise au début, et pouvoir refaire une course était devenu comme un rêve inaccessible. Pour cette première manche du championnat d’Algérie, nous avons tous été contents de retrouver le circuit. Même si la chaussée du circuit de Kendouri est déformée et glissante, nous avons pris beaucoup de plaisir dans cette course.

Est-ce que vous vous entraînez pendant la période de confinement et avez-vous apporté des modifications à votre véhicule ?
La voiture a subi des modifications pendant cette période de confinement. Pour m’occuper, j’ai beaucoup travaillé pour optimiser mon bolide. C’est surtout en été que j’ai fait les travaux d'allègement et de simplification. Je ne l’ai pas essayé dans des circonstances de compétition. Je l’ai fait une semaine seulement avant l’évènement, mais ça n’a rien à voir avec les circonstances réelles d’une course qui est autre chose, en sachant que la route est fermée à la circulation et qu’on roule plus vite donc. Franchement, j’ai commencé la course avec une peur bleue, surtout que j’avais déboursé beaucoup d’argent pour ces travaux et que j’avais peur que ça ne donne pas ses fruits. Finalement, c’était parfait, mon joujou a fait exactement ce qu’il devait faire et j’ai réussi à faire le meilleur temps.

Avez-vous déjà piloté dans le tracé de Kendouri à Tipasa ?
J’ai beaucoup d’émotion dans ce tracé car c’est là où j’avais fait ma première course en octobre 2008. Cette discipline s’appelle «course de côte» avec un départ, suivie d’une montée de plus d’un kilomètre ! Le tracé de Kendouri dans la wilaya de Tipasa était déformé. La chaussée n’a pas été renouvelée depuis longtemps. C’est très glissant et pas uniforme. Avec des endroits où il y a plus d’adhérence que d’autres et parfois beaucoup de poussière. C’était un vrai challenge à relever et tel a été le cas pour moi, Dieu merci.

Après la victoire de cette première manche, quels sont les dates et les parcours des prochaines courses ?
Il reste cinq ou six manches, mais généralement, les dates et les lieux diffèrent. Malheureusement, il n’y a pas de médiatisation dans le sport automobile en Algérie, et même nous les pilotes, on ne connaît pas les dates des manches à venir. Sinon, hormis les dates du championnat, il y a des compétitions avec des trophées, des courses individuelles ainsi que des circuits de vitesse dont aucune date n’est confirmée pour le moment.

Quel est le défi que vous compter relever à l’avenir ?
Dans les courses, les voitures sont classées par différentes catégories. Cela dépend principalement de la cylindrée qui signifie la puissance du moteur. Pour ma part, je suis à la 2.0 litres depuis 2013, et j’ai décidé de garder le même moteur mais en 2,5 litres jusqu’à 3.0 litres. Il faut savoir que cette décision a été prise car depuis 2013, je n’ai jamais perdu la moindre course dans la catégorie 2 litres. Il y a plein de facteurs qui font que ma voiture était bien plus performante que les autres et je me retrouvais à gagner presque sans faire beaucoup d’efforts. Je veux un nouveau challenge avec d’autres défis à relever. Je veux courir dans une catégorie où, avec les autres pilotes, on sera pratiquement à arme égale. Après, il y a beaucoup de paramètres qui font que la voiture est performante ou pas, pas juste la cylindrée.

Vous êtes affilié au club RAMA El Mouradia. Parlez-nous de la situation des clubs de sports mécaniques en Algérie ?
Pour participer à n’importe quel événement de sports mécaniques, il faut être affilié à un club. A la base, j’ai intégré le club du RAMA El Mouradia pour pouvoir prendre part à des courses. Je n’ai pas choisi n’importe quel club car le RAMA est présidé par Belkacem Amara, qui est un connaisseur en la matière. On parle le même langage et on est sur la même longueur d’onde.
Le courant passe très bien entre nous et mon adhésion à ce club s’est donc faite naturellement. Il faut dire que nous manquons de moyens pour les entraînements. On a du mal à se procurer les autorisations pour fermer les routes, parce qu’on n’a pas de circuits en Algérie. On ne peut pas le faire sur une route ouverte. C’est surtout la théorie que nous faisons. Parfois on fait des exceptions, parfois je prends le dépannage, je prends ma voiture en montagne et je l’essaye ; je mets mes amis dans un angle mort pour qu’ils m’orientent, mais c’est juste pour essayer la voiture pour être plus ou moins préparé le jour de la compétition.
Le RAMA est l’un des meilleurs clubs en Algérie. Le président veille au confort de ses pilotes et s’occupe des démarches administratives. Il y a parfois des aides financières et je ne compte pas changer de club du moment que je m’y sens très bien. On a essayé de me recruter à maintes reprises, mais j’ai toujours refusé car l’argent ce n’est pas tout pour moi. Je privilégie la passion et la tranquillité d’esprit.

Sur tous les tracés sur lesquels vous avez piloté, quel était celui pour lequel vous avez eu un coup de cœur ?
Le tracé d’Aïn Témouchent me plait beaucoup. C’est un endroit idyllique à proximité de la plage de Sebiat. On peut y joindre l’utile à l’agréable car en plus de la course, on y contemple de superbes paysages. La qualité de la route est impeccable, avec un tracé très intéressant. C’est en plus un endroit vide, sans population dans un rayon d’environ 40 à 50 kilomètres. J’apprécie énormément aussi la montée de Chréa qui est connue à l’échelle internationale. Les autorités du pays et les responsables du sport national doivent à mon sens accorder de l’importance aux sports mécaniques qui sont très prisés chez nous. Ils comptent de nombreux passionnés. Hélas, ni les moyens matériels et financiers, ni les circuits adaptés ne suivent. Les sports mécaniques sont une discipline sportive très attractive et spectaculaire. On y gagnerait à y investir sur le plan sportif et économique, surtout dans le domaine événementiel. Beaucoup de nos jeunes aiment la vitesse et veulent vivre de fortes sensations. Les sports mécaniques sont le cadre idéal pour ça, pour peu que les moyens suivent et qu’il y ait une volonté de les développer dans notre immense et vaste pays.
K. B.

Multimedia