
La mendicité prend l’allure d’un fléau qui affecte la bonne conscience collective. L’émergence de cette nuée de femmes organisées en bandes, avec un système d’exploitation d’enfants loués à la journée et exposés sur les routes, les carrefours, les portes de mosquées, fait partie du décor urbain. Le problème relève plus de la criminalité que de la pauvreté. Quand la mendiante change son butin quotidien en pièces de monnaie chez le commerçant, la somme avoisine les 10.000 DA ; Aussi, l’acte charitable du don participe à cette tromperie et alimente le phénomène. Aux grands maux, les grands moyens.
Les pouvoirs publics interviennent pour juguler la mendicité. Les proportions, en fait, alarmantes prises par ce fléau qui touche même les enfants sont inquiétantes, d'autant plus que la promulgation d'une loi interdisant la mendicité peine à freiner ce phénomène. Vice pour certains, besoin pour d'autres, tendre la main est entré dans les mœurs quotidiennes. Tous les quartiers vivent au rythme d'une détresse humaine dont les acteurs sont des mineurs, et, parfois, aussi, des handicapés, utilisés, souvent, par des réseaux et des groupes de personnes, attirés par le gain facile.
En effet, conformément aux recommandations du dernier Conseil du gouvernement, le ministère de la Solidarité nationale et de la Condition de la Femme a lancé, à partir d'hier, une campagne de sensibilisation, consacrée à ce phénomène. Aujourd'hui, cette initiative se veut une réponse à un constat qui a résisté, y compris aux interventions des services de sécurité. Les interpellations sont légion, mais le phénomène a la peau dure. Il finit toujours par revenir pour se réapproprier les rues, les centres urbains, les marchés et les entrées de mosquées. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Beldjoud, a annoncé récemment que 77 affaires au niveau national ont été enregistrées, de 2020 au mois d'octobre dernier. Durant la même période, 77 individus, impliqués dans l'exploitation d'enfants dans la mendicité ont été mis en détention provisoire et 54 autres sous contrôle judiciaire. Dans le même sillage, des instructions ont été données aux services compétents afin d'intensifier les opérations de sensibilisation au profit des parents et le renforcement du contrôle des lieux fréquentés par les bandes criminelles qui s'adonnent à l'exploitation des mineurs. Des démarches auxquelles s'ajoute la campagne de sensibilisation qu'organise le ministère de la solidarité nationale, considérée comme une suite logique aux efforts déployés par les instances nationales dans le cadre des orientations des départements ministériels de l'intérieur et de la solidarité nationale, qui se sont fixés comme objectif premier la lutte contre la mendicité. Il y a lieu de préciser qu'une loi interdisant cette dernière a vu le jour en 2015. Elle cite les situations mettant en danger l’enfant, dont la mendicité. A la faveur de la loi en question, une protection sociale est déclenchée.
Sur dénonciation, les services en milieu ouvert sont, ainsi, habilités à engager une enquête, et au cas où le danger est avéré, le juge des mineurs sera saisi du dossier pour prendre les mesures qui s'imposent.
La loi sur la protection de l’enfant stipule clairement que la famille est l’environnement naturel pour l’épanouissement de l’enfant. Mais ce n'est pas le cas souvent, ce qui explique l'article 5 de cette loi très explicite sur la protection des enfants qui revient de droit aux parents, en fonction de leur situation financière, allant jusqu'à prévoir des aides pour garantir à l’enfant le droit à la protection.
Cette loi reste, cependant, insuffisante. Preuve en est le nombre de ces mendiants qui investissent les rues. Aujourd'hui, des familles entières de migrants subsahariens s'adonnent librement à la mendicité. Se pencher sur ce fléau devient plus que nécessaire. Il est clair que la campagne lancée hier, pour la sensibilisation sur ce fléau, ne suffit certainement pas pour l'éradication de ce phénomène qui noircit nos villes, et le durcissement des lois reste seul moyen pour lutter contre ce fléau. Nous avons essayé de contacter le ministère de la solidarité nationale et de la Condition de la femme pour en savoir plus sur le déroulement de cette campagne, mais notre démarche a été vaine.
Samia D.