Tlemcen : un été sous haute surveillance

Glaces, pâtisseries, boissons fraîches… À Tlemcen, l’été s’annonce sous le signe du plaisir, mais aussi de la vigilance. Derrière le murmure discret des compresseurs et la fraîcheur trompeuse des vitrines réfrigérées, une autre tension monte : celle des inspections sanitaires.

En cette saison où la chaleur favorise la consommation de produits frais, la Direction du commerce intensifie ses descentes sur le terrain. Leur cible : les commerces alimentaires, notamment ceux spécialisés dans la fabrication et la vente de douceurs estivales très prisées, mais aussi les étals de viandes, d’œufs et autres produits transformés. Une mobilisation essentielle pour garantir la sécurité alimentaire dans un contexte où le moindre manquement peut avoir de lourdes conséquences. A cet effet, une opération de contrôle coordonnée a mobilisé les agents de la cellule de protection du consommateur, de la répression des fraudes ainsi que ceux chargés de la surveillance des pratiques commerciales et de la concurrence. Leur objectif était clair : garantir la salubrité des denrées alimentaires et veiller au respect des règles du commerce loyal. Cette démarche s’avère d’autant plus cruciale que les fortes températures estivales favorisent la prolifération microbienne et la détérioration rapide des produits. Dans une pâtisserie en plein centre-ville, l’ambiance se fige à l’arrivée des inspecteurs. Vêtus de leurs gilets distinctifs, thermomètres en main, carnets de constatation ouverts : l’équipe ne laisse rien au hasard. Tout est passé au peigne fin. L’état de propreté des locaux, l’hygiène des employés, souvent négligée en période de forte affluence, l’entretien du matériel utilisé pour la fabrication des produits, la conformité de l’étiquetage et, surtout, la maîtrise de la chaîne du froid. «Nous ne cherchons pas à sanctionner pour sanctionner. Nous sommes là pour faire respecter les règles, protéger la santé du consommateur et prévenir les intoxications», explique un agent, devant une chambre froide dont la température dépasse légèrement le seuil autorisé. Le ton est courtois, mais ferme. L’une des priorités des contrôleurs est de s’assurer que les produits destinés à la vente ont fait l’objet d’un autocontrôle préalable de la part des commerçants. Un principe désormais obligatoire qui permet d’évaluer la conformité des aliments avant leur exposition. Autre exigence : le respect de la séparation des denrées, notamment entre viandes rouges, viandes blanches, œufs et autres aliments sensibles. Un simple mélange ou un stockage inapproprié peut suffire à provoquer une contamination croisée et engendrer un risque sanitaire sérieux. Dans plusieurs points de vente, les inspecteurs ont procédé au prélèvement d’échantillons de glaces et de pâtisseries, conditionnés immédiatement dans des glacières stériles. Ces produits seront analysés dans les laboratoires, afin de détecter d’éventuelles non-conformités d’ordre microbiologique ou chimique. Ces analyses permettront de vérifier la présence ou non de bactéries pathogènes, de colorants ou arômes interdits, de résidus toxiques ou de défauts de conservation invisibles à l’œil nu. Les résultats, attendus dans les prochains jours, orienteront les suites à donner aux inspections : simple mise en demeure, fermeture administrative temporaire ou poursuites judiciaires. L’opération ne s’est pas limitée au volet sanitaire. Les inspecteurs ont également renforcé le contrôle des pratiques commerciales. L’absence d’affichage des prix, notamment sur les produits subventionnés, reste l’une des infractions les plus fréquentes. Dans plusieurs boutiques, des produits alimentaires ne comportaient ni étiquette de prix, ni date de péremption. Certains pratiquaient des prix supérieurs aux plafonds réglementaires fixés par l'État. «Nous sommes très clairs là-dessus : les prix doivent être affichés, les règles doivent être respectées, surtout quand il s’agit de produits subventionnés par l’État», martèle un inspecteur.

Transparence et loyauté commerciale

Des rappels ont été faits aux commerçants sur l’obligation d’afficher lisiblement les tarifs, d’appliquer les prix fixés pour les produits de première nécessité, et de remettre systématiquement une facture ou un reçu aux clients. En parallèle, une démarche pédagogique est menée pour sensibiliser les opérateurs économiques aux enjeux de la transparence et de la loyauté commerciale. L’initiative s’inscrit dans une stratégie plus large menée par la Direction du commerce de Tlemcen dans le cadre de la mise en œuvre du programme national de prévention contre les intoxications alimentaires. Elle vise à assurer un climat de confiance et de sécurité dans les espaces de consommation, particulièrement en été, période où la demande en produits frais explose, notamment dans les zones urbaines et touristiques. La Direction a annoncé que d'autres opérations similaires sont prévues dans l’ensemble des communes de la wilaya tout au long de l’été. Le mot d’ordre est clair : pas de relâche, pas de tolérance envers les pratiques mettant en péril la santé des citoyens. Mais les autorités le rappellent : la responsabilité ne repose pas uniquement sur les institutions. Le consommateur a un rôle central à jouer. Être attentif à la propreté des lieux, observer les conditions de stockage, vérifier les étiquettes, demander des explications en cas de doute, et, surtout, signaler les anomalies aux services compétents. «Un client vigilant, c’est un client qui protège les autres», souligne un inspecteur. Dans une société de consommation de plus en plus rapide et saturée, cette vigilance devient un acte citoyen fondamental. Ce que révèlent ces opérations de contrôle, au-delà des constats ponctuels, c’est une volonté d’instaurer une culture durable de la qualité et de la prévention. Une culture où le respect des normes n’est pas vu comme une contrainte, mais comme une garantie. Une culture où l’éthique commerciale devient la norme, et non l’exception. Une culture, enfin, où la sécurité alimentaire est considérée comme un enjeu de santé publique, de souveraineté nationale et de justice sociale.

A. M.

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