
De notre correspondant Zouheyr Douakh
« Parmi les 56 projets lancés et inclus dans le programme complémentaire dont la wilaya de Khenchela a bénéficié, 18 opérations ont déjà été finalisées et réceptionnées », a souligné le wali, Youcef Mahiout, dans une déclaration à la presse. Ce plan concerne 14 secteurs avec un budget total de 95,6 milliards de dinars. Il va certainement insuffler une nouvelle dynamique sur tous les plans, permettant un développement local prospère et prometteur.
Commençons par le projet phare de ce programme complémentaire, auquel près de 54% de l’enveloppe financière globale lui a été allouée. Il s’agit de la ligne ferroviaire reliant Khenchela à Ain Beida (wilaya d’Oum El Bouaghi), sur une distance de 50 km. Au 15 novembre 2023, le taux d’avancement des travaux déclaré était de 57,09%. Cette cadence accélérée favorisera la finalisation du projet au cours du premier semestre de l’année 2024. Rappelant que cette voie ferrée garantira les deux volets du transport à savoir celui des voyageurs, avec un train roulant à une vitesse de 160 km/h et de 100 km/h pour le train de marchandises. A cet effet, le train qui va siffler bientôt à Khenchela, traversant plus de 2 communes, portera l’espoir d’un avenir meilleur, notamment sur le front économique dans une wilaya considérée comme pionnière de la production des variétés de pommes et autres fruits et légumes. De plus, ce chemin de fer moderne va briser les barrières de l’enclavement dans la région, rendant les déplacements fluides et faciles pour toutes les couches de la société. Lors de sa visite d’inspection et de travail, dans la wilaya de Khenchela, au mois d’août écoulé, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, a indiqué : « Cette ligne ferroviaire revêt une importance similaire aux autres grandes lignes en cours de réalisation dans le pays, en l’occurrence celles reliant Annaba à Tébessa et Bechar à Ghar-Djebilet », disait-il, en ajoutant : « La réalisation complète de ce programme complémentaire est synonyme d’une revitalisation économique qui profite à tous ». Justement, le chemin de fer est considéré comme ‘‘bâtisseur d’économies’’, il est par excellence un moyen d’organisation, d’échanges et de partage.
Un autre secteur d’avenir : l’industrie, comprend trois projets. Ces derniers consistent à réaliser 9 zones d’activité, dont 5 moyennes. Elles sont réparties sur 8 communes telles que Chechar, Remila et M'Toussa. La zone d’activité implantée à Baghaï a bénéficié également, de travaux de réhabilitation pour sa modernisation. Le taux d’avancement des travaux de toutes ces opérations est estimé à 53,33%. Cette nouvelle cartographie économique devrait non seulement tisser un réseau industriel riche et diversifié, mais également contribuer à l’absorption du taux du chômage, tout en balisant le terrain vers l’investissement. A signaler que plusieurs cargaisons ont été auparavant exportées à l’image du lot de 49 tonnes de biscuits. Ce dernier a été expédié au mois d’août 2022 vers la Tunisie, via le poste frontalier de Bouchebka (Tébessa). Ceci est la meilleure preuve que le rêve est légitime et que cette ville peut devenir réellement une plateforme économique grâce à ses atouts dans différents domaines.
Par ailleurs, le tourisme, qui constitue un levier contemporain du développement local, est au cœur du programme complémentaire, avec 4 projets à concrétiser. L’un d’entre eux affiche un taux d’avancement de 87 %. Il réside précisément à l’agrandissement du site touristique Hammam Essalihine, une station thermale aux vertus thérapeutiques. Cette extension n’est pas fortuite, car les bains romains qui s’y trouvent nous permettront de nous ouvrir à l’histoire lointaine de cette merveilleuse ville. Aussi, nous constatons quotidiennement une forte affluence de visiteurs, souhaitant profiter des vertus minérales des eaux chaudes, atteignant les 70°C. En outre, la nature spécifique de la wilaya de Khenchela allie des massifs forestiers faisant face aux montagnes des Aurès, offrant un climat modéré et des zones semi-arides. Pour cette raison, le secteur du tourisme est l’un des ingrédients essentiels sur lesquels repose cette feuille de route. À Khenchela, l’âme humaine n’est pas oubliée, en écoutant les mélodies de la chanson chaouie, cette dernière ne peut qu’être apaisée et retrouver sa sérénité. Les chansons sont chargées de sens et de poésie, portant un message des aïeux qui relate la résistance et le combat durant l’ère coloniale. Cette sublime symphonie est une partie prenante de la culture locale, où l’hospitalité est un mot d’ordre. Puis, la jeunesse, une autre formule de richesse qui nécessite une prise en charge et un encadrement adéquat. Par conséquent, le plan complémentaire en a déjà pris soin, avec la mise en place de 30 stades de proximité couverts de gazon synthétique. A ce titre, le secteur de la jeunesse et des sports est qualifié d’exemplaire par les autorités locales. D’ailleurs, tous ses chantiers ayant vu la rénovation de plus de 4 maisons des jeunes et de deux salles omnisports, avancent un taux d’achèvement de 88,17%. Ces infrastructures seront un haut point de refuge des jeunes de la wilaya, tout en les préservant des maux sociaux. Cela sans oublier, le retour en force qu’a réalisé l’équipe locale l'Usm Khenchela en rejoignant l’élite, après presque 40 ans en divisions inférieures. Les Noir et Blanc ont réalisé une saison extraordinaire et ont terminé à la 5e place au classement. Cet exploit a suscité la joie et a réuni toute la famille sportive qui aspirait relancer dans la lancée toutes les autres disciplines sportives.
La force de l’agriculture
Pour la cinquième année consécutive, Khenchela occupe le haut du classement des wilayas productrice de pommes à l’échelle nationale. En effet, elle compte 9.000 ha plantés d’arbres, dont 6.000 ha destinés aux pommiers.
Les 6 types de pommiers existants à l’instar de ‘Royal Gala’, ‘Golden délicieux’ et d’autres produisent 1.600.000 quintaux par an. Tandis que la main-d'œuvre, qui exerce dans les vergers de cet or vert, s’élève à 16.000 travailleurs. Ces chiffres encourageants ont incité les autorités locales et les habitants de la région à redoubler d'efforts en s’investissant davantage. Dans cette optique, le master professionnel spécialisé dans la production des pommes a été introduit, depuis deux ans déjà, au panier de formations qu’offre l’université de la wilaya Abbas-Laghrour. C’est ce qu’a nous a déclaré le vice-recteur chargé de la pédagogie, Abderrahman Siam « Nous avons 50 étudiants inscrits en master ‘‘production des pommes’’. Le programme de cette formation a été élaboré en collaboration avec tous nos partenaires socio-économiques locaux tels que le conseil professionnel des producteurs de pommes et l’association de Bouhmama pour les pommes et autres. A cet effet, elle comprend deux volets, l’un théorique et le second pratique. Ce dernier se déroule au niveau des 3.000 vergers de pommes existants à Khenchela, qui sont tous accessibles à nos étudiants. De plus, nous avons une convention avec une université polonaise avec laquelle nous intensifions les échanges scientifiques » , précise-t-il.
Effectivement, la science via de bonnes formations, la technologie et la bonne volonté sont l’arme exigée pour réaliser le saut qualitatif et rendre la wilaya de Khenchela un pôle ciblant l’exportation des pommes. D’ailleurs, l’une des techniques modernes en termes de plantation a été appliquée par les agriculteurs sur des dizaines d’hectares. Il s’agit du schéma de la plantation intensive qui a donné, pour le moment, les résultats escomptés. Toutefois, de nos jours, d’autres cultures commencent à prendre de l’essor, avec des agriculteurs ambitieux se lançant dans la culture du safran et de la cacahuète sur des hectares. Néanmoins, l’agriculture sans eau est orpheline et ses horizons restent incertains. Pour cette raison, les deux stations d’épuration des eaux usées des communes de Chechar et Babar constituent une réelle locomotive pour faire face à tous les soucis relatifs au stress hydrique. A titre illustratif, le chef du service d’assainissement à la direction des ressources en eau, Fawzi Menchar, nous a fait savoir que « La capacité de traitement de la station de Babar est estimée à 40.000 équivalents-habitants. Tandis que celle de Chechar pourra traiter 50.000 équivalents-habitants (l’équivalent habitant dans l'assainissement est une unité de mesure théorique. Il permet d'évaluer la pollution organique présente dans les eaux usées). Ces deux infrastructures fonctionnent à l’aide de la technique ‘‘Boues activées à faible charge’’. Leurs eaux épurées seront destinées à l’irrigation agricole et sont aussi utilisables au niveau des zones industrielles. Elles jouent également un rôle important dans la lutte contre les maladies à transmission hydrique MTH et dans la protection de l’environnement. La wilaya de Khenchela dispose de trois barrages fonctionnels, dont l’un a bénéficié d’une réhabilitation, alors qu’un autre est en cours de construction à Oued Lazreg », a-t-il expliqué. Ces infrastructures hydriques vont alimenter les terres fertiles de Khenchela, par la quantité d'eau nécessaire pour une activité agricole à la fois régulière et fructueuse. Certes, les hautes autorités du pays supervisent de près l’accomplissement des autres projets inscrits au titre de ce programme complémentaire, tout en espérant qu’il présentera les résultats espérés à tous les niveaux. De même, les citoyens attendent avec impatience ses retombées positives sur leur vie quotidienne. Cependant, ses avantages ont déjà commencé à se manifester, puisque dès le début des différents travaux, 2.600 postes d’emploi ont été créés.
Z. D.