Troubles en Irlande du Nord : Retour vers le passé ?

Des voitures ont été incendiées et des personnes masquées ont lancé des cocktails Molotov sur un fourgon de police, provoquant de nouveaux troubles dans les quartiers pro-britanniques d'Irlande du Nord, dans un contexte de tensions post-Brexit croissantes dans la région. De nombreux syndicalistes pro-britanniques s'opposent farouchement aux nouvelles dispositions commerciales introduites entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni dans le cadre du Brexit et ont prévenu que leur malaise pourrait conduire à la violence. Les dirigeants politiques, y compris le ministre britannique de l'Irlande du Nord, avaient lancé un appel au calme plus tôt dans la journée de samedi, mais la police a indiqué que des troubles étaient signalés à Newtownabbey, dans la banlieue nord de Belfast.
Vendredi, quinze officiers ont été blessés dans le quartier de Sandy Row, à Belfast, lorsqu'une manifestation locale a dégénéré en émeute. Selon la police, les émeutiers les ont attaqués avec des pierres, des barres de métal,… Douze officiers ont également été blessés lors de la cinquième nuit consécutive d'émeutes, vendredi, à Londonderry.
Samedi, d'autres partis politiques ont reproché au Parti unioniste démocratique (DUP) de la Première ministre d'Irlande du Nord, Arlene Foster, d'attiser les tensions par son opposition farouche aux nouvelles dispositions commerciales. «Par leurs paroles et leurs actes, ils ont envoyé un message très dangereux aux jeunes des zones loyalistes», a déclaré Gerry Kelly, membre du parti pro-irlandais Sinn Fein, qui partage le pouvoir avec le DUP, dans un communiqué. Christopher Stalford, membre du DUP, a déclaré que les émeutiers «agissaient par frustration» après que les procureurs ont choisi de ne pas inculper de membres du Sinn Fein la semaine dernière pour des violations présumées des restrictions mises en place pour lutter contre la pandémie de la Covid-19.
La crainte d’un passé lourd et douloureux marque encore les mémoires dans un pays profondément divisé selon des lignes sectaires, 23 ans après qu'un accord de paix ait mis fin à trois décennies de violences. De nombreux nationalistes catholiques aspirent à une unification avec l'Irlande, tandis que les unionistes protestants veulent rester dans le Royaume-Uni. Si pour certains ces heurts sont la conséquence directe du post-Brexit, pour d’autres c’est surtout synonyme d’une plaie qui ne s’est jamais refermée entre opposants et partisans à la cour de Buckingham.
M. T. et Agences

Sur le même thème

Multimedia