Le report sin die du dialogue national inclusif qui devait débuter ce 10 mai courant à N’Djamena entre les autorités militaires au pouvoir au Tchad et l’opposition n’est pas du goût de cette dernière qui y voit une tentative des premiers de prolonger la période de transition au-delà des dix-huit mois convenus pour un retour à l’ordre constitutionnel et rendre par la même le pouvoir aux civils dans le sillage d’élections présidentielle et législatives. La principale plateforme d'opposition, appelle les Tchadiens à une marche pacifique le 10 mai prochain pour dénoncer ce qu’elle qualifie de «dialogue de dupes». Sur cet énième report à une date qui devrait être communiquée ultérieurement selon le ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene, et ce après «consultations avec les institutions et les acteurs politiques pertinents» suscite une certaine appréhension quant aux réelles motivations des militaires, il n’en reste pas moins que ces derniers tentent de rassurer en rappelant que c’est l'Etat du Qatar qui a demandé au Tchad de reporter la rencontre initialement prévue à partir de mardi prochain. «L’Etat du Qatar demande au Conseil Militaire et au Gouvernement de Transition le report du Dialogue National Inclusif prévu à N’Djamena le 10 mai, pour permettre aux négociations en cours à Doha avec les politico-militaires de déboucher sur un accord», a indiqué dans un tweet, dimanche, de M. Zene. L’Etat du Golfe parraine les négociations qui «piétinent» fait-on remarquer depuis le 13 mars dernier. Le chef de la diplomatie tchadienne a aussi indiqué dans un communiqué que «Faute d’un accord avec les politico-militaires (…), l’option de leur participation au dialogue national inclusif parallèlement au pré-dialogue de Doha pourrait être explorée sous quelques conditions» et d’affirmer que «Le gouvernement n’exclut personne du dialogue national inclusif». Il faut rappeler que ce dialogue national initialement prévu le 15 février avait été reporté au 10 mai «pour permettre au comité d'organisation de mieux poursuivre les préparatifs des assises nationales», avait annoncé le 27 janvier, le Premier ministre tchadien, Albert Pahimi Padacké. Pour l’opposition ses craintes se justifient par le fait que ce dialogue national, lancé quelques semaines après la prise du pouvoir en avril 2021 par le président du Conseil Militaire de Transition, le général Mahamat Idriss Deby Itno, suite au décès accidentel de son père, a pour but de trouver avec tous les citoyens, des solutions pérennes aux problèmes qui minent l’évolution du Tchad dont la question sécuritaire. En déplacement au Sénégal, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait appelé les militaires au Burkina Faso, en Guinée et au Mali à rendre le pouvoir aux civils sans pour autant évoquer le cas au Tchad.
Nadia K.