
Il est peu vraisemblable que des décisions historiquement importantes soient prises lors du sommet prévu le 16 juin à Genève entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Joe Biden, a rapporté mardi l'agence de presse Interfax, citant le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
La Russie a prévenu lundi qu'elle allait envoyer dans les prochains jours une série de signaux «désagréables» aux Etats-Unis et fait savoir qu'elle allait se renforcer militairement près de ses frontières avec l'Otan. Joe Biden a annoncé dimanche qu'il ferait pression sur Vladimir Poutine au sujet de la situation des droits de l'homme en Russie lors du sommet prévu le 16 juin à Genève, en Suisse.
Cette rencontre entre les deux dirigeants intervient dans un contexte de tensions accrues entre Washington et Moscou sur un éventail de sujets, dont les ingérences électorales et actes de piratage présumés de la Russie. Au cours de ce qui fut la première rencontre à haut niveau ministériel et en personne entre les Etats-Unis et la Russie depuis l'arrivée de Joe Biden à la présidence américaine en janvier, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et Sergueï Lavrov avaient souligné la nécessité de coopération entre les deux pays malgré de «sérieuses différences».
Par ailleurs, et signe d’une crispation extrême entre les deux pays, après l’annonce par Washington de son retrait du traité «Open sky», Moscou vient à son tour d’acter son retrait de ce traité. La chambre haute du Parlement russe a confirmé par un vote ce retrait. Ce traité international autorise des vols de surveillance au-dessus des installations militaires.
En effet, le traité «Ciel ouvert» visait à renforcer la confiance entre la Russie et l'Occident en permettant aux plus de trois douzaines de signataires de l'accord d'effectuer des vols de reconnaissance au-dessus de leurs territoires respectifs pour collecter des informations sur les forces et les activités militaires. Plus de 1.500 vols ont été effectués dans le cadre du traité depuis son entrée en vigueur en 2002, visant à favoriser la transparence et à permettre la surveillance du contrôle des armements et d'autres accords.
En tant que candidat à la présidentielle, Biden avait critiqué le retrait de Trump comme étant «à courte vue». Moscou a indiqué qu'il était prêt à inverser la procédure de retrait et à rester dans le traité de 1992 si les États-Unis revenaient à l'accord. Si Poutine approuve la sortie, elle prendrait effet dans six mois.
Moscou a déploré le retrait américain, avertissant qu'il éroderait la sécurité mondiale en rendant plus difficile pour les gouvernements d'interpréter les intentions des autres nations, en particulier au milieu des tensions accrues entre la Russie et l'Ouest.
L'Union européenne a exhorté les États-Unis à reconsidérer leur sortie et a appelé la Russie à rester dans le pacte et à lever les restrictions de vol, notamment au-dessus de sa région la plus à l'ouest de Kaliningrad, qui se situe entre les alliés de l'OTAN, la Lituanie et la Pologne.
Comme condition pour rester dans le pacte après le retrait américain, Moscou a demandé en vain aux alliés de l'OTAN de garantir qu'ils ne remettraient pas aux États-Unis les données collectées lors de leurs vols d'observation au-dessus de la Russie.
M. T. et Agences