
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a écarté lundi la perspective d'une guerre froide avec la Chine, mais a plaidé pour une adaptation de l'Alliance pour faire face aux nombreux défis posés par Pékin. «La Chine n'est pas notre adversaire, notre ennemi. Il n'y aura pas de nouvelle guerre froide avec la Chine. mais nous devons faire face aux défis posé par la Chine pour notre sécurité», a-t-il déclaré à son arrivée au siège de l'Otan à Bruxelles avant le début d'un sommet de l'organisation. Toutefois les dirigeants de l’alliance, devraient s'accorder sur la menace que constitue la Chine pour la sécurité de l'organisation atlantique, au lendemain de la clôture d'un sommet du G7 qui a déjà appelé Pékin à respecter les droits de l'homme au Xinjiang et à Hong Kong.
Décrit comme un «moment charnière» par le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, ce sommet, le premier auquel participera le président des Etats-Unis Joe Biden, vise aussi à tourner la page de quatre années tendues avec Donald Trump, qui jugeait l'organisation obsolète. Il s'agit pour les 30 membres de l'Otan de montrer que l'organisation, fondée en 1949, reste indispensable pour les Etats-Unis et leurs alliés face à la puissance militaire grandissante de la Chine. «Nous savons que la Chine ne partage pas nos valeurs (...) nous devons répondre ensemble en tant qu'alliance», a déclaré Jens Stoltenberg à son arrivée au sommet. «La Chine se rapproche de nous. Nous les voyons dans le cyberespace, nous voyons la Chine en Afrique, mais nous voyons aussi la Chine investir massivement dans nos propres infrastructures critiques», a-t-il déclaré en faisant référence à la multiplication des investissements chinois dans certains ports ou réseaux télécoms européens.
Selon des diplomates, le communiqué final du sommet ne devrait pas qualifier la Chine d'adversaire - d'ailleurs Stoltenberg a précisé qu'elle n'était pas un ennemi - mais il devrait refléter les inquiétudes de l'alliance, évoquant un défi «systémique» pour la sécurité transatlantique, alors que Pékin, à l'image de Moscou, multiplie les manœuvres militaires, les cyber-attaques et renforce rapidement sa marine. Les dirigeants du Groupe des Sept ont déjà ciblé la Chine dimanche dans la déclaration finale de leur sommet, une initiative contre laquelle Pékin s'est élevé hier, accusant les puissances occidentales d'ingérence et de diffamation. Les efforts de Moscou pour déstabiliser l'Occident devraient également figurer au programme des discussions, ont indiqué des diplomates, alors que Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine doivent se rencontrer cette semaine à Genève.
Depuis que la Russie a annexé la Crimée en 2014, l'Otan a modernisé ses défenses mais reste vulnérable face aux attaques informatiques et à la désinformation, même si Moscou se défend de chercher à déstabiliser les pays de l'Alliance. «La relation entre l'Otan et la Russie est à un point bas, au plus bas depuis la fin de la Guerre froide», a estimé Jens Stoltenberg dimanche à la presse britannique. Au vu de ces menaces, les dirigeants des pays membres de l'Otan, espèrent que Joe Biden va réengager pleinement les Etats-Unis dans la défense collective de l'Alliance, après les soubresauts de l'ère Trump.
M. T. et Agences