Grand angle :Sérieux dilemme

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 La décision de la  Cédéao de suspendre le Burkina Faso de ses instances n’est pas pour surprendre. En  fait, l’organisation sous-régionale n’avait pas d’autre choix que celui de la suspension après la prise de pouvoir par les militaires. D’autant qu’elle l’avait fait avant pour le Mali et la Guinée où des changements anti-constitutionnels ont été opérés.  «Toute prise du pouvoir anti-démocratique est interdite et l’armée est apolitique», a affirmé, hier, le président de la  Commission de la Cédéao et ce, même si, s'agissant du Tchad,  les dirigeants de l’Afrique de l’Ouest ont réagi et agi autrement. Une politique de deux poids deux mesures fortement dénoncée. Agiront-ils différemment dans le cas burkinabè puisque c'est le dialogue qui est privilégié pour l’heure.
En vue de l’entamer deux missions ont été mises en place. Ainsi les chefs d'état-major se sont rendus, hier, dans la capitale burkinabè. Ils seront rejoints demain, lundi, par une délégation de ministres ouest-africains.
Le résultat de ces deux missions, militaire et politique de haut niveau, sera étudié lors d’un nouveau sommet extraordinaire de la Cédéao, qui se tiendra jeudi prochain à Accra. Doit-on pour autant croire que le Burkina Faso s’évitera les sanctions infligées à la Guinée et au Mali ?  En fait tout dépendra de ce que les militaires burkinabès diront. Il est vrai aussi  que le Burkina Faso peut aussi espérer tirer avantage des nombreuses critiques formulées à l’encontre de la Cédéao à la  suite des lourdes sanctions imposées au Mali. Dans une interview accordée vendredi dernier à des médias français, le chef de la diplomatie malienne n’a pas manqué de mettre les dirigeants de l’Afrique de l'Ouest face à leurs responsabilités en rappelant qu'»aujourd’hui, si les sanctions contre le Mali, qui sont des actions au-delà de la normale, étaient efficaces, il ne se serait pas passé ce qui est en train de se passer au Burkina Faso». 
Il est vrai que les observateurs ont mis en garde contre les conséquences  de  la crise malienne sur l’ensemble du Sahel. Cela peut ainsi expliquer pourquoi dans le cas burkinabè, la Cédéao semble vouloir faire preuve de prudence et ne pas se précipiter.
 «L’organisation veut d’abord bien évaluer la situation, utiliser toute une panoplie d’autres mesures avant de prendre davantage de sanctions», selon un observateur. Une prudence qui cache aussi une crainte réelle de voir d’autres pays proches suivre le même chemin que ces trois pays, confrontés  globalement  à des difficultés similaires.  D’autant, avait expliqué le ministre malien des Affaires étrangères, qu’»Il faut comprendre que les coups d’État eux-mêmes viennent souvent des problèmes de gouvernance qui n’ont pas été traités ou qui n’ont pas été bien traités».
Or force est de reconnaître que le traitement des questions sécuritaires et les réponses qui ont été apportées, s’est avéré insuffisant pour être efficace et pour mettre un terme à l’expansion de l’activité des groupes terroristes et armés. Les conséquences de cette impuissance face à la dégradation de la  situation sécuritaire sont une réalité sur laquelle les dirigeants de la Cédéao sont tenus de se pencher pour éviter que la tache d’huile ne se propage.  
N. K.

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