
Coup de force en Guinée. Le Groupement des forces spéciales (GFS) a annoncé, dimanche après-midi, la prise de pouvoir et la mise en place d'un Comité national de rassemblement et de développement (CNRD), pour conduire une transition «transparente et inclusive».
Dans une déclaration faite sur le plateau de la télévision nationale, le lieutenant colonel Mamady Doumbouya, chef du GFS, a annoncé la dissolution de la Constitution en vigueur, du gouvernement et des institutions républicaines, ainsi que le fermeture des frontières terrestres et aériennes. Il a également confirmé «avoir pris le président» guinéen Alpha Condé. Réagissant à ce coup d’Etat, l'Algérie a déclaré lundi suivre avec une «profonde préoccupation» la situation prévalant en République de Guinée, réaffirmant son «attachement aux principes cardinaux de l'Union africaine, notamment le rejet de tout changement anticonstitutionnel».
«L'Algérie suit avec une profonde préoccupation la situation prévalant actuellement en République de Guinée. Elle réaffirme son attachement aux principes cardinaux de l'Union Africaine, notamment le rejet de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement tel qu'énoncé par la décision d'Alger de 1999 et réaffirmé par la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance», souligne le MAE. Elle «considère que les causes qui ont provoqué ce changement anticonstitutionnel doivent trouver des solutions consensuelles issues d'un dialogue responsable ayant pour objectif d'assurer le respect de la souveraineté, de l'indépendance, de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de la Guinée, ainsi que tous les acquis du peuple guinéen frère». Avant d'ajouter : «L'Algérie coordonnera avec les autres pays membres du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine dans le contexte de la mise en œuvre de l'acte constitutif de l'organisation continentale et de ses positions pertinentes en la matière». «L'Algérie forme le vœu que la République de Guinée surmontera rapidement cette épreuve et réitère l'assurance de sa solidarité fraternelle avec le peuple guinéen avec lequel elle entretient des relations historiques marquées du sceau de l'amitié et de la coopération». De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dit suivre«personnellement de très près la situation en Guinée. Je condamne fermement toute prise de pouvoir par la force des armes». «J'appelle à la libération immédiate du président Alpha Condé», a-t-il ajouté dans un tweet.
Le Département d'Etat américain a, pour sa part, indiqué que "La violence et toute mesure qui déroge du cadre constitutionnel ne serviront qu'à saper les perspectives de paix et de stabilité en Guinée",
"Nous réitérons nos encouragements à un dialogue national (...) pour offrir une voie pacifique et démocratique à la Guinée", a-t-il ajouté.
Même ton pour le gouvernement qui « condamne et rejette fermement tout changement anticonstitutionnel de gouvernement et appelle donc les personnes derrière ce coup d'Etat à rétablir l'ordre constitutionnel sans délai et à protéger toutes les vies ainsi que les biens",
République de Guinée : réouverture des frontières aériennes.
Sur le terrain, les événements s’accélèrent. Le CNRD mis en place par les éléments du GFS après leur prise de pouvoir a instauré, dimanche soir, un couvre-feu sur tout le territoire national à partir de 20h00 et ce, jusqu'à nouvel ordre, a déclaré à la télévision publique guinéenne un porte-parole du comité.
Le porte-parole des militaires a indiqué que le CNRD confirmait la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale, ajoutant que les secrétaires généraux des ministères assureront la continuité des charges courantes.
De même, les gouverneurs des régions sont remplacés par les commandants des régions militaires et les préfets et sous-préfets par les commandants d'unités de la plus grande localité, selon le communiqué. «Les ministres sortants et les anciens présidents des institutions sont conviés à une rencontre demain (aujourd’ hui) à 11h00 au Palais du peuple», a fait savoir le porte-parole du CNRD, notant que tout refus de se présenter serait considéré comme une «rébellion contre le Comité national de rassemblement et de développement».
Le CNRD a invité les fonctionnaires à reprendre le travail et indiqué que les dispositions seront prises pour assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens. Les unités militaires de l'intérieur du pays ont été invitées à garder la sérénité et à éviter des mouvements vers Conakry.
R. I.