Compromis UE-Washington sur les tarifs douaniers : un accord qui divise l’Europe

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont pu finaliser, dimanche, un accord douanier revu à 15 % de surtaxe, soit la moitié imposée par l’Administration américaine initialement, et devant entrer en vigueur le 1er août prochain. En vertu du même accord, l'UE s'est, par ailleurs, engagée à s’approvisionner en énergie, à hauteur de 750 milliards de dollars, et financer des investissements, à hauteur de 600 milliards supplémentaires, aux États-Unis.
Le deal, intervenu après des semaines de tension et de menace d’escalade, s’il fait des heureux dans certains secteurs industriels en Europe (exonération pour les équipements aéronautiques et les spiritueux), suscite beaucoup d’oppositions parmi les gouvernements, au point où certains dénoncent carrément une capitulation devant la Maison-Blanche. La déception semble être la plus grande en France, où le Premier ministre François Bayrou a évoqué «un jour sombre», regrettant l’attitude de «soumission» de l’Europe.
L’homme a appellé à ce que la fermeté soit de mise, lors des négociations sur les modalités d’application, pour limiter les dégâts. Dans l’opposition, le leader du mouvement La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a déploré que la Commission européenne ait «tout cédé à Trump». Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre, a estimé que l’accord est un tribut offert à Washington, soulignant que le chapitre de la «vente forcée de 750 milliards de dollars d'énergie» pose un sérieux problème à «la souveraineté énergétique européenne».
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s’attend, de son côté, à ce que l’accord porte un «coup très dur» à l'industrie européenne. «Une telle approche mènera à une poursuite de la désindustrialisation de l'Europe, à un mouvement des investissements de l'Europe vers les États-Unis et, bien sûr, cela sera un coup très dur», a-t-il prévenu, hier.
L’Italie et l’Allemagne développent un point de vue plus nuancé et se satisfont d’un traité qui éloigne la perspective redoutée d’une guerre commerciale. «Nous avons pu préserver nos intérêts fondamentaux», A fait observer le chancelier allemand Friedrich Merz, saluant une issue qui permet d'«éviter une escalade inutile dans les relations commerciales transatlantiques». Le ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, a affirmé également que «l'accord entre l'UE et les États-Unis met un terme à une phase d'incertitude et évite une guerre commerciale».
La presse européenne a affiché beaucoup moins de réserves diplomatiques et fait part d’un sentiment de déséquilibre autoritaire imposé aux économies du continent par Donald Trump. «Au nom de la paix, ils (les Européens) abandonnent des valeurs et des principes qu’ils considéraient jusqu’alors comme sacrés. […] Avant l’accord, l’UE était déterminée à défendre l’ordre juridique mondial. Aujourd’hui, c’est clair : l’UE a cédé», a noté l’éditorialiste du Der Spiegel, plus grand hebdomadaire allemand.

M. S.

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