Réunion des MAE des pays voisins de la Libye à Alger : Parachever le processus de réconciliation nationale

La réunion d’Alger est une réunion stratégique en vue de créer le climat  d’une solution africaine à un problème africain. Ph. Wafa
La réunion d’Alger est une réunion stratégique en vue de créer le climat d’une solution africaine à un problème africain. Ph. Wafa
  • Tenir les élections présidentielle et législatives dans les délais
  • Bloquer toute ingérence extérieure, l’afflux des armes et obtenir le retrait des combattants étrangers

Les  pays voisins de la Libye et les représentants de l’ONU, de l’Union africaine et de la  Ligue arabe, réunis hier à Alger, sont unanimes à dire que la Libye a besoin, en cette période cruciale, d’un soutien constant, notamment de la part de ses voisins, pour l’aider à surmonter les obstacles qui demeurent sur la voie d’un règlement politique de la crise qui a plongé le pays dans le chaos depuis la chute de l’ancien régime.

C’est justement l’objectif assigné à la rencontre d’Alger. « Nos Etats œuvrent, collectivement et individuellement, au règlement de la crise libyenne, convaincus du rôle vital que doivent jouer les pays voisins  dans ce sens », a affirmé M. Lamamra dans une allocution à l’ouverture des travaux de la réunion ministérielle. La réunion, qui s’inscrit, selon le chef de la diplomatie algérienne, « dans le cadre des efforts soutenus » que les pays du voisinage n’ont eu de cesse de déployer pour contribuer au règlement de la crise, doit s’achever aujourd’hui par des propositions pragmatiques qui, dira M. Lamamr, devront renforcer les efforts en cours.
« La prochaine étape impose une solidarité et une coordination pour permettre au peuple libyen de préserver son intégrité et sa souveraineté loin des ingérences étrangères dans ses affaires internes ». Pour le chef de la diplomatie algérienne, « le processus de réconciliation en Libye nécessite la poursuite des efforts pour le parachèvement de l’unification des institutions de l’Etat libyen, la réalisation de la réconciliation et le départ des mercenaires et des forces étrangères de tout le territoire libyen ». Pour ce faire, soutient, M. Lammara,  « il faut une approche  novatrice  et une vision claire  qui tiennent compte de nos pays et non pas d’agendas de pays étrangers qui veulent renforcer leur influence »  dans ce pays  aux fins de  l’utiliser « comme tribune pour redessiner les équilibres internationaux à partir de cette région sensible ».  Si cela se réalise, avertira le chef de la diplomatie algérienne, « cela se fera au détriment des intérêts stratégiques de la Libye et des pays  voisins de la Libye ».

Le  rôle efficace et positif de l’Algérie
 
Majda El Manghouch, la ministre libyenne des Affaires étrangères a tenu à saluer le « rôle efficace et positif » de l’Algérie dans la recherche d’une solution politique au conflit qui a ravagé son pays dix ans durant, le plongeant dans le chaos. Elle rappellera que son pays n’avait jamais ménagé ses efforts pour le bien de la région. Et aujourd’hui que la Libye traverse une période difficile, il s’attend à ce que les pays voisins, en premier, renvoient l’ascenseur en lui apportant le soutien nécessaire pour surmonter cette étape cruciale de son histoire. La Libye, dira-t-elle, œuvre à parachever le processus engagé sous les auspices des Nations unies. Dans ce cadre, le gouvernement d’union nationale veut parachever l’opération de réunification de l’institution militaire. Elle dénoncera, par ailleurs, «les ingérences étrangères destructrices et qui ont contribué à approfondir les divisions entre les Libyens ». De même qu’elle dira que le gouvernement d’union nationale aspire à organiser, conformément à la feuille  de route  arrêtée par l’Onu, des élections libres et transparentes. Aux participants, elle demandera à ce qu’ils apportent leur soutien à l’initiative de stabilité libyenne annoncé à Berlin 2.

Course contre la montre

L’appui des pays voisins a également été demandé en vue d’accélérer le retrait des forces étrangères et des mercenaires présents en Libye. « Ils constituent une menace pour la stabilité de la Libye et de toute la région », a-t-elle indiqué. 
Elle dira aussi souhaiter que les pays voisins appuient le projet de la tenue d’une conférence ministérielle qui traitera le dossier libyen. De son côté, le chef de la Manul, Yan Kubis, dira que cette réunion est une occasion pour voir comment faire avancer le processus des élections et sécuritaire. Il indiquera que le gouvernement d’union nationale a donné les assurances pour la tenue à la date fixée des élections. Toutefois, a-t-il ajouté, il y a lieu pour les membres du Forum du dialogue politique libyen  de se mettre  d’accord  prochainement sur une base constitutionnelle en vue de permettre leur organisation. Il a tenu à souligner l’urgence de le faire, car a-t-il rappelé, « on ne dispose pas de suffisamment de temps avant le 24 décembre ».
Il mettra les membres du Parlement devant leurs responsabilités. « Il faut faire vite », a-t-il insisté.  La mise en place de ce cadre juridique  est nécessaire en vue d’encadrer les élections. Il ne manquera pas de rappeler les efforts déployés par la Haute commission électorale. Il dira aussi souhaiter que des observateurs soient envoyés pour superviser les opérations de vote,  exhortant les pays voisins à être présents. Il faut créer un climat propice pour la tenue d’élections crédibles et transparentes, acceptées par tous. Selon lui, «les pays voisins doivent s’impliquer». Car, a-t-il ajouté,  « la Libye traverse une étape sensible ». Pour le chef de la Manul, « l’initiative de l’Algérie tombe à point nommé, d’autant que des indices encourageants  proviennent de la Libye et sont susceptibles de permettre d’espérer tourner la page.

Surmonter les obstacles qui empêchent la mise en œuvre de la feuille de route

De son côté, le Secrétaire général  de la Ligue arabe a tenu, dans son intervention, à remercier l’Algérie pour ses efforts persévérants déployés pour arriver à une solution politique consensuelle en Libye. Il ajoutera que la Ligue arabe a toujours salué le rôle des pays voisins dans la recherche d’une solution à la crise libyenne. Tout en se félicitant des derniers développements enregistrés, il estimera néanmoins qu’il faut les préserver. Cette réunion ajoute Ahmed abou el Gheit, est une occasion propice pour surmonter les obstacles qui empêchent la mise en œuvre de la feuille de route arrêtée lors des deux conférences de Berlin. Aussi, dira-t-il, la position de la Ligue arabe est claire.
Elle accorde une importance primordiale à la nécessité de parvenir à une base constitutionnelle, car tout retard sera démoralisant pour les Libyens. » Il faut  sortir du tunnel dans lequel la Libye se trouve depuis 10 ans », a-t-il déclaré. Il indiquera aussi que  pour la Ligue arabe le retrait des mercenaires est une nécessité pour sortir du chaos et permettre à la Libye de recouvrer sa souveraineté et son intégrité territoriale. Il invitera  aussi à la nécessaire unification de l’institution militaire.
Ce pas est pour le SG de la Ligue arabe important pour mener à bien la période transitoire. Pour le commissaire de la Commission paix et sécurité de l’Union africaine, cette réunion de consultations relève des efforts déployés par le continent  pour ancrer la paix et la stabilité en Libye et dans les pays voisins. Selon lui, la réunion d’Alger est une réunion stratégique en vue de créer le climat d’une solution africaine à un problème africain. Pour I’UA, dira son représentant, le retrait des forces étrangères aura un impact positif sur les pays voisins. Encourageons toutes les parties libyennes à poursuivre le travail avec les pays voisins.
Les résultats de cette réunion seront rendus publics aujourd’hui lors d’une conférence de presse qui sera animée conjointement par les chefs de la diplomatie algérienne et libyenne.  
Nadia Kerraz

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