Culture de l'arganier : réhabilitation et peuplement de grandes surfaces

Lors de la visite du président de la République à Tindouf, il a été question de la valorisation de l’arganier à travers la wilaya de Tindouf et le lancement de plusieurs opérations portant, entre-autres, réhabilitation et peuplement de grandes surfaces.
Pour ce faire, plus de 45 agriculteurs ont bénéficié de sessions de formation sur le développement de l’arganier, en sus de la formation, par la Chambre de l’artisanat et des métiers, des femmes au processus d’extraction de l’huile d’arganier. Aussi, un ambitieux programme vient d’être concocté par la Conservation des forêts prévoyant la délimitation d'une superficie de 200 ha pour le développement de l’arganier.
Il faut savoir que la wilaya compte, selon les services de la Direction générale des forêts (DGF), entre 5000 et 10.000 arganiers répartis sur une superficie de 672,4 hectares, comprenant trois aires protégées à Touerfbouam, Merkala et Oued Tarkant
Contacté par nos soins, le directeur du laboratoire de biodiversité et ressources phytogénétiques à l'université de Sétif explique que «la présence de l'arganier dans la région de Tindouf est intéressante du fait que des populations d'arganier aient été retrouvées dans un territoire saharien connu actuellement pour son contexte écologique hyper aride, ce qui confirme les données paléontologiques relatives à la large distribution de cette espèce depuis l'ère tertiaire. «Cette présence donne une valeur de relicte à cette espèce forestière, d'où l'importance et l'urgence, sur le plan scientifique, écologique et socio-économique, d'entreprendre des actions d'inventaire, de sauvegarde et de conservation de l'arganeraie d'Algérie», a plaidé le Pr Mohamed Kaâbèche.
Le chercheur précise que l'arganeraie est située au nord de la wilaya de Tindouf, en plein cœur du Sahara nord-occidental algérien. Légèrement inclinée vers l'est, la surface de la hamada est ravinée par un réseau hydrographique endoréique qui converge vers une multitude de petites dépressions, appelées «dayas». Trois principaux oueds ( Targuent, Gahouane et El-Ma), cours d'eau secs en période sèche, constituent des vallées étroites et encaissées en amont et plus élargies en aval, comme par exemple la vallée de l'oued El-Ma qui traverse, sur près de 120 km, la hamada depuis les contreforts du djebel Ouarkziz (662 m d'altitude), au nord, jusqu'à la sebkha de Tindouf, à moins de 400 m au sud.
Parfaitement adapté aux changements climatiques, le spécialiste fait savoir que l'arganier constitue un modèle biologique «de choix» pour diverses disciplines scientifiques. «Il y en a, poursuit-il, pour le botaniste qui s'intéresse à son origine, le biologiste à sa physiologie et son mode d'adaptation, l'écologue à sa répartition passée et présente, l'ethnobotaniste ou le pharmacien à ses usages et ses propriétés thérapeutiques, le forestier à ses capacités d'adaptation et aux possibilités de repeuplement de régions considérées, actuellement, comme asylvatiques, soit au milieu, où les conditions ne permettent pas la formation d'une forêt»
À ses yeux, La préservation de l'arganier et de ses populations encore intactes de la région de Tindouf est une nécessité impérieuse. Sur le plan de la biodiversité, cette arganeraie constitue un conservatoire in situ de valeur patrimoniale mondiale. Et de rappeler : «Chez nos voisins, il est labellisé réserve de biosphère par l'UNESCO. Sa protection et sa gestion représentent un enjeu majeur en vue de l'utilisation de la biodiversité dans le cadre du développement durable de cette région», précise l'universitaire. Cet enjeu est assumé par les services forestiers concernés qui ont pris les mesures conservatoires appropriées et qui ont entrepris des actions en vue d'assurer la réhabilitation de l'arganeraie de Tindouf.
Tahar Kaidi

Sur le même thème

Multimedia