Abdelaziz Medjahed, Directeur de l’INESG : «L’Algérie a un rôle pivot en Afrique»

ph. Nacéra I.
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  • La Libye doit résoudre ses différends loin de l’ingérence extérieure
Le général-major à la retraite, directeur général de l'Institut national des études de stratégie globales, Abdelaziz Medjahed, a affirmé, hier, que l'Algérie plaidera en faveur du règlement des conflits au sein du continent africain par des moyens pacifiques et par le dialogue, loin de toute ingérence étrangère. 
Medjahed, qui s'est exprimé au Forum de la Chaîne I de la radio nationale, a expliqué que la participation de l'Algérie à la réunion du Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye à Brazzaville, capitale de la République du Congo, avec une délégation conduite par le Premier ministre Nadir Larbaoui, confirmer la ferme volonté de la diplomatie algérienne d’encourager le dialogue, de rejeter les divergences entre Libyens et d’avancer dans la construction d’institutions constitutionnelles élues, loin des diktats extérieurs. «Le monde d’aujourd’hui est géré par des crises pour affaiblir les pays arabes et africains, et perpétuer la domination étrangère. Aujourd’hui, nous devons œuvrer pour mettre fin à ces ingérences dans les affaires du continent, qui sont parmi les principales raisons de la persistance de la crise libyenne depuis plus de 13 ans», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «Il faut adopter une approche objective et prudente des conflits et des questions épineuses sur le continent africain, en éclairant l'opinion publique, d'une part, à propos de ceux qui jouent un rôle positif, et d'autre part, en dénonçant les rôles négatifs de certaines parties qui œuvrent à «entraver la construction d’institutions fortes et souveraines».  Selon le directeur de l'INESG, «le continent africain suscite aujourd’hui un grand intérêt de la part des grandes puissances mondiales, en raison de son potentiel, ses richesses et son emplacement stratégique, qui devraient être bien exploités et employés pour défendre les intérêts du continent. Un tel intérêt a été démontré, lors de la récente visite du secrétaire d'État américain aux Affaires étrangères dans les quatre États de l’Atlantique, et sa quête de former un nouveau front et de renforcer ses relations avec le continent après l'expulsion réussie du vieux colonisateur». Dans ce contexte, Medjahed a souligné la nécessité d'adopter une nouvelle approche pragmatique dans les relations du continent avec les grandes puissances, basée non seulement sur la coopération, mais aussi sur les intérêts mutuels. «Il ne faut pas sous-estimer la puissance de l’Algérie et se concentrer uniquement sur les aspects négatifs, car ils existent partout. Il faut souligner, cependant, que la Révolution algérienne a contribué à la libération de la moitié du continent africain», rappelant la citation de feu Nelson Mandela quand il a déclaré : «L’Algérie a fait de moi un homme.»
 
L’Algérie a épargné au Sahel une guerre dévastatrice 
 
De son côté, Hakim Boughrara, enseignant en sciences de l'information à l'université de Médéa, a indiqué que l'Algérie œuvre, depuis son indépendance, au renforcement de la voix de l'Afrique dans les enceintes internationales, selon une feuille de route fondée sur de nombreux principes, dont la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays du continent, et le rétablissement de la souveraineté de décision africaine.
Cependant, selon Boughrara, cet effort se heurte à des puissances étrangères qui œuvrent constamment à renforcer leur influence et leurs intérêts dans le continent. Il a souligné, dans ce cadre, que «ce que l'accord de paix et de réconciliation au Mali a subi récemment constitue un véritable revers dû au fait que certaines puissances étrangères tentent, à travers leurs relais, de saborder les efforts de l'Algérie dans la région du Sahel». Il explique : «Ces puissances étrangères utilisent certains régimes non démocratiques et les encouragent à créer des crises fictives avec l'Algérie, pour compromettre les échéances constitutionnels et la soumission qui en résulte à la volonté de ces puissances étrangères afin de garantir leur pérennité au pouvoir en échange de leurs richesses qui seront offertes aux entreprises étrangères sur un plateau.» Et de conclure : «Ces derniers mois, l'Algérie a œuvré pour épargner à la région du Sahel une guerre dévastatrice au Niger, en utilisant son poids politique pour empêcher un affrontement militaire dans la région qui aurait nui à la sécurité algérienne et africaine, et eu des répercussions dramatiques sur les peuples de la région du Sahel.» 
 
Salima Ettouahria

 

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