Zones franches : L’ambition de développer les échanges commerciaux

La création des zones franches peut constituer des atouts pour l'économie algérienne, à travers la promotion de l’investissement et des exportations hors hydrocarbures.

Il s’agit d’offrir des alternatives économiques à l’heure de la diversification, une politique orientée vers la création d’activités de production et des richesses, à travers des avantages accordés aux opérateurs algériens au niveau de ces zones, notamment l’exonération des investissements d’impôts.
L'économiste, enseignant-chercheur à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou (UMMTO), Abderrahmane Seddiki, a indiqué que les zones franches sont des zones géographiques dans lesquelles les marchandises sont importées, stockées, transformées ou réexportées sans être soumises aux droits de douane et autres taxes. Elles offrent, ainsi, des «avantages compétitifs importants aux entreprises qui s'y installent, notamment en matière de coûts de production et de logistique», a-t-il analysé.
Soulignant à ce propos que l'accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), ratifié par l'Algérie en 2021, est une «opportunité économique majeure pour le pays». Il ouvre, poursuit-il, de «nouvelles perspectives de croissance, en renforçant les échanges commerciaux avec les autres pays africains et en promouvant les exportations nationales, en particulier hors hydrocarbures».
L'expert a souligné que la Zlecaf représente un «marché potentiel de 1,3 milliard de personnes (3 milliards d'ici 2050) avec un PIB global estimé à 2.500 milliards de dollars». Soulignant que si elle est pleinement mise en œuvre, elle pourrait devenir l'«un des plus grands espaces commerciaux de libre-échange à terme».
Ces zones franches seront-elles compatibles avec les objectifs de la Zlecaf ? La création et le fonctionnement des zones franches en Algérie, en particulier le long de ses frontières sud, constituent un «catalyseur essentiel pour le développement des échanges commerciaux dans la région», a-t-il noté.
En plus des avantages compétitifs offerts aux entreprises, plusieurs «aspects doivent être approfondis pour maximiser les bénéfices et minimiser les risques associés à cette initiative», a-t-il préconisé.
Parmi les conditions à réunir pour une bonne réussite de ce processus, l'orateur a estimé qu'il s’avère indispensable, premièrement, d’investir massivement dans l'infrastructure et la logistique.
«Des routes modernes, des connexions ferroviaires solides, sont nécessaires pour faciliter le mouvement rapide des marchandises et garantir une connectivité optimale avec les marchés africains», a-t-il précisé.
Pour ce faire, il a estimé, nécessaire d’établir un «environnement transparent et une gouvernance solide. Des règles claires concernant les avantages offerts aux entreprises, les procédures douanières et les incitations fiscales doivent être mises en place pour garantir la confiance des investisseurs.
Il s'agit, en outre, selon lui, d’intégrer des pratiques de «développement durable». Cela inclut la «gestion responsable des ressources naturelles (eau, énergie, …), l'adoption de technologies respectueuses de l'environnement et l'engagement envers des pratiques éthiques, a-t-il dit.
Cependant, il demeure stratégique à suivre de près les risques suivants : Il existe un risque potentiel d'accentuation des inégalités régionales si les bénéfices des zones franches ne sont pas répartis de manière équitable, a-t-il prévenu. Soulignant qu'il est nécessaire de mettre en place des mécanismes visant à «garantir que les avantages économiques se répercutent sur l'ensemble de la population locale».
En sus, dit-il, la «dépendance excessive des zones franches peut créer une vulnérabilité économique. Pour atténuer ce risque, il est essentiel de «maintenir une diversification économique au niveau national et régional».
Il a estimé également qu'il est nécessaire de mettre en place des «mécanismes de contrôle et de surveillance pour prévenir toute malversation en matière d'attribution des avantages aux entreprises».
Aussi, le développement des zones franches peut avoir un impact sur l'environnement. Il est impératif de mettre en place des réglementations strictes pour minimiser les effets négatifs sur les écosystèmes locaux et promouvoir la durabilité environnementale.
L'instabilité politique au niveau régional et les changements réglementaires imprévus peuvent compromettre la réussite des zones franches. Un engagement continu en faveur de la stabilité politique et de la prévisibilité réglementaire est nécessaire, a-t-il recommandé.

Samia Boulahlib

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