Sur quelles bases relancer l’accord d’association ?

Par Abderrahmane Mebtoul (*)

Sur le volet économique, les négociations entre l’Algérie et l’Europe ont connu des divergences qui se sont accentuées suite à la décision du gouvernement, courant 2009, de postuler 51 pour cent aux Algériens dans tout projet d’investissement. Pour l’Algérie, faisant un bilan en 2020, en 15 ans d’application de l’Accord d’association avec l’Union européenne (UE), le partenaire européen a réussi à lui vendre l’équivalent de plus de 310 milliards de dollars de marchandises, alors que ce même partenaire a acheté pour quelque 15 milliards de dollars de produits algériens, hors hydrocarbures, 
Pour l’Algérie, dans cet accord, l’Europe s’est engagée à favoriser une économie diversifiée dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant, ne voulant pas être considérée comme un simple marché. Cependant, malgré ces divergences, il semble que des solutions positives commencent à émerger. L’Algérie reste convaincue que les discussions engagées par les deux parties sur ce dossier permettront d’arriver à des solutions pragmatiques et acceptables qui prennent en ligne de compte les intérêts légitimes de chaque partie. 
Pour l’Algérie, qui a introduit une série de mesures protectionnistes, invoquant une détérioration de la balance de paiements, il n'est pas question de rompre l’Accord d’association qui la lie à l’Europe mais de favoriser un partenariat gagnant-gagnant, l’Europe ne devant pas considérer l’Algérie uniquement du point de vue d’un marché.
Le nouveau Code d’investissement assouplissant la règle des 49/51%, ainsi que la nouvelle loi sur les hydrocarbures ont pour objectif combiné de dynamiser l’investissement direct étranger qui a baissé entre 2008 et 2021. C’est que l’Europe reste un partenaire clef pour l’Algérie, comme en témoigne la structure du commerce extérieur de l’Algérie pour 2019, 2020 et le premier semestre 2022. En 2019, les pays de l’Europe enregistrent une part de 58,14 % de la valeur globale des échanges commerciaux, soit un montant de 45,21 milliards USD contre 51,96 milliards USD enregistré durant l’année 2018. Selon les statistiques douanières pour 2020 , la moyenne globale des échanges commerciaux avec l’Europe  est de 51, 85%  pour un montant de 30,17 milliards de dollars , l’Asie-Océanie  31,07%  pour 18,08 milliards de dollars  avec la dominance de la Chine,  et une  progression Amérique latine-USA, les autres espaces Afrique-Monde arabe restant  marginaux.
En 2020, l’Europe représente 48,45% des importations et 56,76% des exportations. Pour le premier semestre 2022, l’Algérie tend à diversifier ses partenaires commerciaux dont les principaux fournisseurs sont la Chine (16,5%), la France (7,17%), le Brésil (6,51%), l'Argentine (6,44 %), et l'Italie (5,83%), tandis que ses principaux clients sont, l'Italie (21,83%), l'Espagne (12,13%), la France (9,94%), les Pays-Bas (7,38%) et les Etats-Unis (5,75%).
Sur le plan géostratégique, pour l'Europe, l'Algérie est un acteur déterminant de la stabilité régionale et dans l’approvisionnement en énergie de l’Europe. Selon l’Exécutif européen, dans son rapport sur l’état d’avancement des relations UE-Algérie en date du 03 mai 2018 et dans plusieurs rapports entre 2019-2021, l’Union européenne salue les efforts de l’Algérie en matière de sécurité et de défense au niveau de la région. Selon ces rapports, «l’effort continu, (…) de modernisation des équipements, ainsi que les nombreux effectifs de sécurité dont l’Algérie dispose, ont permis au pays de contrer de façon efficace les menaces terroristes. L’évolution de la crise libyenne et la situation complexe dans la région du Sahel ont amené l’Armée nationale populaire (ANP) à déployer des forces de sécurité supplémentaires aux frontières. L’effort continu de l’ANP et des forces de sécurité a permis au pays de contrer de façon efficace les menaces terroristes».
Concernant l’énergie, l’Algérie tant à travers le GNL que les canalisations Medgaz et Transmed est un acteur stratégique pour l’approvisionnement en énergie de l’Europe. Cependant, elle doit s’orienter vers un Mix énergétique afin d’honorer ses engagements internationaux du fait de la forte consommation intérieure.
 
A. M.
 
(*) Expert international 

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