Souhil Meddah, expert en ingénierie financière et capitalisation : «L’ajustement du dinar est inévitable»

Le PLF-2021 prévoit une perte de 5% de la valeur du dinar. Par quels mécanismes agir, sachant que la monnaie nationale est déjà en dégringolade face à l’euro et au dollar ? Pour M. Souhil Meddah, expert en ingénierie financière et capitalisation boursière, afin de répondre aux besoins d’adhérer à une économie forte, il est utile de s’appuyer d’abord sur des instruments adaptés. 
armi ces instruments, on cite la cotation principale d’une monnaie comme un facteur essentiel qui servira d’une part à soutenir la compétitivité par rapport aux deux échelles, intérieure et extérieure, mais aussi à l’ajustement de l’utilisation des valeurs monétaires. Contacté mercredi passé par nos soins, l’expert a indiqué que le soutien à l’émergence d’une politique d’internalisation dans une économie fait appel à des instruments de financement et de régulation des facteurs de coûts et de rendement sur investissement. Dans cette mesure, argumente-t-il, «l’ajustement du dinar, doit jouer un rôle fondamental dans les deux sens. D’abord sur le plan de la compétitivité des prix sur les produits fabriqués localement et qui subissent l’influence négative des importations directes». Le facteur de la compétitivité, enchaîne-t-il, «s’impliquera indirectement dans les comportements individuels des consommateurs, ménages et autres, en les orientant vers les produits locaux sur la base d’un pouvoir d’achat caractérisé par un pouvoir de choisir, à condition que les produits locaux soient de même catégorie, de même qualité et de capacité par rapport à ceux des concurrents étrangers».
D’autre part, cette compétitivité «soutiendra une convertibilité des contreparties en valeur devise des produits locaux par rapport à leurs homogènes dans les autres pays des régions ciblées, mais aussi de limiter la demande sur les autres monnaies étrangères». Aussi, le caractère irréversible de l’ajustement monétaire trouve également son explication, selon M. Meddah, dans son rôle d’«instrument multiplicateur très important qui permet d’élargir les capacités potentiels de création de richesses cumulées sur des échanges plus volumineux, d’une part pour le compte des institutions financières, fiscales, budgétaires et, d’autre part, pour le compte des agents économiques par la multiplication de leurs revenus, leurs besoins et leur consommation».
Dans son analyse, l’expert relève aussi l’apport que pourra jouer ledit ajustement dans l’élargissement de l’assiette fiscale en dinar pour «permettre de collecter plus de revenus fiscaux pour le compte d’un poste d’emploi budgétaire sur la base d’une ressource monétaire». Notons par ailleurs qu’un certain nombre d’éléments liés aux rigidités actuelles qui caractérisent la sphère de l’économie réelle, «le retard dans la mise en œuvre des réformes ont conduit à la poursuite de la baisse de la valeur du dinar algérien devant les monnaies fortes». Une situation qui risque de ne pas être sans conséquence sur la hausse des prix des biens et services, et donc sur la consommation, l’épargne et l’investissement ainsi que l’emploi.

Fouad Irnatene

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