
Le secteur du Commerce compte rendre obligatoire, l'utilisation des moyens de paiement électronique dans les transactions commerciales et de services. Le ministre, Kamel Rezig, relève la récente promulgation d’un arrêté ministériel portant réduction du coût des opérations qui se font avec le Centre national du registre du commerce (CNRC), à hauteur de 20%, si ces opérations se font via e-paiement.
Si cette démarche offre une panoplie d’avantages, elle n’est pas exempte de risques. Pour Me Samir Merbouhi et le Pr Hadid Noufyele, le recours à ce mode de paiement en Algérie «va contribuer à l’essor des délits économiques et financiers, car la criminalité profite des avantages offerts par ces moyens de paiement qui contribuent au développement de comportements illicites en matière économique et financière, avec par exemple ce qu’on nomme désormais le cyber- blanchiment qui est étroitement lié au recours croissant aux TIC». Les deux universitaires n’écartent pas, dans un futur proche, la constatation de plus en plus de «vols de données personnelles, notamment bancaires, de multiples escroqueries numériques, de piratages massifs, de cyber-attaques, d’atteintes à la e-réputation». L’époque est non plus aux délits économiques et financiers classiques, mais plutôt aux délits économiques et financiers numériques. Loin de tout alarmisme, comme ils le soulignent, les deux universitaires mettent en exergue l’ancrage juridique en Algérie portant conditions générales relatives à la certification et la signature numérique. Cet ancrage a été également renforcé par le registre du commerce électronique qui, selon le ministre, contribuera à l'élimination des registres du commerce fictifs et faux. Aussi, pour M. Rezig, la numérisation est la meilleure voie vers le développement des activités commerciales et la transparence des transactions commerciales. Toutefois, force est de constater qu’en l'Algérie, pays à ses débuts en matière d'économie de marché, la pénétration des TIC dans l'économie nationale reste médiocre. Au chapitre des écueils, les deux universitaires citent l’économie informelle, la culture du cash, les infrastructures qui enregistrent une insuffisance des solutions et des ressources techniques en matière de prise en charge de la plateforme e-commerce, ainsi que le système bancaire et le faible taux de bancarisation. Rappelons qu’au début de ce mois, le gouvernement a annoncé qu’il compte accentuer les efforts pour généraliser la mise en œuvre des modes de paiement en ligne, notamment les loyers et les prestations de transport ainsi que le paiement de certaines charges fiscales et parafiscales. Un communiqué du premier ministère précisait que «la récente évolution du système de paiement en ligne a connu un taux de croissance très significatif en termes de nombre d’opérations et des montants des transactions», précisant que les paiements électroniques sont effectués par la carte monétique d’Algérie Poste (Edahabia) ou par carte bancaire (CIB).
Fouad Irnatene