Industrie automobile : Les avantages d’un taux d’intégration à 40%

Au cœur de la nouvelle doctrine économique de l'Algérie, l'édification d'une industrie automobile authentique et créatrice de valeur s'impose comme une priorité nationale. Portée par la vision claire du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, cette stratégie marque une rupture décisive avec les modèles d'assemblage du passé.

L’objectif fixé d'atteindre un taux d'intégration de 40% dans la production de véhicules, difficile mais pas impossible, constitue la clef de voûte de cette ambition, un levier stratégique pour l'affranchissement économique et le développement durable du pays. L'atteinte de ce seuil est d'abord un acte de souveraineté. Lors de sa récente rencontre périodique avec les représentants de la presse nationale, le président de la République a réitéré, avec force, l'impératif de parvenir à une véritable industrie automobile, soulignant que l'ère de l'importation déguisée est révolue. Cette orientation ferme place l'intégration locale au centre du jeu, transformant un simple indicateur technique en un puissant instrument de souveraineté et de croissance.
Concrètement, un taux d'intégration de 40% signifie que près de la moitié des composants et des processus de fabrication d'un véhicule sont réalisés sur le territoire national. Bien plus qu'un chiffre, il s'agit d'une mutation profonde, dont les bénéfices rejailliront sur l'ensemble de l'économie. Le premier avantage, et non des moindres, est le renforcement de notre souveraineté industrielle. En produisant localement une part significative des pièces, l'Algérie réduit considérablement sa dépendance vis-à-vis des importations de composants et de kits SKD/CKD, qui ont lourdement pesé sur la balance des paiements. La maîtrise progressive de métiers essentiels, tels que la tôlerie, l'emboutissage, la peinture, la fabrication de faisceaux électriques, la plasturgie ou encore l'électronique embarquée, dote le pays d'une véritable colonne vertébrale industrielle. Cette capacité nouvelle permettra, en outre, de produire des véhicules mieux adaptés aux attentes et aux spécificités du marché algérien. L'effet d'entraînement d'un tel projet est considérable. L'atteinte de cet objectif va catalyser la création d'un écosystème dense et dynamique de sous-traitants et de fournisseurs locaux, majoritairement des petites et moyennes entreprises (PME/PMI). Cet élan profitera à de nombreux autres secteurs industriels, de la sidérurgie à la pétrochimie, en passant par le textile technique et les services logistiques. Il en résultera une dynamisation des pôles industriels à travers le pays, avec la création de milliers d'emplois directs et indirects, stables et qualifiés. La montée en compétence est un autre bénéfice majeur. Un taux d'intégration de 40% exige des savoir-faire pointus en ingénierie, en production, en maintenance et en contrôle qualité. Les partenariats noués avec les grands constructeurs internationaux joueront un rôle crucial dans le transfert de technologie et la formation d'une main-d'œuvre hautement qualifiée, prête à relever les défis de l'industrie moderne. Sur le plan macroéconomique, la localisation de la production est synonyme d'une réduction substantielle des sorties en devises. À terme, l'Algérie pourra même ambitionner de devenir une plateforme d'exportation, non seulement de véhicules finis, mais aussi de composants fabriqués localement vers d'autres usines des constructeurs partenaires. Aussi, l'Algérie pourra progressivement passer de la fabrication de composants de base à la production de pièces plus complexes, voire s'engager dans la recherche et le développement (R&D) et la conception de ses propres modèles ou composants, adaptés aux spécificités du marché local et régional. En fixant un cap aussi ambitieux, l'État envoie un signal fort et crédible aux investisseurs étrangers. Il démontre un engagement sans faille à bâtir une industrie complète et pérenne. Cette clarté stratégique encourage les joint-ventures entre opérateurs algériens et groupes internationaux.

M. M.

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