
Les changements climatiques constituent une réelle menace pour la sécurité alimentaire de nombreux pays en raison de leur impact direct sur le secteur agricole. L'Algérie, qui fait partie de ces pays confrontés à ce problème, doit, selon des experts, adopter en toute urgence des mesures et des solutions modernes, pour limiter l'impact des changements climatique sur son agriculture et garantir ainsi sa sécurité alimentaire. Les cultures protégées et la gestion rationnelle de l'eau face au manque de précipitations. Le président de L'Organisation nationale pour l'agriculture et la sécurité alimentaire, Karim Hassan, a expliqué que les changements climatiques ont des répercussions directes sur la sécurité hydrique et alimentaire du pays en raison du manque de pluie à certaines périodes et des fortes pluies à d'autres périodes, ce qui entraîne l'échec des cultures en raison des inondations, de la sécheresse et de la canicule. Afin d'y remédier, le spécialiste préconise le recours aux cultures protégées, à la gestion rationnelle des ressources hydriques et la préservation de la topographie des terres dans les zones sujettes aux inondations. L'État doit accélérer la réalisation du barrage vert et l'achèvement des infrastructures de contrôle des eaux des inondations. Pour le Barrage vert, notre interlocuteur préconise le recours à des plantes plus résistantes, telles que le cyclamen atlantique, l'arganier, l'acacia, la figue de barbarie et l'olivier, et d'éviter le pin qui commence à disparaître en raison de son intolérance aux grandes chaleurs. La température élevée a un impact direct sur les variétés végétales, car elle entraîne l'extinction de certaines variétés végétales en raison de leur manque de résistance à la température élevée, ainsi que l'émergence de nouvelles variétés résistantes. Concernant la culture des céréales en Algérie, Karim Hassan affirme que 70% des cultures sont arrosées à partir de l'eau des pluies, ce qui rend très difficile, selon lui, la maîtrise de notre alimentation en raison des changements climatiques, car, explique-t-il, les cultures pluviales ont besoin de pluie pour faire germer les graines, et l'absence de pluie empêche cette opération importante pour la réussite des cultures. Par conséquent, conclut-il, «il est nécessaire de penser et de gérer la sécurité alimentaire et hydrique avec des moyens rationnels qui permettraient de développer les techniques de gestion de l'eau et de drainage agricole».
Des mécanismes d’assurance obligatoire s’imposent
Le secrétaire général du conseil national de la filière des céréales, Abdelghani Benali, a mis en avant la nécessité de travailler davantage pour développer des solutions efficaces susceptibles de garantir le rendement des céréales face aux effets des changements climatiques que connaît le pays, en particulier le manque de pluie. Pour notre interlocuteur, les pluies tardives ont fortement affecté le rendement agricole cette année. Cependant, la volonté de l'Etat d'étendre les surfaces irriguées et les surfaces cultivées, notamment dans les régions du sud, permettra à l'Algérie de garantir sa sécurité alimentaire. Les effets des changements climatiques ont montré qu'il est désormais indispensable de revoir nos itinéraires techniques en termes de choix des types de semences, la gestion de l'eau et l'irrigation complémentaire, en plus de trouver des mécanismes d'assurance obligatoire et d'intervention de l'État pour soutenir le secteur. En ce qui concerne les mécanismes que le gouvernement doit prendre en raison du changement climatique, notre interlocuteur a cité l'irrigation complémentaire et la sélection des types et variétés de semences en fonction de leur adaptation aux changements climatiques, tout en exprimant sa satisfaction quant au travail accompli par nos instituts nationaux et toutes les compétences algériennes activant dans ce domaine». Appel à la réactivation du Fonds national de gestion des risques en agriculture. L'expert agricole Ali Daoudi a appelé le gouvernement à réactiver le Fonds national de gestion des risques en agriculture afin de motiver les agriculteurs en assurant leurs cultures agricoles exposées aux risques dus aux effets des changements climatiques.
Mettant en avant les mesures et mécanismes pris par le gouvernement pour faire face à ces changements, l'expert agricole affirme que 80% des zones agricoles dépendent de la pluie. Selon notre interlocuteur, la production agricole en Algérie est confrontée aux changements climatiques, car dépendante en grande partie des précipitations, de plus en plus rares. Ceci outre les périodes des grandes chaleurs, de froid et des vents forts, qui ont des effets négatifs sur la production agricole», estime-t-il. S'agissant des solutions à mettre en œuvre pour faire face aux effets des changements climatiques que connaît actuellement l'Algérie, Daoudi a mis en avant la nécessité de moderniser les méthodes agricoles en s'orientant vers l'irrigation agricole et la culture sous serres. «Ces nouvelles technologies permettent de réduire l'impact du climat sur la production agricole», a-t-il précisé, rappelant que la sécheresse qu'a connue le pays en 2022 et durant l'année en cours a fortement affecté la production céréalière. L'expert a également appelé à revoir le mode de labour afin de préserver le sol en termes de stockage d'eau, en sus des mesures économiques telles que l'assurance sécheresse. Il a appelé, dans ce cadre, à réactiver le plus tôt possible le Fonds national de gestion des risques en agriculture, afin de motiver davantage les agriculteurs à recourir aux moyens techniques adaptés au climat pour augmenter leur production. Ali Daoudi prévoit une production céréalière maigre pour cette année, en particulier dans les régions du nord en raison des précipitations fluctuantes, affectant grandement le rendement des grandes cultures, notamment de blé et d'orge dans ces régions.
Salima Ettouahria