Gestion du réseau électrique : Le défi de la rationalisation de la consommation

Les fortes chaleurs sont synonymes de pic de consommation de l’électricité, ce qui met à rude épreuve le réseau électrique national. Avec des températures de plus en plus élevées et les incendies qui risquent de ravager certaines régions du pays, il est impératif que l’opérateur du système électrique dispose de capacités supplémentaires pour éviter tout délestage. M. Abdelkrim Tifrit, conseiller technique en éclairage public, explique que «le réseau d’éclairage public est délaissé en Algérie, il consomme environ 60% de l’énergie des bâtiments et pose des problèmes aux services de la Sonelgaz, à la sécurité routière pour les automobilistes». Au regard de la transformation des zones rurales en zones urbaines grâce à l’amélioration du niveau de vie de la population en Algérie et partant l’augmentation de la demande en énergie et particulièrement l’électricité, M. Tifrit estime qu’«il est nécessaire de suivre l’évolution de la consommation de cette dernière. Ce changement urbanistique a participé à la hausse de la consommation que connaît l’Algérie et à une mauvaise implantation et gestion des sources énergétiques». Le spécialiste souligne que «la consommation d’énergie et d’électricité par habitant est étroitement liée à divers indicateurs de la qualité de vie. Cela peut être interprété par le fait qu’une consommation supplémentaire d’électricité entraîne des améliorations de la qualité de vie». Pour M. Tifrit, «la stratégie de la transition énergétique vise à emmagasiner l’énergie d’origine fossile et à exploiter les ressources dites vertes et alternatives». Ce changement de modèle permet «d’améliorer la qualité de l’éclairage extérieur et de prendre une nouvelle forme par rapport au confort des résidents», ajoute-t-il. En Algérie la demande en électricité ne cesse d’augmenter à un rythme accéléré, et les efforts de renforcement des capacités de production se poursuivent, mais la question qui se pose, selon M. Tifrit est «de savoir si le renforcement des capacités pourrait faire face à la demande future». Pour lui, le changement du paradigme bénéficiera aussi d’une continuité de service avec une gestion rigoureuse impliquée dans l’objectif principal de la transition énergétique dont l’objectif est de réussir une économie solide de l’énergie. Pour cela «des outils de régulation du réseau électrique efficaces pour atteindre une stabilité durable doivent être mis en œuvre». «L’Algérie devrait réduire le taux de perte dans l’éclairage public à travers un plan de modernisation stratégique des pratiques dans les communes pour une rationalisation budgétaire», souligne-t-il. Le spécialiste regrette ce qu’il qualifie «d’exploitation chaotique» des fonds financiers destinés au secteur de l’énergie qui persiste, en dépit de la volonté de changer le modèle de production et de consommation de l’énergie électrique. Cette situation, entraîne, selon M. Tifrit «un revirement récurrent». Toute réflexion sur le changement des approches de gestion du secteur de l’énergie électrique doit, selon lui, s’appuyer sur des prévisions et des estimations de la consommation future, estimations qui doivent être accompagnées d’une étude approfondie des comportements des consommateurs et de leurs modes de vie». Toutes ces informations doivent être confrontées aux données du potentiel de production actuel et de son évolution pour la période à venir. «De cette façon on pourra élaborer un programme ambitieux permettant de réaliser l’équilibre consommation-production à long terme», a-t-il ajouté.

Tahar Kaidi

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