
La dynamisation du secteur boursier s’impose d’elle-même. Le gouvernement, ayant pris conscience de cette nécessité, s’engage dans son plan d’action à prendre à bras le corps cette question. Sollicité par nos soins, Yazid Benmouhoub, directeur général de la Bourse d’Alger, fait part du rôle important que peut jouer la Bourse dans le financement de l’entreprise. Sur ce plan, M. Benmouhoub souligne que la Bourse constitue un « levier incontournable pour les entités qui veulent s’internationaliser, et ce en termes de financement mais aussi de l’image que ces entités véhiculent à l’étranger «. Pour M. Benmouhoub, la baisse sensible de la liquidité bancaire, depuis le second semestre 2014, impose la réactivation des autres acteurs, citant, outre la Bourse, le capital-investissement, l’investissement public et privé ainsi que l’écosystème de l’entreprise à franchir le pas pour l’ouverture du capital. Sur la relation avec l’entreprise, le même responsable annonce qu’une dizaine de PME ont émis leur vœu d’introduire leur capital en Bourse. Notons que la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse a donné son accord pour l’introduction, à partir de septembre dernier, de six petites et moyennes entreprises (PME) du secteur privé, dans le cadre d’un appel à l’épargne public devant permettre de financer leurs projets d’investissements. Côté experts, Houssem Kennouche de l’Ecole nationale supérieure de statistiques et d’économie appliquée, indique que le financement de l’économie par le marché financier doit figurer parmi les jalons de la nouvelle orientation économique suscitant l’intérêt tant des entreprises publiques que pour des entreprises privées. De ce fait, la Bourse d’Alger «fait partie des éléments d'une émergence économique visant à réaménager son écosystème dont le financement des acteurs économiques qui le composent notamment les entreprises publiques et privées «. La Bourse d’Alger, souligne l’universitaire, est appelée à « jouer un rôle fondamental dans ce nouveau modèle à travers sa capacité de déploiement et de mobilisation de l’épargne nationale servant à nourrir la croissance économique «. La place financière d’Alger, explique M. Kennouche, «doit encourager la bonne gestion et la bonne gouvernance des entreprises, moderniser les infrastructures techniques, à savoir les systèmes d’information des intermédiaires en opérations de bourse et de la Bourse. Il est aussi question «d’enraciner les bases d’une culture boursière auprès des agents économiques, offrir des incitations fiscales aux entreprises nouvellement introduites, et augmenter le nombre d’entreprises locales en Algérie en quantité et en qualité afin d’améliorer la concentration et la performance de la place boursière «.
Pour l’universitaire, la Bourse doit également «diversifier les produits financiers pour permettre aux offreurs de liquidité le choix entre plusieurs instruments par rapport à plusieurs critères, notamment le rendement, le risque et leur conformité à la charia tel que les Sukuk. Pour ce dernier, le Premier ministre a annoncé l’amendement du Code du Commerce pour permettre l’émission de Sukuk privés qui, aujourd’hui, nécessitent un «visa» de la Cosob.
Fouad Irnatene