
La relance post Covid-19 s’affirme comme une préoccupation majeure. Dans cet entretien, l’universitaire évoque les leviers économiques sur lesquels peut compter l’Algérie. La gestion des capitaux marchands de l’État et la question de la gouvernance des entreprises publiques, affirme-t-il, «vont certainement relancer le processus de réformes économiques devant permettre d’allier performance et compétitivité». Aussi, l’économiste souligne la place que peut avoir la prospective dans le nouveau paradigme économique.
Entretien réalisé par Fouad Irnatene
El Moudjahid : L'industrie ainsi que d’autres secteurs ont connu une croissance positive, et ce malgré l’impact de la Covid-19. Pensez-vous que ces secteurs sont en mesure de maintenir le cap ?
Brahim Guendouzi : Dans son rapport «Tendances monétaires et financières. Premier semestre 2021», la Banque d’Algérie fait ressortir une reprise de l’activité économique nationale, après avoir enregistré une contraction au cours des quatre trimestres de 2020, en raison des impacts directs et indirects de la pandémie de Covid-19. La croissance du PIB réel, de l’ordre de 2,0% au premier trimestre 2021, qui s’est poursuivie au second trimestre pour atteindre le taux de 6,4%, est corrélée à la hausse de la quasi-totalité des grands secteurs de l’économie nationale, hormis celui de «l’Agriculture» qui a accusé un léger recul de 0,3% au deuxième trimestre 2021. S’agissant de la demande, la consommation des ménages reprend, avec une augmentation de 7,1% au deuxième trimestre 2021. Ajoutez à cela la conjoncture pétrolière internationale favorable plaçant les cours du pétrole et les prix du gaz naturel sur une tendance haussière, entraînant une amélioration des revenus extérieurs de l’Algérie. La conjugaison de ces paramètres va certainement influer positivement sur la croissance économique globale durant l’année 2022, ainsi que sur le plan sectoriel.
On s’attend particulièrement à des performances dans l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire et les semi-produits (fertilisants, ciment, acier), y compris dans l’exportation. Le seul bémol qui ressort est la poussée inflationniste, de l’ordre de 9,2% en octobre 2021, qui risque de menacer les équilibres économiques et sociaux du pays.
L’Algérie compte prendre sa place, en dépit d’une compétition et d’une compétitivité des plus farouches. Quels sont les arguments que notre pays peut avancer ?
D’ores et déjà, la hausse de la production pétrolière et gazière, pour honorer les engagements de l’Algérie à l’international, est déjà un défi lui permettant de garder ses parts de marché dans un contexte international perturbé. Ensuite, la relance de l’investissement productif, particulièrement dans l’industrie manufacturière, revêt un caractère stratégique, du fait même de la situation de sous-investissement qui la caractérise depuis deux décennies, d’une part, et des objectifs assignés à la production nationale pour réduire la facture des importations, d’autre part.
Aussi, la décision de lever les obstacles sur 679 projets d’investissements sur un total de 877 projets, en leur délivrant des autorisations d’exploitation et d'entrée en production, conforte la vision que l’industrie reste avant tout un secteur incontournable pour la croissance économique et la création d’emploi. La gestion des capitaux marchands de l’Etat et la question de la gouvernance des entreprises publiques vont certainement relancer le processus de réformes économiques devant permettre d’allier performance et compétitivité. L’orientation touchant le développement des exportations hors hydrocarbures va induire un nouvel état d’esprit pour les entreprises publiques et privées, leur permettant de développer des synergies pour prendre des positions sur des marchés extérieurs réputés difficiles d’accès. D’où la nécessité impérieuse d’améliorer l’environnement économique et de placer l’entreprise créatrice de richesse au centre des préoccupations.
La Covid-19 n’est-elle pas aussi une opportunité pour rendre ses lettres de noblesse à la prospective et se préparer à ce genre de situation ?
A plusieurs reprises, la prospective a eu une place dans la composition gouvernementale, et, à chaque fois, c’est la remise en cause, de façon incompréhensible. Et, pourtant, l’économie algérienne doit s’inscrire dans une vision de long terme, à l’horizon 2040, comme cela se fait dans la plupart des pays. A cet égard, l’économie de la connaissance devient stratégique, car l’économie mondiale fonctionne aujourd’hui selon la logique de l’innovation technologique. De nombreuses activités liées à la digitalisation, à l’intelligence artificielle, à la sécurité informatique, aux objets connectés, à la robotique, au commerce électronique, aux énergies renouvelables, etc. nécessitent un savoir-faire que seule l’élite peut mettre en œuvre. Ensuite, avec la crise sanitaire engendrée par la Covid-19, nous avons été témoins de la nécessité d’avoir un système de santé de qualité, une industrie pharmaceutique étoffée et une sécurité alimentaire et énergétique devant aller avec l’évolution démographique du pays.
F. I.
Brahim Guendouzi : Dans son rapport «Tendances monétaires et financières. Premier semestre 2021», la Banque d’Algérie fait ressortir une reprise de l’activité économique nationale, après avoir enregistré une contraction au cours des quatre trimestres de 2020, en raison des impacts directs et indirects de la pandémie de Covid-19. La croissance du PIB réel, de l’ordre de 2,0% au premier trimestre 2021, qui s’est poursuivie au second trimestre pour atteindre le taux de 6,4%, est corrélée à la hausse de la quasi-totalité des grands secteurs de l’économie nationale, hormis celui de «l’Agriculture» qui a accusé un léger recul de 0,3% au deuxième trimestre 2021. S’agissant de la demande, la consommation des ménages reprend, avec une augmentation de 7,1% au deuxième trimestre 2021. Ajoutez à cela la conjoncture pétrolière internationale favorable plaçant les cours du pétrole et les prix du gaz naturel sur une tendance haussière, entraînant une amélioration des revenus extérieurs de l’Algérie. La conjugaison de ces paramètres va certainement influer positivement sur la croissance économique globale durant l’année 2022, ainsi que sur le plan sectoriel.
On s’attend particulièrement à des performances dans l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire et les semi-produits (fertilisants, ciment, acier), y compris dans l’exportation. Le seul bémol qui ressort est la poussée inflationniste, de l’ordre de 9,2% en octobre 2021, qui risque de menacer les équilibres économiques et sociaux du pays.
L’Algérie compte prendre sa place, en dépit d’une compétition et d’une compétitivité des plus farouches. Quels sont les arguments que notre pays peut avancer ?
D’ores et déjà, la hausse de la production pétrolière et gazière, pour honorer les engagements de l’Algérie à l’international, est déjà un défi lui permettant de garder ses parts de marché dans un contexte international perturbé. Ensuite, la relance de l’investissement productif, particulièrement dans l’industrie manufacturière, revêt un caractère stratégique, du fait même de la situation de sous-investissement qui la caractérise depuis deux décennies, d’une part, et des objectifs assignés à la production nationale pour réduire la facture des importations, d’autre part.
Aussi, la décision de lever les obstacles sur 679 projets d’investissements sur un total de 877 projets, en leur délivrant des autorisations d’exploitation et d'entrée en production, conforte la vision que l’industrie reste avant tout un secteur incontournable pour la croissance économique et la création d’emploi. La gestion des capitaux marchands de l’Etat et la question de la gouvernance des entreprises publiques vont certainement relancer le processus de réformes économiques devant permettre d’allier performance et compétitivité. L’orientation touchant le développement des exportations hors hydrocarbures va induire un nouvel état d’esprit pour les entreprises publiques et privées, leur permettant de développer des synergies pour prendre des positions sur des marchés extérieurs réputés difficiles d’accès. D’où la nécessité impérieuse d’améliorer l’environnement économique et de placer l’entreprise créatrice de richesse au centre des préoccupations.
La Covid-19 n’est-elle pas aussi une opportunité pour rendre ses lettres de noblesse à la prospective et se préparer à ce genre de situation ?
A plusieurs reprises, la prospective a eu une place dans la composition gouvernementale, et, à chaque fois, c’est la remise en cause, de façon incompréhensible. Et, pourtant, l’économie algérienne doit s’inscrire dans une vision de long terme, à l’horizon 2040, comme cela se fait dans la plupart des pays. A cet égard, l’économie de la connaissance devient stratégique, car l’économie mondiale fonctionne aujourd’hui selon la logique de l’innovation technologique. De nombreuses activités liées à la digitalisation, à l’intelligence artificielle, à la sécurité informatique, aux objets connectés, à la robotique, au commerce électronique, aux énergies renouvelables, etc. nécessitent un savoir-faire que seule l’élite peut mettre en œuvre. Ensuite, avec la crise sanitaire engendrée par la Covid-19, nous avons été témoins de la nécessité d’avoir un système de santé de qualité, une industrie pharmaceutique étoffée et une sécurité alimentaire et énergétique devant aller avec l’évolution démographique du pays.
F. I.