
Un «plan Marshall» pour la Bourse d’Alger ? Une chose est sûre : si l’institution voit son ciel se dégager, le beau temps attendu n’est pas pour bientôt. De nouvelles capitalisations, quoique de taille moyenne, sont enregistrées. Et dans le cadre de l’accompagnement de la politique économique, le Bourse s’ouvre sur la finance islamique. Toutefois, c’est tout le marché financier qui devra parcourir un long chemin et fixer la barre très haute, notamment en ces temps de crise. Son développement, analyse Brahim Gana de l’université de Bejaia, «devrait être appréhendé dans un contexte isolé des recettes des hydrocarbures» et «la diversification économique et le développement du secteur privé sont des conditions préalables pour faire émerger un nouveau système financier». Dans cette optique, ce dernier soulève la nécessité de «l'intégration de l'économie réelle et l'initiative privée dans le circuit économique algérien qui permettraient probablement de générer un besoin de financement adéquat, sans faire appel au secteur des hydrocarbures». Par conséquent, les mécanismes d'ajustements entre offreur et demandeur de capitaux nécessiteront, selon l’universitaire, une «expansion des activités du marché financier pour garantir une gamme, suffisamment adaptée, de produits et satisfaire tout type de besoin financier». Lui emboitant le pas, Houssem Kenouche de l’Ecole nationale supérieure de statistiques et d’économie appliquée indique que le financement de l’économie par le marché financier «doit figurer parmi les jalons de cette orientation économique suscitant l’intérêt autant des entreprises publiques que des celles privées». De ce fait, la Bourse d’Alger fait partie des éléments d'une émergence économique visant à réaménager son écosystème dont le financement des acteurs économiques qui le composent notamment les entreprises publiques et privées. «La Bourse d’Alger est appelée à jouer un rôle fondamental dans ce nouveau modèle à travers sa capacité de déploiement et de mobilisation de l’épargne nationale servant à nourrir la croissance économique», explique
M. Kenouche. La place financière d’Alger, malgré les réformes engagées, est, à vrai dire, toujours au stade embryonnaire. Une situation pénalisante, notamment en cette conjoncture très difficile. Ainsi la Bourse, explique l’universitaire, «doit fournir plus d’effort afin d’augmenter l’offre et la demande des titres, encourager la bonne gestion et la bonne gouvernance des entreprises». De plus, elle doit assurer la «modernisation des infrastructures techniques, à savoir les systèmes d’information des IOB et de la Bourse», «l’enracinement des bases d’une culture boursière auprès des agents économiques, les incitations fiscales aux entreprises nouvellement introduites, l’augmentation du nombre d’entreprises locales en Algérie, en quantité et en qualité, afin d’améliorer la concentration et la performance de la place boursière».
Dans le même ordre d’idées,
M. Kenouche affirme que la politique de privatisation des entreprises publiques exerçant dans des secteurs phares tels que les banques publiques est «incontournable dans le processus de l’enrichissement de la cote de la Bourse d’Alger, l’amélioration de sa liquidité et de sa profondeur».
Fouad Irnatene